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Le loup et l'agneau

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Par   •  24 Décembre 2015  •  Commentaire de texte  •  2 028 Mots (9 Pages)  •  3 111 Vues

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COMMENTAIRE

« LE LOUP ET L'AGNEAU »

de Jean de La Fontaine 1668 Livre I

Introduction

        Le genre littéraire de la fable consistant en une histoire plaisante à visée didactique s'inscrit parfaitement dans le classicisme du XVII° siècle ayant pour mots d'ordre « plaire et instruire ».

Aussi, il n'est pas surprenant que Jean de La Fontaine, qui a renouvelé le genre de la fable dans ses réécritures des auteurs antiques Esope et Phèdre, connaisse un succès mondain dans les salons littéraires dès la publication de son premier recueil de Fables en 1668.

C'est d'ailleurs dans ce même recueil, en dixième position du livre I que nous pouvons découvrir « Le Loup et l'Agneau ».

Cette fable met en scène comme son titre l'indique, deux personnages animaliers se disputant le droit de boire dans le courant.

Derrière cette histoire anecdotique ne se cacherait-il pas une dénonciation de l'exercice de la justice sous la Monarchie absolue de Louis XIV ?

Nous montrerons tout d'abord que le fabuliste mène son récit de façon plaisante grâce à une maîtrise parfaite de l'art du récit.

Puis, nous aborderons la fonction satirique de cette fable en analysant d'une part l'argumentation factice du Loup et d'autre part la défense judicieuse de l'Agneau.

I        L'art du récit

Nous allons démontrer que La Fontaine nous offre avec « Le Loup et l'Agneau » une fable digne du grand fabuliste qu'il représente.

Tout d'abord, la structure de cette fable allie ordre et originalité (A)

        En effet, la lecture est agréable car ce récit comporte un shéma narratif bien marqué (1°) qui suit une logique, un ordre.

La situation initiale est repérable dès le début de la fable grâce à l'emploi de l'imparfait descriptif « se désaltérait » (v.3) complété par un complément circonstanciel de lieu « dans le courant d'une onde pure » (v.4). Le cadre spatial de l'histoire est fixé.

L'élément perturbateur intervient au vers 5 grâce au présent de narration « survient » qui bouleverse les temps du récit.

Les péripéties quant à elles, occupent une grande place puisqu'elles sont symbolisées par le discours direct qui s'étend du vers 7 au vers 25.

La sentence du vers 26 « il faut que je me venge » représente l'élément de résolution.

Les trois derniers vers forment la situation finale.

        L'originalité (2°) réside dans le fait que contrairement à de nombreuses fables de La Fontaine, la morale est placée en tête de fable dans les deux premiers vers.

Aussi, la leçon que souhaite nous délivrer le fabuliste suit un raisonnement déductif comme le prouve le verbe « montrer » (v.2). L'auteur part d'une généralité «  La raison du plus fort est toujours la meilleure » (v.1) pour arriver au cas particulier de l'Agneau et du Loup.

Puis, La Fontaine pour maintenir l'intérêt de son lecteur, n'hésite pas à miser sur la diversité des procédés littéraires (B).

        D'une part, la vivacité de l'histoire est due à la prédominance du discours direct (1°). Vingt vers sur vingt cinq repérables grâce aux verbes introducteurs de parole « dit »(v.8) ou « reprit » (v.21).

        D'autre part, l'alternance de différents mètres, l'hétérométrie (2°),

apporte également une diversité qui rend attrayante l'histoire. En effet, l'alexandrin est employé comme aux vers 5 et 10 alors que le vers 14 n'est constitué que de 4 syllabes « Dans le courant ».

        De plus, les présents de narration « survient » (v.5), « l'emporte et le mange » (v.28) viennent renforcer le dynamisme voulu par La Fontaine.

Enfin, les personnages de l'histoire sont fortement caractérisés (C)

        Ils appartiennent à l'imaginaire populaire . Ainsi, le lecteur confronté au titre « Le Loup et l'Agneau » a déjà en tête une représentation qui lui apporte un certain confort de lecture. En effet, il peut être rassurant et plaisant de se lancer dans une lecture en ayant au préalable identifié qui est qui, qui est le méchant et qui est le gentil. Bien évidemment , le Loup symbolise la cruauté, la voracité comme en témoignent les groupes nominaux « à jeun » (v.5) et « la faim » (v.6). Alors que l'Agneau représente la douceur, l'innocence que le cadre spatial semble évoqué avec l'adjectif qualificatif « pure » (v.4).

L'association de ces deux animaux dès le titre informe le lecteur sur la résolution car un carnivore ne peut avoir qu'un désir : celui de dévorer l'herbivore inoffensif.

Cette fable, respectant par sa structure la tradition antique de plaire et illustrant la créativité de La Fontaine, est principalement constituée d'un dialogue.

Ce dernier prend l'apparence d'un procès au cours duquel accusé et victime se répondent, chacun adoptant une stratégie argumentative bien différente.

II         Le Loup, une argumentation de façade

Dans un premier temps, notre intérêt se portera sur l'argumentation du Loup qui semble n'être que de façade.

Dès ses premiers mots, le carnivore adopte un ton vindicatif (A)

        En effet, la question qu'il pose à l'Agneau au vers 6 est fortement accusatrice comme le prouve sa formulation.  Nous avons une question qui comporte déjà un jugement. En effet, la véritable question lors du procès aurait dû être « As tu troublé mon breuvage ? ». Or, la formulation du Loup « Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage » (v.7) prouve sa partialité. Il ne joue pas réellement le rôle de procureur mais bien celui de juge.

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