L'ingénu, Voltaire - Argumentaire du Jésuite
Guide pratique : L'ingénu, Voltaire - Argumentaire du Jésuite. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar flair • 10 Février 2019 • Guide pratique • 865 Mots (4 Pages) • 862 Vues
Auteur du siècle des Lumières, Voltaire (16694-1778) souhaita combattre l’obscurantisme. Il privilégia notamment dans ce but les contes philosophiques tels que Candide, Zadig dont le roman L’Ingénu (1767) est proche ( en étant parfois d’ailleurs assimilé à un conte philosophique). Il y raconte l’histoire d’un Huron dont le regard naïf va permettre de dénoncer les abus du pouvoir dans la société française du XVIIIème siècle. On le voit dans cet épisode confrontant Melle de Saint-Yves à un jésuite qui tente de la persuader d’accepter les avances d’un sous-ministre afin qu’elle obtienne la libération de son amoureux, L’Ingénu.
- Un cruel dilemme et un choix tragique
Les paroles de la jeune femme manifestent son désespoir. Registre tragique : « ..je suis perdue, quoi que je fasse ; je n’ai que le choix du malheur et de la honte.. » lignes 5 et 6 . « quoi que je fasse », « je n’ai que le choix » => fatalité qui la rend impuissante
Le tragique dans le dilemme : «… il faut que mon amant reste enseveli tout vivant ou que je me rende indigne de vivre./ Je ne puis le laisser périr, et je ne puis le sauver. », lignes 6 à 8. ( conjonctions de coordination soulignant la présence du dilemme) - l’expression de l’impuissance grâce à l’anaphore de « je ne puis » - utilisation d’une périphrase hyperbolique « reste enseveli tout vivant » , « je suis perdue » ligne 5-6
- L’art rhétorique : un discours habile et mensonger
Un discours structuré - Connecteurs logiques : de construction « Premièrement , deuxièmement… ; de cause : « car » ; d’opposition : « bien que » , « mais » ; de condition : « à condition que » ; de conclusion : « ainsi ».
Une succession d’arguments 1.« ne dites jamais mon amant ; il y a quelque chose de mondain qui pourrait offenser Dieu » : dans l’intérêt de Dieu, du Bien, de la religion = met Mlle de St Yves en confiance.
2. N’est « votre époux » qu’ « en idée » : pas un péché, pas un adultère = raisonnement basé sur une contradiction, arguments par syllogisme.
3. Bonnes intentions = essentiel : « l’intention est pure ».
4. Rien à se reprocher : « tout ce qui était en elle » = hyperbole.
5. .Pour aider : « vous serez utile ».
- La mise en valeur de la tartufferie et la critique des jésuites
L’utilisation de la foi comme justification
- Utilise le vocabulaire religieux : « salut » ; « résignation » ; « Dieu »… pour manipuler et obtenir ce qu’il veut. - Les Confessions de St Augustin : références connues et incontestables. - Flatte : comparaison entre Mlle de St Yves et « femme en qui Dieu avait mis la beauté »
. Détournement des principes de la loi religieuse pour convaincre
- Modification de l’amant en mari alors que le pacte devant Dieu n’est pas signé : le but est de dissocier l’amour du devoir de l’épouse.
- Adultère : « toujours éviter autant qu’il est possible » = antithèse : le père Tout-à-tous dit ce qui l’arrange. Libertés par rapport à la Bible qui interdit l’adultère.
- Pardon : « je prierai Dieu pour vous ».
La fin justifie les moyens
- La fin justifie les moyens : « pur » et « généreux » opposé à « immonde ».
- Le jésuite laisse entendre que la sainteté accorde tous les droits et rend les propos incontestables => Il réussit le tour de force consistant à convertir « un pêché énorme »l 15, « un pêché immonde » l 28 en « généreuse résignation » l 30 « utile à son mari » l 29.
Il persuade Mle de S Y en faisant appel - à sa sagesse « je ne vous conseille rien… » alors que précisément il lui donne des conseils ( douteux !) et - à sa piété . «… je prierai Dieu pour vous […] gloire.» ( laissant entendre que s’il prie pour elle elle doit faire en sorte de servir Dieu – en se donnant à un homme !-
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