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Lecture Analytiques : Voltaire – Candide (Chap 17-18), « L’Eldorado »

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Par   •  23 Mai 2018  •  Commentaire de texte  •  1 950 Mots (8 Pages)  •  5 024 Vues

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Lecture Analytiques n°4 : Voltaire – Candide

Candide

Candide est un conte philosophique où Voltaire décrit le voyage initiatique du jeune Candide qui le mènera au travers de nombreuses épreuves du bonheur perdu du château du baron de Thunder-ten-tronckh, au bonheur retrouvé dans son jardin à cultiver. Au cours de ses aventures, Candide va se retrouver dans le « pays où tout va bien », véritable utopie dont la fonction sera comme d’habitude de permettre à Candide de jeter un regard critique sur la société européenne du 18ème siècle. Cependant, Voltaire ne fait pas de cette utopie l’aboutissement du parcours de Candide. Donc Candide doit apprendre à trouver dans le monde réel, et non pas dans l’imaginaire, le chemin du bonheur.

Composition chapitre 17

1ère partie (l.1 à 15) : découverte du « pays où tout va bien » par Candide qui reste pure spectateur.

2ème partie (l.16 à 29) : prise de conscience de Candide au travers de l’exemple de l’argent, qu’il est bien dans un pays idéal.

  1. Première partie

Lignes 1 à 3 :

La première phrase place immédiatement le lecteur dans le processus de la découverte (« ils approchèrent »), propre à tous les récits de voyageurs qui vont être confrontés à une utopie. Cependant, la comparaison hyperbolique (« maison » = « palais »), nous transporte non pas dans un autre monde (« Europe ») mais dans une autre dimension, qui instaure un décalage entre le monde réel et l’utopie. Voltaire va développer tout au long de son texte le procédé d’hyperbole (« une foule de monde s’empressait ») pour traduire l’autre dimension.

La découverte progressive met en action tous les sens : la vue, l’odorat, l’ouï. Les personnages s’effacent au profil de la perception (« formes pronominales », « se faisait entendre », « se faisait sentir ») et la description continue dans l’hyperbole et le superlatif (« très agréable », « délicieuses ») que l’on aura tout au long du texte.

Lignes 3 à 12 :

A la ligne 3, le récit ce centre sur Cacambo qui, comme son nom l’indique et comme aussi sa fonction indique (« interprète ») va servir de truchement et de passeurs pour Candide entre la réalité sordide qui a été celle de toutes ses aventures jusque-là et le monde magnifique de l’Eldorado. Cacambo, qui lui n’a pas le sentiment d’être dans une utopie, introduit donc Candide dans un « cabaret », donc dans un lieu où Candide ne peut s’attendre à rien d’exceptionnel. Le terme péjoratif « cabaret » est immédiatement démentie par la phrase suivante, qui insiste sur un luxe exceptionnel (« drap d’or »), sur une parité des genres (« deux garçons, deux filles »), inhabituel dans un cabaret et sur une délicatesse d’attention (« table de l’hôte »), qui transforme bien le minables cabaret un hôtel de luxe (« hôtellerie »). La longue énumération des mets, se fait en fonction du regard de Candide qui tantôt peut définir ce qu’on lui sert tantôt demeure indécis et voit qu’une forme (« contour »). L’hyperbole est tant au niveau de la qualité que de quantité des mets et de la beauté de leur présentation. Le paragraphe se termine sur une note d’exotisme, très présente dans la France du 18ème siècle, la canne à sucre qui sert à produire le rhum. Le héros va évidemment entrer dans un état d’euphorie qui lui permettra de mieux s’approprier l’utopie.

Lignes 13 à 15 :

A ce paragraphe de transition, nous fait passer des aliments aux clients de l’ « auberge », dont la fonction correspond bien a priori au niveau d’un « cabaret » (« marchand », « voiturier »). Comme pour la description des mets, l’humilité des convives est démentie par l’excellence de leur manière (« politesse extrême », « discrétion la plus circonspect d’une manière à la satisfaire »). Ces personnes très simples ont des manières, une éducation qui correspondrait à la noblesse, dans le monde de Candide mais que n’avait même pas le baron de Thunder-ten-tronckh, nous sommes donc dans un décalage permanent de dimensions et d’échelles.

  1. Seconde partie

Lignes 16 à 24 :

Le récit passe à une autre étape avec la subordonné conjonctivite de temps (« Quand le repas fini ») et introduit avec le verbe « crut » l’ultime erreur de Cacambo et Candide qui pense devoir payer, alors que les pièces d’or n’ont pas d’autres valeurs que des cailloux (« ramassées »), les autres vont perdre leur distinction et vont éclater d’un rire aussi grand que l’ai la méprise Candide.

Alors que Cacambo et Candide n’ont toujours pas compris là où ils sont, les habitants de de l’Eldorado, dans un jeu de regards réciproques, qui rappelle Cyrano de Bergerac, perçoivent immédiatement toute l’altérité de Cacambo et Candide. Là où on attend une explication, on a simplement un paradoxe que posent les mots « paiement » et « cailloux ». Sans effacer toute notion de moyens de paiement (« la monnaie du pays »), Voltaire passe à une utopie, que l’on retrouve dans beaucoup d’autre depuis Thomas More au 16ème siècle, Fénelon au 17ème siècle, celle d’un Etat salutaire capable de pourvoir aux besoins de chacun.

A la fin de l’explication un style direct, on a un retour à la différence d’échelle entre le monde réel et l’utopie que l’on avait dans les deux paragraphes précédents : le somptueux repas du premier paragraphe est qualifié part antiphrase de « mauvaise chère », et la villa où les maisons sont comme des palais européens est un « pauvre village ».

Lignes 24 à la fin :

Le discours au style direct qui nous avait placé du point de vue des habitants de l’Eldorado et le suivi de sa traduction en style indirect, cette fois-ci du point de vue de Cacambo et Candide, qui traduit non par l’incompréhension des paroles mais la stupeur face au fonctionnement d’une utopie inimaginable pour nos deux protagonistes.

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