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Vénus Anadyomène

Commentaire de texte : Vénus Anadyomène. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  1 274 Mots (6 Pages)  •  1 367 Vues

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VÉNUS ANADYOMÈNE

Introduction :

Dans son sonnet intitulé « Vénus anadyomène » (1870 extrait du recueil des Cahiers de Douai), Rimbaud propose une vision très personnelle du motif mythologique de la Vénus, la déesse de l'amour. Succédant à une belle Vénus incarnant l’amour et la fécondité cette Vénus anadyomène a les traits d’une femme laide et malade.

Nous nous demanderons en quoi ce poème est une parodie dans laquelle Rimbaud cherche, par le jeu d'un langage nouveau (I), à conduire le lecteur aux marges d'une poésie nouvelle (II).

Nous allons d’abord nous intéresser comment Rimbaud réalise l’anti-portrait parodique de Vénus.

I. Une parodie

1. Le détournement du tableau vers la dérision

Le titre de ce sonnet, composé du nom propre « Vénus » et de l'adjectif savant, directement issu du grec, « anadyomène », qui signifie « qui sort de l'eau », semble annoncer un poème sérieux et à la gloire de cette Vénus. Le nom de vénus, déesse de l'amour, évoque féminité, beauté.

Dans ce titre, Rimbaud propose donc une reprise du motif de la naissance de Vénus, illustrée dès l'Antiquité par nombre de récits et de peinture (Apelle, Botticelli...).

L'attente du lecteur est déçue au premier vers du sonnet, puisque la Vénus est découverte sortant d'un « cercueil ». La traditionnelle conque de laquelle sort la Vénus est remplacée par Rimbaud par une « vieille baignoire » (vers 3) construite dans un matériel peu noble « vert en fer blanc » (vers 1), ce qui ne laisse pas atteindre au lecteur une Vénus aussi belle que prévue.

Le tableau que nous propose Rimbaud se présente donc d'emblée comme une parodie du motif original. De même, la femme présentée ici contraste avec la beauté de la Vénus. La femme est vieillissante (« déficits assez mal ravaudés » vers 4), les « cheveux bruns » s'opposent au blond vénitien souvent attribué à Vénus. Le reste du poème s'attache à dresser un portrait disgracieux de la Vénus.

Dans ce poème, Rimbaud dresse un blason c’est-à-dire un court poème célébrant une partie du corps féminin ou évoquant le corps entier. Toutefois, le portrait qu'il réalise ainsi est particulièrement dépréciatif, faisant ainsi de son poème un contre-blason.

Loin du blason idéalisant qui divinise la femme aimée, Rimbaud dévalorise et met en valeur les parties de son corps qui en montre la laideur

2. Un portrait dépréciatif

La Vénus est présentée comme une personne vieille : « cercueil » (vers 1), « déficits assez mal ravaudés » vers 4. L'expression « fortement pommadés » (vers 2) suggère des soins de beauté maladroits, incapables de lutter contre la laideur due à l'âge. De plus ce terme oppose le fard et l'artifice à la beauté naturelle, attribut de la déesse. L'allitération en [S] du vers 4 traduit l'amollissement de la chair.

L’expression « lente et bête » (vers 3) évoque une femme sans grâce. De plus, le terme « bête » peut également conférer une dimension animale à la femme.

La Vénus est également présentée comme une personne grasse :

« gras et gris » (vers 5) => allitération en [gr] qui souligne le caractère dépréciatif .

« graisse sous la peau » (vers 8).

« large croupe » (vers 14)

L'allitération en [S] du deuxième quatrain illustre par la sonorité le flétrissement de la Vénus : « Puis les rondeurs des reins semblent prendre l’essor/La graisse sous la peau paraît en feuilles plate »

Le terme « feuilles plates » (vers 8) semble indiquer que la Vénus n'a pas les formes d'une belle femme.

L’animalisation de la femme est aussi présentée avec les termes : « bête » vers 3, « échine » vers 9, « croupe » vers 13.

Le physique de cette femme n'est donc pas agréable, mais le goût et l'odorat sont aussi dépréciés : « le tout sent un goût / Horrible étrangement »

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