La PRINCESSE DE CLÈVES N'EST-IL QU'UN ROMAN D'AMOUR ?

I Ce roman possède des caractéristiques du roman d’amour

Histoire d’amour au cœur de l’intrigue principale : l’amour impossible entre l’héroïne et le duc est à l’origine des péripéties ; donne lieu à de grandes scènes d’amour (la scène du coup de foudre au bal ; la scène à Coulommiers…)

Histoires d’amour au cœur des récits secondaires : l’amour est le thème qui unit tous ces récits enchâssés entre eux et avec l’intrigue principale

Présence du romanesque : personnages idéalisés ; sentiments exceptionnels ; situations invraisemblables.

II Mais le sujet central est moins l’amour que l’analyse d’une femme en proie aux passions, dans une perspective morale

Description d’un combat intérieur : âme déchirée entre vertu et passion ; aventure d’un âme plus que d’un cœur.

Condamnation des désordres causés par les passions : progression vers le renoncement à la passion ; morale / vertu triomphe sur l’amour (contrairement à la fin attendue d’un roman d’amour : le bonheur des amants)

Atténuation du romanesque par la sobriété de l’écriture : art de la litote

III Ainsi que la représentation critique du monde de la cour

Éclat incomparable de la cour cache un monde d’intrigues et de rivalités impitoyables : les intrigues amoureuses s’inscrivent dans le contexte de luttes de pouvoir.

Monde dangereux par ses rumeurs et la fausseté de ses apparences : l’amour devient un danger et peut vous perdre.

Où il est difficile d’être une honnête femme / un honnête homme : la cour est un monde de tentations, où la galanterie s’épanouit sous les convenances apparentes.

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[Introduction]

Dans la première moitié du XVIIe siècle, la mode est aux romans-fleuves qui racontent les multiples épreuves traversées par des amants en quête de l’amour parfait. Ces romans précieux, tels que Clélie de Mlle de Scudéry, font du sentiment amoureux le moteur de l’intrigue et dépeignent minutieusement les multiples facettes de l’amour, de manière idéalisée. Grande lectrice de ces romans, Madame de Lafayette écrit à son tour le roman d’un amour contrarié, dans une forme resserrée : La Princesse de Clèves raconte l’histoire, à la cour du roi Henri II, d’une femme mariée qui tombe éperdument amoureuse d’un autre homme que son époux. Les étapes de cette passion entre l’héroïne éponyme et le duc de Nemours constitue la trame de ce bref roman. On pourra alors se demander si La Princesse de Clèves n’est qu’une histoire d’amour. Dans un premier temps, on verra en quoi ce roman possède des caractéristiques du roman d’amour. Puis on étudiera en quoi le sujet central en est moins l’amour que, d’une part, l’analyse d’une femme en proie aux passions et, d’autre part, la représentation critique du monde de la cour.

[Développement (première partie)]

Il est vrai que La Princesse de Clèves possède de nombreuses caractéristiques du roman d’amour.

Tout d’abord, c’est bien une histoire d’amour qui est au cœur de l’intrigue principale. En effet, le roman raconte l’histoire d’une jeune femme qui, à peine mariée au prince de Clèves, tombe éperdument amoureuse d’un autre homme, le duc de Nemours. Cette passion brûlante et les obstacles qui la rendent impossible vont constituer la trame de l’intrigue tout au long du roman et vont donner lieu à de grandes scènes d’amour. On peut citer notamment la scène de coup de foudre entre Mme de Clèves et Nemours, qui prend un éclat exceptionnel dans le roman puisqu’elle a lieu

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