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Les fables de la Fontaine

Dissertation : Les fables de la Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Mars 2021  •  Dissertation  •  2 774 Mots (12 Pages)  •  420 Vues

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CHAZALON Léna

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 « Le monde de la Fable est l’analogon du nôtre, mais rendu plus lisible par la cristallisation des phénomènes en des figures allégoriques à la fois complexes et si semblables à l’homme, et surtout rendu plus euphorique par l’euphémisation d’une réalité souvent amère ou trop cynique. »

        

        « L’apologie est composée de deux parties ; dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable, l’âme la moralité. » écrit La Fontaine dans la Préface de son recueil des Fables. C’est avec ces quelques mots que l’auteur synthétise l’histoire du genre de la fable, tout en soulignant la soumission du récit à la morale. Dans l’Art Poétique Horace définit la poésie par les termes « placere » et « docere », donc comme étant une source de plaisir et d’instruction. La Fontaine se déclarant véritable héritier d’Horace, il récrira par la suite plusieurs de ses poèmes en les adaptant en fables. Sans oublier l’objectif premier : divertir le lecteur, lui donner des sensations de plaisir et de légèreté tout en le politisant. Par ce procédé La Fontaine ouvre tout un champ des possibles pour le lecteur. Ce dernier accède a des textes très rythmés, d’apparence simples, s’apparentant à des contes pour enfants. Bien que les personnages soient pour la plupart des animaux, le lecteur peut s’y identifier puisque l’anthropomorphisme est le moteur même du recueil. Les intrigues mises en place ont pour but de faire ressortir le coté universel de l’être humain, dès les premiers vers le lecteur comprend parfaitement quel personnage représente le vice de l’homme et celui qui brille de sa vertu. En somme la fable apparaît presque comme un monde manichéen, mais auquel il est très simple de se rattacher. Et c’est ainsi qu’agit le tour de force de La Fontaine : celui de diffuser ses morales et d’instruire le plus grand monde, tout en évitant la censure. En effet les personnages se teintent souvent des caractéristiques des partisans de la cour royale, les situations gravitent autour d’un enjeu politique qui n’est pas sans rappeler ceux du 17ème siècle. La fable repose sur le postulat d’une correspondance symbolique entre le macrocosme et le microcosme qu’est l’homme, elle s’apparente à la parabole et présente la création comme une vaste métaphore du monde morale. La fable se conclue par le déchiffrement volontairement explicite de son sens moral, qui s’adresse au premier abord aux enfants et qui fait appel à la sagesse des nations. D’où sa double articulation : une connotation fictive (allégorie animalière) liée à une dénotation éthique (leçon de sagesse humaine) exprimées chacune dans une partie du texte, récit pour l’une, moralité pour l’autre. C’est pourquoi Emmanuel Bury décrit le monde complexe et emprunt de maturité de la fable comme étant « l’analogon du notre, mais rendu plus lisible par la cristallisation des phénomènes en des figures allégoriques à la fois complexes et si semblables à l’homme, et surtout rendu plus euphorique par l’euphémisation d’une réalité souvent amère ou trop cynique ». Afin d’étudier de plus près les Livres VII à XI des Fables, nous verrons en quoi l’œuvre de La Fontaine apparaît comme une satire de l’humanité, dépassant le cadre du XVIIème siècle et se plaçant aux antipodes d’un pamphlet politique sur les misères de son époque. Nous analyserons dans un premier temps le choix de l’auteur d’utiliser le genre ancien de l’apologue, puis nous étudierons la grande variété entretenue dans les Fables , pour finalement s’intéresser à la maturité dont fait preuve ce second recueil de La Fontaine.

        Le genre de la fable est intimement lié à celui de l’apologue, qui est un récit narratif démonstratif  ayant comme principal objectif l’argumentation, duquel on extrait généralement une morale. La fable s’apparente donc à un apologue, sous forme de récit allégorique au terme duquel se trouve une moralité. Pour autant, la fable forme un tout littéraire autonome et unique. En se tournant vers ce genre ancien mêlant à la fois des inspirations orientales et antiques, La Fontaine se présente comme le nouvel Esope français.

Le premier recueil de La Fontaine est précédé de la « Vie d’Esope le Phrygien », auteur grec du VI ème siècle avant Jésus Christ à qui on attribue la création du genre de la fable. Au XVII siècle, à l’époque de La Fontaine, on ne parle plus de fables mais davantage de « texte ésopique », en hommage à son fondateur. Le fabuliste est donc fortement inspiré par ses prédécesseurs tels qu’Esope et Phèdre, à qui l’on doit un inestimable héritage. C’est en suivant leur modèle tout en apportant sa propre touche que La Fontaine écrit ses fables. A partir du second recueil, du Livre VII, les fables témoignent de nouvelles influences. Il s’est autant inspiré de la Grèce antique que des cultures de l’autre coté du globe, celles du monde orientale. Le fabuliste est émerveillé par un recueil de fables animalistes indienne dite Kalila wa Dimna. Ce texte est absolument novateur, à tel point qu’il sera ensuite traduit en arabe dans tout l’Orient et l’Occident. Cet ouvrage est destiné à l’éducation morale des princes, et met en scène des animaux ressemblant étrangement à des hommes dans leur manière de réfléchir et d’agir. Dans « l’Avertissement » du second recueil , La Fontaine rend hommage à cette inspiration : « Seulement je dirai, par reconnaissance, que j’en dois la plus grande partie à Piplay, sage indien. Son livre a été traduit dans toutes les langues. » C’est pourquoi dans ce même passage, il prévient le lecteur qu’il va trouver à ces nouvelles fables « un air et un tour un peu différent de celui qu’il a donné aux premières », dans la mesure où il a cherché « d’autres enrichissements ». Cette influence orientale se ressent particulièrement dans une vingtaine de fables comprenant notamment « La Tortue et les deux canards », « La Laitière et le pot au lait », « La Souris métamorphosée en filles », « Les Poissons et le cormoran ». Durant ces quelques strophes le lecteur est véritablement plongé dans les paysages orientaux, « et c’est ainsi que nourri d’un livre parti d’Inde depuis plusieurs siècles, La Fontaine renouvelle l’art de la fable jusque-là cantonnée à la tradition ésopique. ».[1]

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