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L’apologue est-il le genre le plus efficace pour dénoncer une injustice ?

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Par   •  21 Juillet 2016  •  Dissertation  •  2 715 Mots (11 Pages)  •  3 109 Vues

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Un apologue est un discours narratif démonstratif et allégorique, à visée argumentative et didactique, rédigé en vers ou en prose et dont on en tire une morale. La Fontaine écrit : « L’apologue est composé de deux parties, dont on peut appeler l’une le corps, l’autre l’âme. Le corps est la fable ; l’âme, la moralité. » L’apologue est apparu dès l’Antiquité avec l’écrivain grec Esope, à qui on attribue la paternité de la fable. La fable est un court récit écrit en vers ou en prose visant à donner une leçon de vie de façon plaisante. Elle se caractérise souvent par la mise en scène d'animaux derrière qui se cachent des types humains. La morale se faisant souvent implicite, c’est le lecteur lui-même qui doit la dégager. Le fabuliste latin Phèdre disait : « Le mérite de la fable est double : elle suscite le rire et donne une leçon de prudence ». L’apologue est donc un genre efficace pour dénoncer une injustice. On peut alors poser la problématique suivante : L’apologue est-il le genre le plus efficace pour dénoncer une injustice ?

Nous verrons dans un premier temps que l’apologue peut être un genre efficace car il est court, distrayant, concret et accessible à tous. Ensuite nous verrons que l’apologue n’est pas le seul genre efficace pour dénoncer une injustice, car d’autres genres peuvent être tout aussi efficaces comme l’essai, le théâtre, la poésie ou encore d’autres formes d’écrits comme le texte juridique, qui sont généralement considérés comme plus sérieux, mieux compris et plus directs.

L’apologue est un genre efficace car il est court et concret. La plupart des fables sont simples, il ne faut pas beaucoup de temps pour les lire mais elles sont pourtant très efficaces, car elles font passer leur message très facilement et elles sont accessibles à tous.

Les fables soulignent également les injustices, par exemple dans la fable de Jean de La Fontaine intitulée « Le Loup et l’Agneau », c’est à travers une petite histoire distrayante que l’auteur dresse une critique de la justice arbitraire. En effet, dans cette fable, le fabuliste dénonce la monarchie absolue sous Louis XIV. La mise en scène d’animaux permet également à La Fontaine d’éviter la censure. Le pouvoir est mis en scène par le Loup, voulant à tout prix manger l’Agneau pour n’importe quel prétexte. Ces arguments n’ont aucun sens : il accuse l’Agneau de troubler son eau alors que le courant est descendant, il fonde ses arguments sur des théories de complot, ses propos n’ont aucune logique « Et je sais que de moi tu médis l'an passé. Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'Agneau ; je tette encor ma mère. Si ce n'est toi, c'est donc ton frère. Je n'en ai point. C'est donc quelqu'un des tiens ». Il s’agit donc d’un procès tout à fait injuste : le discours du loup est pitoyable car celui-ci n’a aucune raison valable de manger l’Agneau. La Fontaine dénonce alors, à travers cette fable, l’injustice et le ridicule du pouvoir absolu, fondée sur l’arbitraire et la loi du plus fort.

L’apologue se décline également sous la forme du conte philosophique. C’est une forme également très divertissante, claire et concrète. Dans le passage intitulé « le nègre Surinam » tiré du conte philosophique Candide de Voltaire, c’est au travers du discours d’un esclave que Voltaire dénonce l’absurdité de l’esclavagisme et l’hypocrisie religieuse des européens. Tout d’abord, Voltaire dénonce la traite des esclaves et montre qu’ils sont soumis à des règles impitoyables : l’esclave vêtu d’un simple caleçon s’est fait couper la main car il a eu un accident de travail et s’est également fait couper la jambe pour avoir tenté de s’enfuir, « c’est l’usage » déclare le nègre. L’esclave affirme : « Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. » : à travers cette hyperbole, l’auteur souligne le fait que les esclaves sont encore moins bien traités que des bêtes. Ensuite, Voltaire dénonce la noblesse européenne car ce sont leurs exigences commerciales qui ont pour conséquence le sacrifice des esclaves, car ils veulent toujours un sucre au plus bas prix : « C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe » affirme le nègre. L’auteur dénonce également l’hypocrisie religieuse des blancs car ils agissent en contradiction avec la religion catholique à laquelle, ils convertissent pourtant leurs esclaves : les Noirs, censés être considérés comme des frères, sont traités comme des animaux. Cela révèle l’hypocrisie des européens qui n’appliquent même pas ce qu’ils enseignent. A travers ce texte, Voltaire dénonce, par le biais du conte philosophique, les traitements infâmes de l’esclavagisme, clés de l’intolérance et de l’injustice. Nous pouvons également relever que ce texte s’inscrit dans le combat des philosophes des Lumières. On peut donc en conclure que le conte philosophique est bien un genre efficace pour dénoncer une injustice.

Il existe également une troisième déclinaison de l’apologue : la parabole. Il s’agit de récits allégoriques faits par Jésus de Nazareth, présentant un enseignement moral et religieux. On en tire souvent un enseignement, une morale ou une doctrine ; elles sont tirées des évangiles. La parabole est une histoire courte et très concrète car ses histoires sont fondées sur des événements quotidiens de la vie, ce qui permet au lecteur de se sentir davantage impliqué, de s’identifier dans le message. Par exemple, nous allons étudier la parabole du Bon Samaritain : lorsqu’ un Sacrificateur, pourtant croyant, aperçu un homme à demi mort, il passa outre, n’exprimant aucune compassion. Un Lévite fit de même lorsqu’il passa à côté de ce même homme, totalement blessé et dépouillé. Or, un Samaritain, simple habitant du nord de la Palestine qui voyageait, fut frappé de compassion pour cet homme, le soigna, le nourrit, et donna un peu d’argent à son hôte pour qu’il puisse prendre soin de lui. A la fin de la parabole, le docteur de la loi affirma que le prochain de cet homme mourant fut « celui qui a exercé la miséricorde envers lui », donc il s’agit bien du Samaritain. Jésus reprend cette citation en disant « Va et toi, fais de même. ». La morale que l’on peut tirer de cette parabole est que l’homme doit être jugé pour ce qu’il fait et non pas pour ce qu’il est, et qu’il se doit d’aider son prochain quand il en a besoin, sans faire de différence selon son apparence. La parabole est donc, elle aussi, un moyen très efficace pour l’auteur de faire passer son message et de dénoncer une injustice, car ce message est court, clair, concret, et beaucoup de lecteurs

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