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Une vie, Maupassant, chapitre 1, commentaire

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Par   •  23 Janvier 2017  •  Commentaire de texte  •  1 757 Mots (8 Pages)  •  5 877 Vues

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Al Kindi                                                                         Mme GUEHAZ

1ère STMG

Une vie, Maupassant

Commentaire Chapitre 1

Introduction

        Après un incipit au cœur de l'action, le narrateur dresse un portrait sociologique et moral du père de l'hérïne. Le baron Jacques le Perthuis des Vauds apparaît comme un aristocrate libéral et généreux. Notre extrait commence à la dernière étape de ce portrait et se poursuit avec celui de Jeanne, avant de renouer avec l'action.

Ce passage fait partie de l'exposition romanesque. C'est principalement un texte descriptif à l'exception des deux dernières lignes qui font réapparaître le passé simple : temps narratif. Si Maupassant commence le roman par le double portrait du père et sa fille, c'est pour souligner leur relation privilégiée qui les unit, premier axe de lecture. Le deuxième axe porte sur les caractéristiques du portrait de Jeanne.

  1. Un père et sa fille.

        

        a. Un père Pygmalion[1]

        Le baron souhaite modeler l'âme de sa fille comme un sculpteur ou un orfèvre modèlent leur œuvre ? Ce désir de toute-puissance est souligné par l'emploi des pronoms personnels dans la phrase « il voulait qu'on la lui rendit chaste […]  pour la tremper lui-même dans une sorte de bain de poésie raisonnable, ouvrir son âme, dégourdir son ignorance » (l.2). Le baron désireux de diriger l'éducation de sa fille, est sujet de tous les verbes de la phrase, aussi bien les verbes conjugués que des infinitifs « tremper », « ouvrir », « dégourdir ». La métaphore quasi alchimique exprimée par le verbe « tremper » et le nom « bain » font ressortir l'analogie de l'âme de Jeanne avec une pâte qui serait malléable à volonté. En effet, en homme adepte de la philosophie des Lumière, le baron croit dans la possibilité de transformer l'homme par l'éducation.

        b. La confiance dans la nature

        

        Pour le baron, le couvent est une sorte d'antichambre aseptisée de la vie sociale. S'il choisit « sévèrement » d'y envoyer sa fille, c'est moins par conformisme religieux et social que par fidélité à sa philosophie naturelle. Il s'agit d'écarter Jeanne de la société. La première phrase utilise le procédé de redondance pour insister sur l'isolement physique et moral de la jeune fille « Il l'avait tenue là sévèrement enfermée, cloîtrée, ignorée et ignorante des choses humaine » (l.1). Son ignorance signifie non pas l'absence d'instruction ais la méconnaissance de la sexualité. Fidèle aux principes éducatifs défendus par Rousseau dans son ouvrage l’Émile[2], le baron pense que c'est en mettant sa fille en contact direct avec la vie végétale « au milieu de la terre fécondée » (l.5) et animale, celle « des tendresses simples des animaux » (l.6) qu'elle comprendra les lois de la procréation. Pour lui, la sexualité humaine s'inscrit dans le cycle naturel de la vie.

Prisonnier d'une conception idyllique de la nature, le baron voit également celle-ci comme un espace préservé de la corruption sociale : le champ lexical de l'innocence présent dans « naïf », « simple », « sereines » met en valeur l'utopie d'une nature entièrement pure et bonne ? La suite du roman montrera les limites d'une telle pédagogie, que l'expression connotée négativement « dans une sorte de bain de poésie raisonnable » (l.4) pointe déjà : la modalisation « une sorte de de » ainsi que l'oxymore « poésie raisonnable » (la poésie étant du principe de la sensibilité, elle est opposée à la raison) traduisent une critique implicite des idées du baron. Jeanne sera victime de cette confiance excessive dans la nature.

        c. Tendresse et simplicité

        

        Toutefois, le portrait du baron est plutôt attendrissant : c'est l'amour qu'il voue à sa fille unique qui le guide et la suite du roman prouve qu'il n'a pas totalement échoué dans son désir d'avoir une fille « heureuse, bonne, droite et tendre » comme il est dit quelques lignes avant notre extrait. Sa sévérité n'est que l'auxiliaire de sa bonté et la fin du texte montre Jeanne se jetant dans les bras d'un père qu'elle affectionne et dont elle se sent proche : « Elle courut à son père et l'embrassa, en l'étreignant » (l.29). La spontanéité du geste de même que la familiarité de l'interjection et de la question « Eh bien, partons-nous ? » (l.30) témoignent d'un climat relationnel chaleureux, éloigné de l'étiquette aristocratique qui bride l'expression des sentiments. D'autres scènes réuniront le baron et sa fille partageant la même liberté d'esprit et le goût de la nature.

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