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« Ma Morte-vivante » de Paul Eluard

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Par   •  2 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  1 367 Mots (6 Pages)  •  8 180 Vues

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Lecture analytique « Ma Morte-vivante » de Paul Eluard : éléments de réponse.

INTRODUCTION

Paul Eluard / Poème « Ma Morte-vivante » / 1947 / surréalisme ( littérature de l’inconscient / thèmes : femme aimée et rêve) / Eluard poète engagé (Résistance Seconde Guerre mondiale)/ a perdu sa seconde femme Nusch en novembre 1946 ( Nusch est l'égérie de nombreux surréalistes, elle est emportée par une attaque cérébrale).

Ce poème en vers libre fait partie du recueil Le Temps déborde. Eluard exprime sa peine d'avoir perdu la femme qu'il aime.

Lecture du poème

Problématique : De quelle manière Eluard exprime t-il ses sentiments face à la mort d'un être cher ?

Plan : I) la douleur de la séparation II) Un amour fou éternellement présent.

DÉVELOPPEMENT

I) La douleur de la séparation

    Ma morte-vivante est un poème aux registres élégiaque (nostalgie et perte d'un être cher) et pathétique ( qui provoque pitié et tristesse chez le lecteur) Eluard exprime avant tout sa douleur par le néant et la séparation des corps.

A) Le néant de la disparition

      La séparation de l'être aimé crée un vide chez le poète

  • le temps se fige autour de lui. Dans la première strophe « le chagrin » crée une inertie autour de lui et en lui.  Autour de lui : « rien n'est en mouvement » (v.1) « Personne ne viendra » (v.2). « Rien » et « personne » sujet des verbes d'action annulent tout mouvement. Quant au poète, lui aussi ne bouge pas. D'où le verbe d'état : « j'attends » (v.2)

Le temps, lui même, semble figé : la construction parallèle du vers 3 et l'antithèse « jour » / « nuit » semble placer le poète hors du temps, dans un néant temporel.

  • Le poème est ponctué par de nombreuses négations qui soulignent la perte : les anaphores en « ni » (v.3 et 4). les constructions en « ne … plus » dans la seconde strophe (v.13 et 14) illustrent le caractère irrévocable de cette séparation. Dans le vers 4 trois négations successives s’enchaînent et insistent sur cet impossible retour en arrière « Plus jamais plus »

  • La sensation de vide s’accentue dans la troisième strophe, les vers sont de plus en plus courts

B) La séparation des corps.

       Pour montrer son chagrin Eluard utilise de nombreuses images. Le philosophe Platon expliquait dans Le Banquet que le sentiment amoureux se manifeste quand sont réunies deux personnes qui constituaient jadis un seul être. On retrouve cette idée dans notre poème. C'est cette séparation des deux êtres qui crée la douleur.

  • La seconde strophe enchaîne quatre images parallèles pour montrer cette séparation douloureuse des corps. Le poète personnifie quatre parties de son corps « les yeux » (v.5 à 6) « la bouche » (v.7 à 9) « les mains » (v. 10 à 11) et les « pieds » (v.12 à 14). Les vers 5 7 10 et 12 sont construits de manière identique et répétitive : SUJET ( partie du corps appartenant au poète d'où les pronom personnel « mes » ou « ma ») puis toujours le même VERBE sous forme pronominale passif ( « s'est séparé » ) et enfin le COMPLÉMENT D'OBJET INDIRECT (qui reprend la même partie du corps mais cette fois appartenant à la femme aimée d'où les pronoms personnels « tes » ou « ta ». En plaçant les deux partie du corps en début et fin de vers et le verbe séparer au centre du vers, le poète crée une rupture définitive entre les deux corps.

  • Non seulement, il s'agit de personnifications mais surtout de métonymies (une partie pour un tout) chaque perte d'une partie de son corps a une conséquence directe sur le poète. En réalité lorsqu'il dit que « ses yeux perdent leur confiance et leur lumière », il faut comprendre que c'est Eluard tout entier qui a perdu confiance et que la lumière qu'il a perdu c'est Nusch, la femme qu'il aime, son inspiratrice.
  • Le dernier vers : « j’étais si près de toi que j’ai froid près des autres » porte un message fort et marque la séparation totale grâce à une construction parallèle. La première partie du vers rappelle la fusion des deux corps : le « je » « près » du « toi » . La seconde partie du vers rappelle que le poète est seul « je » solitaire avec « les autres »

II) Un amour fou et éternel.

    Comme le rappelle le titre du poème qui est un oxymore « ma morte vivante ». Nusch est à la fois morte et cause un terrible chagrin au poète mais elle est à la fois vivante dans son souvenir et restera à jamais dans son cœur.

A) Un amour intemporel

    La mort de l’être cher provoque une distorsion du temps chez le poète : il n’y a plus de présent ni de futur, le poète ressasse le souvenir d’un passé proche où il était heureux avec sa compagne. Étudions les temps :

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