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Moi, Jean Gabin, Goliarda Sapienza.

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Par   •  30 Août 2021  •  Fiche  •  1 238 Mots (5 Pages)  •  367 Vues

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Moi, Jean Gabin, Goliarda Sapienza.

Soi-même comme un autre.

Il s'agit d'un récit autobiographique. On voit une équivalence dans le récit entre le nom  de l'auteur et le prénom de l'héroïne et les informations biographiques connues de l'auteur. Mais il existe des distorsions entre la chronologie réelle et celle qui prévaut dans le récit. Il s'agit bien d'un travail de création littéraire et l'être qu'elle crée, est donc aussi une forme de personnage.

Faire resurgir l'enfant.

        Après le 1° chapitre, c'est bien la voix d'une autre qu'on entend, celle de petite Goliarda enfant. On remarque d'ailleurs que la traduction est au présent.

        Il y a donc l'auteur adulte qui pose un regard sur elle enfant, dans la distance propre à l'autobiographie.  (P. 17 , l'auteur parle d'elle-même enfant à la troisième personne).

        Mais cette distance se crée aussi dans l'enfant même, par exemple quand elle se parle à elle-même enfant : «  Est-il possible, Iuzza... ».

        On verra aussi que ce qui permet de prendre de la distance, par rapport au monde et à soi-même, c'est le personnage de J. Gabin.

 

Soi et l'autre.

        À un niveau biographique, qui est évoqué dans ce récit, Goliarda sait la présence de l'autre « dans » soi-même : elle  a hérité son  prénom d’un demi-frère, Goliardo, tué par les fascistes en 1921, et d’une première Goliarda morte peu après sa naissance cette même année. Mais connaître et  accepter la réalité de la mort, à travers ses autres décédés, permet de mieux savourer les joies de la vie.

        Le récit-même s'inscrit aussi dans le parcours soi-même comme un autre puisque  la petite fille qui se rêve Jean Gabin à différents niveaux :

  • dans le corps (démarche) + c'est un homme jeune, elle est une petite fille (différence de genre et d'âge). Ce jeu avec le genre se voit aussi par le fait qu'elle se compare à Ulysse ou à un guerrier (qu'elle ne peut et ne veut pas être). Elle est  d'ailleurs qualifiée avec mépris de garçon manqué par ses voisins → soi-même comme un autre car ne répond pas aux codes attendus , ce qui est  forme de liberté (monde conformiste – fasciste)
  • dans  les rêveries : l’enfant évoque la « femme de sa vie, éthérée », (cliché cinématographique (P. 10).
  • dans les valeurs : forme d’héroïsme, de bonté, d'esprit protecteur,de rébellion. (cf. écho entre la 1° partie et le reste du récit qui montre l'adéquation).

         Mais elle se prend pour un Jean Gabin de fiction, elle se prend pour le type de personnages joué par l'acteur . Ces différents personnages ne sont pas J. Gabin ! (elle se prend pour un autre (J. Gabin) ... qui joue un autre ou plusieurs autres (ses personnages dans les films)

        Elle mélange aussi réalité et fiction → elle regarde sa vie, ses actions, comme si elle vivait un film de J. Gabin, ce qui témoigne de son imagination enfantine  par exemple elle s'évoque « morte mais on renaissait à d'autres aventures ».

Goliarda et son monde d'alors.

        Soi-même et l'autre c'est aussi le rapport avec ses proches :

  • sa mère qui lui propose une solution pour réparer sa faute envers Concetta (P. 22/23) ( le principe éducatif, moralité, justice, en adéquation avec le Jean Gabin idéal) ;
  • ses frères et sœurs :- la proximité avec sa sœur Licia (même front bombé qu'elle admire, P. 23) .Elle essaye aussi d'Imiter la moue de son frère Ivanoé, sans succès car elle  dit avoir hérité de la moue moins aristocratique de ses ancêtres cordonniers → c'est une ascendance populaire qu'elle reconnaît.
  • Elle reprend beaucoup de principes éducatifs, anti-fascistes, socialistes,  de son père, du professeur Jsaya et prend à son compte certaines de leurs formules (ex. pp. 29- 30, jugement sur les Bruno, ses voisins.)

        → on voit comment l'autre (ici la famille) instille des traits, des principes moraux, éducatifs dans Goliarda.

Mais le détour par Jean Gabin permet aussi de mieux mesurer son rapport aux autres comme :

  • sa famille : - Elle rapproche aussi le personnage héroïque de Jean Gabin de son oncle Alessandro qui a tué cinq fasciste. Mais elle perçoit aussi des différences puisqu'elle estime que le personnage de Jean Gabin est incapable de tuer... Cela lui permet de jauger de ses propres valeurs – refuser la violence.
  • son voisinage détesté, notamment par ses compromissions avec le fascisme. cf.

voir. : «  Mais quante est-ce qu’y dorment chez toi, jamais ? »
– Les gens actifs, plein de vie, sveltes et vifs, bref en un mot, antifascistes, dorment peu et ne s’ennuient jamais. »
        Avec cette réponse je laissais bouche bée petits et grands conformistes de l’immeuble de la via Pistone et si quelqu’un de plus hardi osait répliquer, alors la lame de ma canne-épée verbale sortait de son fourreau de bois pour un coup de griffe :
        « Nous ne vivons pas d’une rente bourgeoise, nous ! et nous ne permettons pas que le Duce ou un saint quelconque s’occupe de nous. Essaie de vivre libre, toi, et tu verras le temps qu’il te reste pour dormir. »

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