Thérèse Raquin, Emile Zola, 1867
Commentaire de texte : Thérèse Raquin, Emile Zola, 1867. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Antonio Ruiw • 8 Novembre 2021 • Commentaire de texte • 3 365 Mots (14 Pages) • 741 Vues
D.A.E.U. « A » 2021-2022 Français / option « littérature » Thérèse Raquin, Emile Zola, 1867 |
Texte 4 (pp.109-110, lignes 306-349) : le crime |
- Ah ! non, tu me chatouilles, dit-il, pas de ces plaisanteries-là… Voyons, finis : tu vas me faire tomber. Laurent serra plus fort, donna une secousse. Camille se tourna et vit la figure effrayante de son ami, toute convulsionnée1. Il ne comprit pas ; une épouvante vague2le saisit. Il voulut crier, et sentit une main rude qui le serrait à la gorge. Avec l’instinct d’une bête qui se défend, il se dressa sur les genoux, se cramponnant au bord de la barque. Il lutta ainsi pendant quelques secondes. - Thérèse ! Thérèse ! appela-t-il d’une voix étouffée et sifflante. La jeune femme regardait, se tenant des deux mains à un banc du canot qui craquait et dansait sur la rivière. Elle ne pouvait fermer les yeux ; une effrayante contraction les tenait grands ouverts, fixés sur le spectacle horrible de la lutte. Elle était rigide, muette. - Thérèse ! Thérèse ! appela de nouveau le malheureux qui râlait. À ce dernier appel, Thérèse éclata en sanglots. Ses nerfs se détendaient. La crise qu’elle redoutait la jeta toute frémissante au fond de la barque. Elle y resta pliée, pâmée, morte. Laurent secouait toujours Camille, en le serrant d’une main à la gorge. Il finit par l’arracher de la barque à l’aide de son autre main. Il le tenait en l’air, ainsi qu’un enfant, au bout de ses bras vigoureux. Comme il penchait la tête, découvrant le cou, sa victime, folle de rage et d’épouvante, se tordit, avança les dents et les enfonça dans ce cou. Et lorsque le meurtrier, retenant un cri de souffrance, lança brusquement le commis à la rivière, les dents de celui-ci lui emportèrent un morceau de chair. Camille tomba en poussant un hurlement. Il revint deux ou trois fois sur l’eau, jetant des cris de plus en plus sourds. Laurent ne perdit pas une seconde. Il releva le collet de son paletot pour cacher sa bles sure. Puis, il saisit entre ses bras Thérèse évanouie, fit chavirer le canot d’un coup de pied, et se laissa tomber dans la Seine en tenant sa maîtresse. Il la soutint sur l’eau, appelant au secours d’une voix lamentable. |
1 Convulsionnée : tordue, comme agitée de convulsions.
2Indéfinissable, floue.
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D.A.E.U. « A » 2021-2022 Français / option « littérature » Thérèse Raquin, Emile Zola, 1867 |
Texte 4 (pp.109-110, lignes 306-349) : le crime |
I. Au brouillon : caractérisation du texte :
Qui ? | Quand ? | Quoi ? | De quoi parle cet extrait ? | Comment est-il orga nisé ? | Quel est le but de l’auteur ? |
L’auteur | L’époque ? Le mouve ment litté raire ? | Le genre ? L’emplacement de l’extrait dans l’œuvre ? | Le sujet de l’extrait ? Les thèmes ? | Les paragraphes ? La progression ? | Les enjeux : but du texte (ra conter, dénoncer, convaincre, persuader, faire réfléchir, diver tir …) ? |
Emile Zola | 2ème moitié du XIXè siècle Mouvement naturaliste | Roman Fin du chap. 11. A ce moment de l’intrigue, le lecteur a déjà assisté à la montée de la pas sion entre les amants : - premier baiser si lencieux et brutal. - première étreinte passionnée, fu rieuse et violente. DONC déjà l’an nonce d’une desti née tragique placée sous le signe de la maladie, la violence (et la mort). | Dans cet extrait : L’acmé (point dra matique culminant du début du roman) : le meurtre de Camille. | Organisation du pas sage qui mime les luttes physiques et in térieures des person nages : 1. Lutte croissante des trois personnages : fo cus sur Laurent, puis sur Camille + discours direct de Camille qui introduit Thérèse passive mais malgré tout liée au meurtre. 2. Lutte et défense de Camille qui n’échappe pas à une mort déshu manisante mais con damne les amants à la malédiction. 3. Réaction très prag matique de Laurent : sang-froid et rationalité du personnage qui dé guise son crime > glis sement vers un récit plus policier. | Si ce meurtre de Camille avait pour objet de libérer la passion des amants, il aura finalement l’effet exactement inverse. La description d’une scène de plus en plus violente, la déshu manisation de Camille et enfin la marque symbolique laissée par le moribond, annule définiti vement tout espoir d’amour et renforce au contraire la destinée tragique des amants. ➢ Le sort en est jeté ! Le lecteur n’a plus d’autres choix que d’attendre les autres morts inévitables ! |
II. Rédaction au propre :
1. Introduction :
a. Caractéristiques de l’auteur, du courant littéraire, de l’œuvre.
Thérèse Raquin est le troisième roman que l'écrivain français Émile Zola publie en 1867. Ne faisant pas partie du cycle des Rougon Macquart, c'est pourtant l'occasion pour l'auteur de mettre en œuvre ses principes naturalistes. Ce mouvement donne au roman une valeur expérimentale. En décrivant la réalité de manière très exacte, presque scientifique, l’auteur lie tempérament, hérédité et milieu social.
b. Situation de l'extrait
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