Le bonheur
Fiche de lecture : Le bonheur. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar corbyema • 2 Novembre 2022 • Fiche de lecture • 3 131 Mots (13 Pages) • 269 Vues
En général, le bonheur est associé à une totale satisfaction. Cela revient à dire que l’Homme voit le bonheur tel un sentiment remplissant chacun de ses désirs. Lorsque l’Homme est heureux, si nous restons dans le cadre de la définition, tout serait parfait dans sa vie, rien ne pourrait se mettre en travers de son chemin. C’est donc un sentiment positif qui au premier abord est atteignable et existe. Nous pouvons en effet l’associer à des faits plus concrets de la vie tel l’amour ou la liberté, deux sentiments sources de bonheur de par leur aspect assez vaste et positif. Ce sont des aspects de la vie qui rendent heureux car l’amour comme la liberté comblent deux parties de l’esprit humain contribuant donc à l’approche d’une totale satisfaction. Être heureux revient également à faire abstraction de tout et prendre la vie comme elle vient. Si l’homme se met à trop réfléchir à ce sujet il transforme ce sentiment qui ne s’apparente plus au bonheur.
Cependant, est-ce réellement le bonheur qui est associé à tout cela ? En réalité, le bonheur nous est inconnu. C’est un terme abstrait et subjectif. L’Homme n’a jamais su le définir. Lorsqu’il affirme être heureux il ne peut pas en être certain. L’être humain n’a pas en sa capacité les moyens de le concrétiser. C’est pourquoi, l’Homme idéalise le terme de bonheur. Il n’est que le fruit de son imagination. Son sens et sa définition est propre à chacun. Etant donné que le bonheur nous est inconnu, il paraît complexe d’affirmer le fait que quelque chose nous rend heureux. Le bonheur est de même inaccessible car la perfection ne coordonne pas avec la condition humaine. L’Homme a été créé de manière imparfaite, et le bonheur, lui, correspond à une totale satisfaction sans aucun défaut. Seul le personnage de Dieu pourrait être associé ici au bonheur, un être infini et parfait.
Nous sommes face à un paradoxe : au premier abord, le bonheur semblerait pouvoir être atteint au sein d’une vie humaine. L’Homme aurait de temps à autre le sentiment d’être heureux, que tout va pour le mieux et que rien ne peut être vu comme négatif : soit une satisfaction complète. D’un autre côté, le bonheur paraît inaccessible de par notre manque de connaissance à son égard. L’Homme n’aurait jamais l’occasion ni la possibilité d’en faire l’expérience concrète. C’est pourquoi nous ne pouvons pas être certains d’être heureux lorsqu’on affirme l’être. Par conséquent, existe-t-il quelque chose qui peut nous rendre heureux ?
L’enjeu ici concerne l’homme et la manière dont il se comporterait si en réalité le bonheur n’existait pas. Si tel était le cas, l’être pourrait devenir dépressif de par le fait qu’on lui enlève son but de vie. Être heureux est donc en réalité la conquête d’une vie humaine. C’est pourquoi, même si le bonheur n’est perçu seulement comme une illusion, il est important de faire perdurer cet état dans le temps.
Dans une vie, il existe des moyens ainsi que des objets susceptibles de nous rendre heureux. Tout d’abord, nous pouvons associer le bonheur à une illusion mais que l’Homme peut ressentir. La conscience oblige l’Homme à trouver un but à sa vie individuelle. C’est pourquoi, certains philosophes associent le bonheur à une illusion vitale. Sans cette illusion, la vie humaine paraîtrait absurde ce qui pourrait conduire à une extinction de l’espèce. Selon Kant, le bonheur est un idéal non de la raison mais de l’imagination car la raison ne peut connaître la totalité des désirs à combler, chacun ayant une infinité de désirs différents et changeants. Ici, aucune science du bonheur n’est possible mais ce n'est pas pour autant que nous ne pouvons pas être heureux. Il n’y a que l’imagination qui puisse prétendre à la mission impossible de définir ce qui pourrait rendre un individu heureux. Elle est seule à même de nourrir notre idéal subjectif de bonheur, souvent changeant et multiforme. Pour Kant, l’imagination s’oppose à la raison. Cette dernière est universelle et semblable à tous les hommes tandis que l’imagination produit des représentations et des images subjectives, relatives à notre corps et nos passions. Imaginer son bonheur consiste à projeter la satisfaction de ses désirs dans le futur. Cela accentue l’espoir humain mais peut relever d’une insatisfaction dans la vie présente. C’est pourquoi par la suite, ce bonheur imaginaire donne lieu à des créations artistiques, comme les récits de sciences fiction ou les utopies, ou à des croyances religieuses comme le paradis ou la résurrection, tout cela afin de combler le manque de satisfaction que nous pouvons posséder dans la vie présente.
Pour les stoïciens, le bonheur existe et nous sommes susceptibles d’être heureux. Cependant, il est complexe à atteindre. Selon eux, il ne serait atteignable qu’à une seule condition : faire abstraction des évènements extérieurs. Le malheur des hommes par opposition au bonheur, équivaut selon leur pensée, à un manque de distinction entre ce qui dépend et ne dépend pas de soi. Ce qui ne dépendrait pas de soi correspondrait à tous les évènements extérieurs se trouvant en partie dans l’existence et la volonté des autres. A contrario, ce qui dépend de soi équivaut à nos représentations, c’est-à-dire le jugement que nous pouvons porter sur les choses. Toute la valeur d’un évènement provient donc de celle que nous choisissons librement de lui attribuer. D’après les stoïciens : « nous ne sommes que notre esprit ». Cependant, l’être humain espère que tous les évènements nous étant extérieurs répondent à nos attentes, pour combler nos désirs et paraître heureux. Mais le réel bonheur selon les stoïciens ne se trouve pas de cette façon. Ils déclarent : « concentrons-nous sur ce qui dépend de nous et restons indifférent face à ce qui n’en dépend pas ». C’est pourquoi, pour être heureux, il suffit d’accorder les jugements que nous pouvons avoir avec la réalité. En d’autres termes, il faut juger les choses en fonction de ce que l’on peut réellement en attendre. Il faut donc continuer à agir et de penser seulement d’après les représentations les plus rationnelles de la réalité. Suite à cette réflexion, les troubles de l’âme comme les émotions ou les passions n’ont plus raison d’exister et le bonheur s’installera car le stoïcien parvient à se détacher de ce qui n’a aucune valeur en soi donc à rester indifférent à ce qui ne dépend pas de lui. Pour vivre heureux, soit libre, il ne faut pas chercher le bonheur dans les choses mais bien dans notre volonté de ne pas dépendre de ce qui ne dépend pas de nous. Il ne faut pas espérer que tout désir soit complété et satisfaire totalement notre personne mais au contraire laisser les choses se régler et s’adapter à ce qui nous entoure. Epictète traduit très bien la situation dans sa citation : « Ne demande pas que les choses arrivent comme tu les désires mais désire qu’elles arrivent comme elles arrivent et tu prospéreras toujours. ». Dans cette citation, Epictète nous prouve bien que le bonheur ne se trouve pas dans l’attente d’un désir comblé mais plutôt dans l’attente d’évènements qui arrivent comme ils sont et auxquelles on s’adapte car peu importe la situation, les évènements extérieurs ne sont pas modulables et seul le fait de s’adapter peut permettre d’atteindre le bonheur. Désirer tout ce qui nous entoure rendrait ainsi le bonheur impossible car nous ne possédons aucun pouvoir sur ces derniers.
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