Le Portrait de Grenouille, « Le parfum » de Patrick Suskin
Commentaire de texte : Le Portrait de Grenouille, « Le parfum » de Patrick Suskin. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bob999 • 27 Mai 2019 • Commentaire de texte • 3 699 Mots (15 Pages) • 4 046 Vues
LA 19 : Le Portrait de Grenouille, « Le parfum » de Patrick Suskin
Patrick Suskind est un écrivain et scénariste allemand du XXe siècle. Son premier roman, le Parfum, est publié pour la première fois en 1985 et lui vaut un succès mondial qu’il connait encore aujourd’hui. Suskind nous fait part dans le Parfum de son talent diabolique de la description, notamment celle des odeurs et y raconte l’histoire, abominable et drolatique de son personnage principal Jean Baptiste Grenouille. Dans cet extrait est dressé le portrait à charge de Grenouille, qui apparaît comme un être à part, résistant, déterminé, accroché à la vie mais aussi inhumain, défiguré et dénué de tout sentiments. Le narrateur laisse entrevoir le personnage monstrueux qu’il va devenir.
En quoi le portrait de Grenouille laisse-t-il présager le personnage monstrueux qu’il va devenir ?
I. Un portrait physique inhumain
a) Un héros épique défiguré
- Un héros résistant, un être fort malgré de nombreux obstacles, épreuves. Grenouille s’apparente à un héros, il possède des capacités de résistance hors normes.
- Ces origines de naissance sont difficiles, dans de mauvaises conditions « propre naissance au milieu des ordures », « bâti à chaux et à sable ». Ces éléments renvoient à une enfance dans des conditions très rudes. Grenouille possède un physique robuste, un corps résistant.
- Il survécut à de nombreuses maladies et aux accidents corporels : énumération « il survécut à la rougeole, à la dysenterie, à la petite vérole, au choléra, ... » et continua de vivre malgré ces épreuves « Mais il vécut » « avait survécu », cela renforce la tonalité épique, Grenouille est un héros qui résiste à « tout ». Il est l’image même du survivant, la mort n’a pas voulu de lui. Il est maigre mais résiste à la maladie.
- C’est un être défiguré qui devient monstrueux, il est maqué par des maladies/ accidents qui a des répercussion sur le physique. On trouve une énumération de termes dépréciatifs, ce n’est pas entièrement un héros, il est affecté physiquement « il en garda des cicatrices, des crevasses et des escarres, ainsi qu’un pied quelque peu estropié qui le faisait boiter ». Son corps marqué par les obstacles de sa vie, il a un corps déformé.
b) Un corps qui a besoin de peu
- Son corps survit à des conditions de vie abominables, il a une capacité de résistance hors normes à la précarité matérielle « son corps n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements », la formule de restriction montre son peu de besoin.
- Il résiste aussi à la faim : énumération montrant la résistance, la force du personnage qui se contente de très peu « il était capable de vivre pendant des jours de soupes claires, de se nourrir du lait le plus étendu d’eau, de supporter les légumes les plus pourris et la viande la plus avariée », ce sont des aliments peu nutritif. L’utilisation de superlatifs accentue son mérite, sa force. Il a quelque chose qui n’est pas humain, il a un côté animal.
- Grenouille a un côté animal, sauvage, il est comparé à d’autres êtres vivants ou animaux forts, ce qui renforce sa force physique « il était aussi dur qu’une bactérie résistante et aussi frugal qu’une tique accrochée à un arbre », Grenouille est un personnage robuste.
II. Un portrait moral péjoratif
a) Un portrait à charge d’un antihéros
- Le narrateur porte un regard sur le personnage, un certain jugement péjoratif grâce à un point de vue omniscient. Le narrateur sait tout, connaît le passé, les sentiments et les pensées de Grenouille ainsi que son avenir. Présence de nombreuses traces de subjectivité du narrateur, description morale négative.
- Le narrateur décrit Grenouille comme un être sans gentillesse « il eut fallu un minimum de gentillesse innée et Grenouille ne possédait rien de tel » « il avait choisi la vie par pur défi et par pure méchanceté », « il était abominable », ceci renforce le portrait à charge d’un être immoral et monstrueux.
- Utilisation d’expressions montrant les traces de subjectivité du narrateur « Il est vrai que » « il va de soi qu’il » « il faut dire que »
- Grenouille a choisi la vie plutôt que la mort, on comprend que le narrateur aurait choisi la mort pour la tique « Ce ne serait pas une perte, Dieu sait! », « il aurait bien pu choisir la seconde possibilité », « pourrait se disposer à mourir sur une feuille », « pourrait se laisser tomber ». le narrateur prend parti pour la mort de Grenouille, le narrateur ne porte aucune affection au personnage.
- L’utilisation de la métaphore filée de la tique et la comparaison à la bactérie ne sont pas anodines, par cela l’auteur veut montrer le côté négatif, inhumain et animal de Grenouille.
- Grenouille est comparé à un haricot, en effet Grenouille choisit de façon aléatoire car il n’a pas d’expérience et assez d’intelligence pou faire un choix raisonné, il ne choisit pas comme un adulte mais comme l’haricot, qui si il ne germe pas, périt « il va de soi qu’il n’avait pas choisi comme le fait un être adulte » « comme un haricot qu’on jette et qui choisit de germer, ou bien préfère y renoncer ».
b) Un être déterminé, immoral voir monstrueux
- Grenouille est un être déterminé, il a caractère bien forgé, fort « ne se laissait pas facilement bousculer et prendre sa place en ce monde ». Il a un mental d’acier, une grande volonté, il possède une grande détermination.
- La force de caractère de Grenouille le pousse à prendre des décisions dès son plus jeune âge et à faire des choix : entre la vie et l’amour, entre la vie et la mort mais décide également de devenir le personnage monstrueux qu’il est. On voit la répétition de « délibéré », il y a une notion de choix « choisi » « décider », « délibérément ».
- Un personnage fortement accroché à la vie « cicatrices, crevasses, escarnes, estropié... » mais « il vécut », idée d’un être extrêmement attaché à la vie. On trouve le champ lexical de la vie « survécut », « vie », « vivre » s’oppose à « contre l’amour » Personnage qui s’accroche à la vie malgré tout comme la tique qui s’accroche aux bêtes. Dans ces choix, il choisit la vie à 2 reprises malgré tout ce que cette décision a pu engendrer.
- Un personnage sans sentiments, il résiste
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