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Molière / Le malade imaginaire DM

Fiche : Molière / Le malade imaginaire DM. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  7 Décembre 2021  •  Fiche  •  1 923 Mots (8 Pages)  •  545 Vues

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CORRECTION

MOLIERE, LE MALADE IMAGINAIRE, III, 3

PROBLEMATIQUES

1- Comment Molière discrédite-t-il / critique-t-il la médecine de son époque ?

2- En quoi l’extrait est-il une tribune pour Molière contre la médecine de son époque ?

Cette problématique prend en compte l’aspect théâtral avec le mot « tribune ».

3- En quoi l’extrait prend-il une dimension argumentative ?

Celle-là est un peu large et moins étroitement adapté à l’extrait.

DEVELOPPEMENT

Molière commence par discréditer Argan et sa croyance aveugle en la médecine. Tout d’abord Argan utilise des arguments irrationnels. Face à lui, Béralde est la seule personne susceptible de pouvoir le convaincre, ce qu’il va faire de manière plus rationnelle.

C’est Argan qui initie ce saisissant dialogue avec son frère.

C’est lui qui mène tout le long la conversation en posant des brèves questions interro-négatives à trois reprises : « Vous ne croyez donc point », « vous ne tenez pas », « Pourquoi ne voulez-vous pas, ». Le temps du présent des verbes cités est utilisé puisqu’il s’agit d’une proclamation de foi.

Argan tente ainsi de pousser son frère à adhérer à sa croyance en la médecine avec de surcroît des verbes appartenant à la liturgie : « croire », « tenir », « voulez-vous ». On entre ainsi dans le champ lexical de la religion : « révérée », « salut » « mystères » « véritable « chose établie », et « croire » qui est le plus explicite du point de vue du sens.

Argan utilise pour ce faire trois différents types d’arguments. Tout d’abord, l’argument de la majorité déclare que cette croyance partagée par tout le monde : opposition entre Béralde et les hommes : « vous ne tenez pas par tout le monde » avec l’adverbe de généralisation « tout ». L’argument ne tient pas : ce n’est pas parce que tout le mot fait quelque chose qu’il faut bêtement suivre. Ensuite vient l’argument du temps : la médecine existe depuis toujours : « et que tous les siècles ont révérée ? » Il s’agit d’une personnification du temps qui s’associe à la croyance de l’homme. C’est aussi un argument très contestable et faible : ce n’est pas parce que cela existe depuis la nuit des temps que cela devient vrai ou juste. Enfin, nous trouvons l’argument d’utilité : la médecine guérit : « qu’un homme en puisse guérir un autre ? ». Cela suppose une opposition entre le médecin et le commun des mortels.

Les réponses de Béralde se font sous le sceau de la confidence : « entre nous ». Il n’est pas anodin que ce soit Béralde, le frère d’Argan qui s’oppose à lui. C’est son frère donc bienveillance du frère et Argan peut être plus ouvert à l’argumentation de son frère car a priori positif même si l’opposition sur le sujet semble radicale. Si quelqu’un peut convaincre Argan, ce ne peut être que son frère

Par opposition à son frère, il se livre à une contredéclaration de foi d’une manière solennelle. Il utilise ainsi des phrases complexes, des tournures négatives avec le mode indicatif joint au subjonctif : « je ne vois pas que pour son salut, il soit nécessaire d’y croire. » Ses dénégations se font plus longues que les questions d’Argan.

À la croyance, il répond par des verbes empiriques liés à la vue : « les yeux » « à regarder les choses », « je ne vois point », « je ne vois rien ». Voir renvoie à l’observation plus objective que toute croyance.

Molière poursuit sa dénonciation par celle des médecins eux-mêmes.

A l’admiration béate d’Argan devant ces derniers, Béralde les présentent comme des charlatans avec ironie

C’est encore Argan qui mène la discussion avec une question interro-négative « Les médecins ne savent donc rien » qui se transforment en question positive, « faut-il demeurer d’accord ».

C’est Béralde qui administre une longue leçon à son frère en recourant par la voie du présent à des considérations générales,

« Ils savent », répétées trois fois pour montrer l’inanité de leur champ de compétence : « Ils savent la plupart de fort belles humanités ; savent parler en beau latin, savent nommer en grec … c’est ce qu’ils ne savent point du tout. » Les oppositions corroborent la satire médicale « savent « « ne savent point », opposition entre le latin/grec, « des mots pour des raisons, et des promesses pour des effets. »

La fonction de nommer impressionne Argan, comme on le voit avec l’emploi du comparatif de supériorité, « les médecins en savent plus que les autres » et l’adverbe « toujours ». Sa maladie imaginaire entre bien dans le champ de cette recherche de définition puisqu’au fond elle n’a pas d’autre symptôme que son propre aveuglement du monde.

L’ironie est patente lorsque Béralde oppose le fait de savoir et de guérir puisque l’un ne sert pas à l’autre. Pour cela, il emploie deux antiphrases « de fort belles humanités », « toute l’excellence de leur art », inutiles pour la médecine et même qui s’apparentent par la redondance à du « galimatias » ou « spécieux babil ». Les médecins se bornent finalement à nommer les maladies plus qu’à les guérir. Et même dans ces opérations purement lexicales, on note leur charlatanisme avec l’opposition entre « définir » « diviser ».

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