Les Aventures de Télémaque, livre VII, Fénelon
Commentaire de texte : Les Aventures de Télémaque, livre VII, Fénelon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eva_stgn • 26 Février 2021 • Commentaire de texte • 1 392 Mots (6 Pages) • 1 446 Vues
Saint-Germain Eva 1G2
Commentaire de texte
Fénelon, homme d’église, précepteur et écrivain, écrit à la fin du XVIIe siècle « Les Aventures de Télémaque », roman philosophique (littérature d’idées), pseudo-historique (imitation de l’Odyssée d’Homère) et utopique (construction imaginaire d’une société idéale) publié à son insu. Nous nous trouvons dans une époque proche du siècle des lumières, c’est donc un avant-gardiste de la critique de la société. Comme Jean de La Fontaine avec ses Fables et Voltaire avec son conte philosophique « Candide », il s’agit d’un apologue (texte argumentatif qui consiste à exprimer une idée sous la forme d’un récit de fiction). L’ouvrage sera considéré, à cette époque, comme une critique de la politique de Louis XIV.
Dans cet extrait tiré du septième livre, Adoam (nom ressemblant très fortement au premier Homme selon la bible, « Adam », chassé de l’Éden) dépeint aux voyageurs, Télémaque et son précepteur Mentor, un pays extraordinaire, La Bétique. Nous analyserons comment Fénelon, pédagogue accompli, fidèle au principe PLACERE, DOCERE (plaire pour instruire en latin) développe une argumentation didactique qui se joint au plaisir du récit imagé. Dans un premier temps nous examinerons ce paradis antique, en poursuivant avec un mode de vie en accord avec celui-ci et pour finir une critique indirecte de la société de son temps.
Au début du texte, le lecteur est invité à visiter une Terre merveilleuse, située aux limites des Terres connues « assez près des Colonnes d’Hercule » (l.2), nom des montagnes bordant le détroit de Gibraltar, et « la terre de Tharsis » (l.4), nom donné à l’actuelle Péninsule Ibérique, nous indiquent que ce lieu se trouve dans l’actuelle Andalousie (Sud de l’Espagne). Les conditions climatiques de la Bétique soulignent la bonté d’y vivre, « Les hivers y sont tièdes » (l.5) alors que « L’ardeur de l’été y est toujours tempérée » (l.5-6). Ce sont les vents qui expliquent l’absence de saisons, les « aquilons », vents du Nord, « n’y soufflent jamais », tandis que les « zéphyrs », vents d’Ouest, doux tièdes et agréables, accorde une fraîcheur au point que « toute l’année n’est qu’un heureux hymen du printemps et de l’automne, qui semblent se donner la main » (l.7-8). Cette métaphore fixe un peu plus la géographie dans un environnement antique. La richesse de la nature méditerranéenne, composée de « lauriers, de grenadiers, de jasmins et d’autres arbres toujours verts et toujours fleuris » (l.9-10), gradation prouvant la grande beauté d’un pays resplendissant et l’harmonie entre les Hommes et la nature. Le climat constant, la situation géographique et la biodiversité permettent aux sols de produire à flots « chaque année une double moisson » (l.9) et les montagnes qui sont « couvertes de troupeaux, qui fournissent des laines fines recherchées de toutes les nations connues » (l.11-12) assurent l’approvisionnement autant que nécessaire aux besoins de la population en vivres et en vêtements. Image plaisante et attirante de la Bétique. Les champs lexicaux de la tranquillité, « doux », « serein », « tempéré », et du bonheur, « fertile », « heureux », « unis », renforcent l’idée que la Bétique est un endroit où il fait bon vivre. L’extrait commence donc par une leçon de géographie assez réaliste pour finalement évoluer vers un aspect allégorique.
De cette sérénité résulte un mode de vie d’une simplicité digne de l’âge d’or.
Ce peuple présente des qualités morales exceptionnelles. La monnaie n’existe pas, tout se fait au troc. L’auteur pour marquer les esprits a recours à une grande exagération, une hyperbole, qui reste cependant peu crédible « l’or et l’argent parmi eux employés aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs de charrue » (l.16-17). Les habitants ne sont pas intéressées par l’or ou l’argent , désirant seulement à mener une vie « simple et frugale » (l.22). C’est justement cette décence qui apporte la prospérité de ce peuple, « mais les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l’or et l’argent parmi leurs richesses » (l.13-14), grâce à cette vie modeste qu’ils mènent, les habitants restent heureux. L’or et l’argent n’ont aucune valeur pour cette civilisation, la véritable richesse demeurant dans la production, nécessaire pour vivre ensemble, amenant au bonheur collectif. Fénelon nous présente ainsi un pays d’une grande beauté, idyllique, où les habitants s’épanouissent dans la simplicité.
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