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Le chercheur d'or, la vie à Rempart Street

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Par   •  28 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  2 033 Mots (9 Pages)  •  696 Vues

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Le chercheur d’or :

LA3 : la vie à Rempart Street

Jean Marie Gustave Le Clézio, récompensé en 2008 par le prix Nobel de la littérature, est un romancier nomade partagé entre plusieurs civilisations que sont le Mexique, la France et Maurice. En 1981, il part en voyage à Maurice à Rodrigues à la rencontre de ses propres origines, à la recherche « du tombeau du premier Le Clézio  à avoir débarqué sur l’île Maurice ». Ce voyage donne naissance à trois textes : Voyage à Rodrigues, Journal d’un chercheur d’or et le roman Le chercheur d’or publié en 1985.

Le chercheur d’or est dédié à son grand père Léon qui souhaitait trouver un trésor capable de faire resurgir le bonheur perdu des origines, le bonheur de l’Euréka, un domaine familial dépeint comme paradisiaque.

L’enfoncement dans le Boucan s’est achevé, Alexis et sa famille ont dû quitter le Boucan pour Forest side, quitter la nature pour la ville : un cyclone a dévasté non seulement la maison familiale mais également le rêve de production d’électricité du père. Le malheur se poursuit puisque le père d’Alexis meurt. Alexis, pour permettre la survie de sa mère et de sa sœur accepte un travail d’employé de bureau.

LECTURE

Il nous raconte dans cet extrait sa vie à Rempart street, une vie sans saveur où Alexis rêve du grand départ.

  • En quoi Alexis est-il un double de son auteur ?
  • Qu’est-ce qui caractérise la vie à Forest Side ?
  • En quoi cet extrait est-il une critique du monde citadin et occidental de l’époque ?

PLAN : I = Une vie aliénante                II =

La vie dans laquelle évolue désormais Alexis semble des plus moroses. Morose car la légèreté de « L’enfoncement dans le Boucan » a disparu. La grisaille a pris le dessus. Elle se matérialise par le costume « sombre », la « pénombre », « les chiffres », « la poussière » ou encore les rues immenses. Grisaille cat tout n’est qu’anonymat. Les pluriels tels que « les gens », « les jeunes gens », « mes collègues » nous donnent cette sensation tout comme les tournures globalisantes que sont « ce flot », « la foule ». L’image d’une masse indifférenciée surgit alors. Grisaille car Alexis passe toutes ces journées enfermé ou presque. Il est d’abord enfermé dans le train puis dans le cabinet. La préposition dans à savoir « dans la pénombre », « dans les bureaux » met en exergue ce cloisonnement. Alexis ne semble pas voir le puisqu’il arrive le matin et reste « jusqu’au soir à 5h ». Or, à Maurice la nuit tombe tôt, vers cette heure-là ou du moins peu de temps après. Même lorsqu’Alexis évoque la lumière, il emploie la préposition « sous » (« sous la lumière du soleil ») comme si celle-ci était pesante, oppressante, source de cloisonnement.

La vie semble donc disparaître et ce au profit notamment de l’argent. Les termes « commerçants », « faire leurs affaires », « hommes d’affaires », « factures » et « marché » ponctuent tout le premier paragraphe comme si cette nouvelle vie était rythmée par le désir prosaïque de l’argent. C’est donc une vie sans odeur, sans goût, grise.

Tout apparaît parfaitement réglé, calculé. La présence du numéral un dans : « un arrêt », « une demi-heure » tout comme les références horaires avec « midi » et « 5 heures » nous laissent percevoir une vie comptabilisée, chronométrée. L’homme mènerait une vie machinale que l’imparfait à valeur d’habitude valorise tout comme les connecteurs temporels « chaque matin » et « les jours de congés ». Il est d’ailleurs amusant de constater que même le nom de la compagnie valorise la répétition avec celle du WWWest.

Les hommes travaillent sans se poser de questions, emportés par le rythme de leur quotidien. C’est un rythme qui apparaît aux yeux d’Alexis frénétique et aliénant. Frénétique de par la présence de certaines accumulations comme « la foule des saute ruisseau, et des commerçants (…) et indiens », « les gens importants, les hommes d’affaires, les avocats », « le train, les chiffres sur les registres, l’odeur de la poussière (..) les voix des employés (…) et ces femmes indiennes », une sensation de masse étouffante ressort de cela. Aliénante car certaines tournures syntaxiques mettent Alexis en place de COD au lieu de sujet : « c’était ce flot qui me portait », « m’attendaient (…) les registres et les piles de factures ». Nous avons alors l’impression qu’Alexis n’est plus sujet actant tout comme le sont certainement les autres travailleurs.

Même lorsque les gens sont au repos, ils font la même chose, « se promener au bras de leur fiancée le long des allées du champ de Mars ». Les nasales associées aux allitérations en [m] et [l] allongent le rythme de cette phrase lui donnant certes un caractère apaisé mais également un caractère symétrique mettant ainsi en exergue le manque de spontanéité. D’ailleurs même le nombre syllabique des groupes syntaxiques est similaire (ou presque) : « les jours de congé » (5 syllabes), « quand les jeunes gens » (5 syllabes), « allaient se promener » (6 syllabes), « le long des allées » (5 syllabes), « du champ de Mars » (4 syllabes) comme si la différenciation était inexistante, comme si tout était réglé de la même manière, comme si tout était machinal même les plaisir les plus simples.

        L’individu semble ne plus exister. Il est important de noter que les individus ne sont présentés que par leur nationalité illustrant implicitement leur couleur de peau, leur ethnie soit une vision restrictive de l’individu qui n’existe que par son groupe « ethnique » : « chinois » « indiens », « noirs », « Comoriens ». Le monde de Forest Side est encore un monde divisé.  La société que nous présente le narrateur apparaît standardisée. D’un côté les commerçants étrangers et de l’autre celui des affaires plus sérieuses menées par « les hommes d’affaires, les avocats » qui sont les blancs. C’est en tous les cas ce que nous supposons étant donné qu’à ces fonctions professionnelles, aucune nationalité n’est rattachée.

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