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L'incipit du Rouge et le noir

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Par   •  30 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  487 Mots (2 Pages)  •  351 Vues

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        En quoi l’incipit du Rouge et le Noir est-il réaliste ?

        Le réalisme de cet incipit se mesure d’abord à la précision du cadre matériel. Le narrateur a soin de donner des toponymes (la petite ville de Verrières, le mont du Verra, la région de Franche-Comté, la rivière du Doubs, le massif du Jura) : les trois derniers étant réels et bien connus, le lecteur ne se rend pas compte que les deux premiers sont inventés. Le cadre naturel nous est donné à voir, grâce à la « pente d’une colline » couverte de maisons, la « haute montagne » qui abrite Verrières « du côté nord » et de laquelle un torrent « se précipite » pour traverser la ville. Quoique approximatif (« quelques centaines de pieds »), un chiffre permet d’évaluer la distance entre la ville et le cours du Doubs. Deux notations chromatiques (les « maisons blanches » et les « tuiles rouges ») contribuent à créer une image mentale. À ces considérations géographiques, Stendhal ajoute un détail d’ordre climatique qui permet au lecteur de compléter sa vision : « les cimes […] se couvrent de neige dès les premiers froids d’octobre ». Le mouvement général du texte est une sorte de zoom progressif, puisque l’on commence par situer la ville dans son cadre régional et topographique, avant de descendre jusqu’aux « façades » des maisons.

        Mais le réalisme n’est pas qu’une question de pure vraisemblance matérielle. Il se propose aussi de peindre une réalité typique, donc assez banale, incluant même des aspects triviaux non dissimulés, et de mettre l’accent sur les mécanismes sociaux. Ces trois éléments sont présents dans ces deux paragraphes. Verrières n’est qu’une « petite ville » ; le superlatif qui la qualifie (« l’une des plus jolies ») n’est qu’une possibilité subjective, car elle « peut passer pour » telle, sans que ce soit un jugement universel et incontestable. Son industrie n’est que « fort simple », et ses anciennes fortifications sont « maintenant ruinées », preuve qu’elle a traversé une longue période de relative pauvreté. Mais à celle-ci a maintenant succédé une « aisance générale » qui a permis de « rebâtir les façades » et que Stendhal situe dans l’Histoire : « depuis la chute de Napoléon », ce qui donne en même temps un repère chronologique. Quoique dotés d’ « un certain bien-être » par « un grand nombre de scies à bois » et même « enrichis » par « une fabrique de toiles peintes », les habitants restent toutefois « plus paysans que bourgeois ». On voit que le propos de Stendhal n’est pas de nous fournir une simple carte postale pittoresque : sa ville est, comme toute ville réelle, une ville qui travaille, qui gagne de l’argent et le réinvestit, une ville sur laquelle on peut porter un regard sociologique.

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