Significations et symbolismes de la Peste

Significations et symbolismes de la Peste

        Le sens profond de ce roman revêt plusieurs aspects et ses significations sont d'ordre historique, métaphysique et mythique. En effet, l'épidémie constitue une longue métaphore filée permettant à Camus de laisser s'exprimer ses conceptions philosophiques.

I- Signification historique

• Le fléau qui atteint Oran symbolise la guerre qui, de 1939 à 1945, a frappé la France et l'Europe. Le narrateur suggère ce rapprochement en écrivant : « Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres ». Cette situation chronologique indiquée à la 1ère ligne du roman précise cette référence, même si l'année exacte est laissé dans le flou.

• De nombreux passages évoquent de façon très claire l'Occupation, et surtout pour un lecteur de 1947 : L'usage du téléphone et du courrier deviennent presque impossibles en direction de la « zone libre », le couvre-feu est instauré. L'interdiction de sortir d'Oran évoque l'interdiction faite aux français occupés de franchir la ligne de démarcation sans laisser-passer (il y aura des évasions comme pdt la guerre.) Des mesures, sont prises pour limiter le ravitaillement, et il y a des restrictions d'essence. On assiste ainsi, comme pendant la France en guerre, à de longues files d'attente devant les boutiques d'alimentation. Ce rationnement invite quelques commerçants peu scrupuleux à offrir « à des prix fabuleux des denrées de première nécessité », pratique que l'on appelait « faire du marché noir » pendant la guerre.

• Le nazisme : Le roman évoque également les horreurs du nazisme en imaginant un «camp d'isolement » mis en place dans le le stade d'Oran. Camus fait référence à tous les « camps d'internement » organisés par les allemands (ex du Vel d'Hiv), « on eut l'idée d'isoler certains quartiers » écrit le narrateur = référence aux ghettos.

Lorsque le narrateur indique aussi que l'on achemine des cadavres vers « un four crématoire » = allusion aux fours crématoires des camps.

• A la fin du roman, Camus évoque de façon plus évidente la Libération et par moments et par moments ne transpose presque plus : il évoque « les mères, les époux et amants qui avaient perdu toute joie avec l'être maintenant égaré dans une fosse anonyme ou fondu dans un tas de cendres », un peu plus loin il parle de ce « peuple abasourdi dont tous les jours une partie, entassée dans la gueule d'un four, s'évaporait en fumées grasses » = Cette fois le propos concerne directement à la fois le sort des victimes des fours crématoires mis en place par les nazis et celui des victimes de la peste.

• Résistance et collaboration : « Le contenu évident de La Peste, écrit Camus, est la lutte de la résistance européenne contre le nazisme » (Lettre à Roland Barthes). La Résistance avaient lutté dans la clandestinité contre l'occupant allemand : les « formations sanitaires » de Tarrou, combattent en marge des autorités officielles contre le fléau. On remarquera que les « résistants » de la Peste, comme ceux de la guerre, voient leur nombre croître au cours du temps et leur recrutement se fait aussi bien parmi les athées (comme Tarrou) que parmi les chrétiens(comme Paneloux). La collaboration active, n'est pas vraiment présente dans le roman ; toutefois Cottard représente le profiteur, qui se réjouit de la présence du fléau. Il sera poursuivi dans le dernier chapitre, ce qui constitue un reflet de certains épisodes de l'épuration. (= période pdt laquelle les collaborateurs et les partisans du régime de Vichy furent pourchassés et punis).

II- Signification métaphysique

Au-delà de son sens historique, La Peste revêt également une signification métaphysique : Le roman met l'accent sur tout ce qui, dans le monde, est absurde. (le mot est employé une fois au début.)

...