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Les Fleurs Du Mal : une autobiographie poétique ?

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Par   •  21 Octobre 2018  •  Fiche  •  3 449 Mots (14 Pages)  •  4 904 Vues

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Les Fleurs Du Mal : une autobiographie poétique ?

Recueil écrit en une période tournée vers le lyrisme et influencé par l'émergence du Romantisme qui voit arriver l'idée d'un Sujet Lyrique. La Poésie, en ce milieu de 19ème siècle, se voit essentiellement définie par l'expression des sentiments et du vécu du Sujet Lyrique, celui qu'on retrouve sous le pronom « je ».

Ce qui est fondateur dans cette conception de la poésie : Les Méditations Poétiques , Lamartine

(Édition remaniée en 1849 → proche de la publication des Fleurs Du Mal)

« Si vis me flere dolendum est

Primum ipsi tibi !... » Horace => Si tu veux que je pleure, tu dois d'abord toi même ressentir la douleur.

(Extraits de la préface des Méditations Poétiques de Lamartine) → voir texte.

« Il ne me manquait que la voix » → la voix de la poésie est la voix de l'intime.

→ La poésie lyrique devient elle-même en s'intériorisant grandement

« Je m'exprimais moi-même pour moi-même » → La poésie lyrique ne reflète plus le monde sensible mais fait du poète cet être privilégié capable 'allier musicalité et intériorité.

→ Importance des termes « voix » et « chant ».

« Le public entendit une âme sans la voir et vit un homme au lieu d'un livre» → idée que la poésie lyrique est profondément ancrée à l'intérieur du poète.

Cette voix excède-t-elle la simple suggestion d'un sujet empirique que l'on pourrait alors biographiquement retracer ?

Les Fleurs Du Mal peuvent être lues à la lumière de cette interrogation :

Quelle est la voix qui se laisse entendre dans les fleurs du mal ?

Quel est le fond autobiographique de ce recueil ?

Y a-t-il accord ou authentique protestation avec la thèse de Lamartine ?

I / - Les Hésitations de Baudelaire

(Texte de critique littéraire par Baudelaire paru en 1851, rendant compte de la nouvelle publication de Chants et Chansons de Pierre Dupont) → voir texte.

Hétérodoxie : ce qui est contraire à la norme de pensée.

Prosodie : tout ce qui est en rapport avec la musicalité.

Philhéllénisme : amour du monde grec.

Navarin : représentant de l'école de « L'Art pour l'Art »

Baudelaire se livre ici à une sévère dénonciation de la conception que «L'art pour l'Art» déployait vis à vis de la poésie : la poésie doit se refuser à une quelconque confidence → dogme de l'impersonnalité, la poésie n'a rien à faire avec l'expression de la passion.

Baudelaire annonce sa préférence pour le lyrisme et se positionne du côté de l'héritage de Lamartine, clamant que la littérature n'est rien sans la morale et la passion.

→ Baudelaire a donc, dans un premier temps, conçu sa poésie comme nécessairement du côté de l'intime.

La poésie est la plainte d'une individualité maladive.

Il rejette «l'Art pour l'Art» car il trouve cette école trop rigide et académique : ils ont atteint la virtuosité technique et donc vécu leur heure de gloire mais, selon Baudelaire, ont manqué au but ultime de la poésie.

Après le procès de 1857, Baudelaire va dédier son œuvre remaniée à Théophile Gautier, grand représentant de «L'Art pour l'Art», se disant dans la recherche de «l'impersonnalité» volontaire dans ses poésies.

→ Un positionnement très délicat de Baudelaire vis à vis de la littérature du Moi.

On peut néanmoins voir les Fleurs Du Mal comme l'épanchement d'un homme livrant ses affects, tout du moins dans sa première version.

Les Fleurs Du Mal ont longtemps été lues comme un journal de la vie sentimentale de son auteur, notamment par rapport aux figures féminines présentes et à l'expression d'un «je» amoureux qui n'est autre que Baudelaire dans «Spleen et Idéal», révérant sa muse Jeanne Duval.

→ Il y a un cycle «Jeanne Duval» dans Spleen et Idéal se éployant à partir du poème XXII (22)

Cycle de la sensualité commençant par «Parfum Exotique» et s'achevant par «Celle qui est trop gaie».

Cycle interrompu par le cycle Mme Sabatier (Appollonie) → La femme ange, avec qui ne sera possible qu'une liaison platonique.

Cycle qui s'ouvre au poème 40 «Réversibilité» et s'achève sur le poème 49 « Le Poison »

Nouveau cycle: Marie Daubrun → difficile à délimiter mais une femme inspiratrice de grands poèmes comme «l'Invitation au Voyage» ou «Chants d'Automne » («J'aime de vos longs yeux la lueur verdâtre»)

La lecture en cycles féminins est totalement réductrice et fait bon marché de « l'architecture secrète» des Fleurs Du Mal. Elle peut avoir ses intérêts mais ne saurait rendre compte du projet Baudelairien dans son entièreté.

II / - La modernité Baudelairienne: contestation du lyrisme subjectif

(Préface des Contemplations d'Hugo) → Voir texte.

Nouvelle thèse du lyrisme: si l'expérience évoquée dans la poésie lyrique est personnelle, elle est également celle du lecteur.

→ Une expression du «je» référant au commun des mortels et non plus au poète individuel

Les Fleurs Du Mal s'inscrivent dans cette optique de destinée commune au genre humain, on le voit notamment par les poèmes « au lecteur » de Baudelaire, invitant ses semblables à partager avec lui, ouvrant et fermant son recueil comme un écrin.

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