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La princesse de Montpensier

Dissertation : La princesse de Montpensier. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Novembre 2018  •  Dissertation  •  1 860 Mots (8 Pages)  •  1 144 Vues

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        Au dix-septième siècle, l’écriture du roman de fiction a cédé la place à un nouveau genre, celui de la nouvelle historique. Ce genre de récit, plus bref que le roman, allie dans son écriture le réel, inspiré de faits historiques et le merveilleux, l’imaginaire.  Selon Roger Faucillon, dans son ouvrage intitulé « L’œuvre romanesque de Madame de Lafayette », l’auteure de la nouvelle « La princesse de Montpensier « veut faire disparaître le temps de l’Histoire pour ne tenir compte que de la durée intérieure des personnages qui vivent au rythme de leurs passions ». « La princesse de Montpensier », dont les deux thèmes sont la guerre et l’amour, prend place dans un contexte de guerre de religions opposant les catholiques aux protestants.

  L’Histoire est elle une simple trame de fond ou est-elle un moteur d’action dans la nouvelle de Mme de Lafayette et dans l’œuvre cinématographique adaptée par Bertrand Tavernier ?

    Nous allons démontrer, dans un premier temps dans quelle mesure l'Histoire est bien présente dans le récit, par le biais des dates et des noms inspirés du réel pour ensuite montrer que l'Histoire fonctionne surtout comme un moteur de l'action pour justifier l'évolution des personnages et de leurs sentiments.

Dans « La princesse de Montpensier », l’action commence in medias res et place, d’emblée, le lecteur dans  le contexte historique des guerres de religion qui ont marqué la France. Dès les premières pages, le début de l’intrique est annoncé : « Guerre de religion », « Sous le règne de Charles IX » « Pendant que la guerre civile déchirait la France » « Cette grande ville(Paris) était menacée d’un siège par l’armée des huguenots, dont le prince de Condé… pour la Seconde fois ». Cela permet de mettre en évidence l’ordre chronologique historique des événements. Sans jamais indiquer les dates, la romancière situe son intrigue de manière précise. Puis plusieurs faits militaires sont mentionnés : siège de Paris, bataille de Saint Denis, bataille de Jarnac, siège de Poitiers, bataille de Moncontour, siège de Saint-Jean-d’Angély. Le lecteur comprend que la nouvelle s’achève sur le massacre de la Saint-Barthélemy,  même si les événements sanglants de ce massacre ne sont pas nommés explicitement.

Comme dans la plupart des récits du XVIIème siècle, les personnages mis en scène par l’auteure sont nobles, aristocrates, le peuple est absent. L’auteure fait référence à la cour des Valois ; l’histoire ici est présente par le biais des valeurs morales et physiques, héritées du Moyen-âge : la chevalerie, le courage, la  loyauté, le sens de l’honneur, le mérite, la gloire, des valeurs morales auxquelles s’opposent les contrats d’intérêts, les mariages arrangés, l’esprit de complots, les intrigues caractéristiques de la cour du XVIIème siècle, le fanatisme et l’intolérance qui ont marqué la fin du XVIème siècle et le XVIIème entre protestants et jansénistes d’un côté et catholiques et jésuites de l’autre.  

D’autre part, on peut voir également le côté historique, dans la nouvelle de Madame de Lafayette, par la présence du duc d’Anjou, fils du roi Henri II, Catherine de Médicis, Marguerite de Valois, la famille de Guise, la famille de Bourdon… qui sont des personnages réels de cette époque. Le « de » avant leur nom est signe de noblesse : « Le comte de Chabannes » est peut-être le seul personnage dont l’existence n’est pas attestée par l’Histoire.

Cependant, il est important de souligner qu’aussi bien Madame de Lafayette que Bertrand Tavernier étaient soumis à un certain nombre de contraintes. En effet, au XVIIe Siècle, il était primordial pour Madame de Lafayette de ne pas choquer ses lecteurs, comme l’exige la règle de bienséance dans l’idéal classique. L’histoire prenant place dans une période relativement récente par rapport à la nouvelle, les lecteurs de Lafayette sont les descendants des personnages historiques qu’elle a mis en scène dans sa nouvelle. Ainsi pour éviter toute nuisance l’auteur témoigne de son respect dans  son avis au lecteur.

Quant à Tavernier, il retranscrit une œuvre du XVIIème siècle prenant place au XVIe Siècle pour les spectateurs du XXIe Siècle et donc il essaye de replonger ses spectateurs dans le contexte historique de l’époque, tout en ajoutant quelques dialogues ou quelques détails pour que l’histoire ne leur paraisse pas incompréhensible et tout en essayant de rester le plus fidèle à la nouvelle de Madame de Lafayette.  Ainsi, par exemple, Tavernier accorde plusieurs minutes dans son adaptation à la nuit de noce qui est une réalité de l’époque : les témoins, le drap qui est présenté aux pères, ce qui permet aux spectateurs d’être plongé dans les traditions de l’époque à laquelle l’histoire se déroule.

Dans son aspect historique, on peut dire que même si, dans l’adaptation cinématographique, il n’y a aucune chronologie précise sauf le carton au début 1567, Tavernier met parfaitement en scène les images de la guerre, avec des décors de boue, de fumée, les scènes de batailles, les grands plans sur les cadavres. Et enfin il transcrit l’histoire du peuple (découpe le sanglier, femmes de chambres, valets, scène du meurtre de la femme enceinte par un noble) spectacle fascinant de la guerre et ses horreurs. Si la guerre n’est mentionnée que brièvement dans la nouvelle, Tavernier s’attarde sur ces combats en faisant passer durant une douzaine de minutes des images de guerre à l’écran. Il joue cependant de filtres historiques, nécessairement déformants qui s’interposent entre l’intrigue elle-même el l’œil du spectateur.

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