L'île des esclaves par Marivaux en 1725.
Fiche de lecture : L'île des esclaves par Marivaux en 1725.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar StallFive • 4 Avril 2022 • Fiche de lecture • 1 881 Mots (8 Pages) • 767 Vues
Thomas Roux TG2
FICHE DE LECTURE : L’ÎLE DES ESCLAVES
- Présenter le livre :
Cette pièce de théâtre intitulée L’île des Esclaves est une comédie écrite par Marivaux en 1725.
Marivaux était un écrivain du XVIIIème siècle, issu de la noblesse française, connu principalement pour son théâtre même s’il écrivit également des romans et fit du journalisme. Il fut élu à l’Académie Française en 1742, gage de la qualité de son travail à l’époque. Parmi toutes ses pièces de théâtre, le registre le plus présent est « les comédies morales » puisqu’il en écrivit quinze (contre deux comédies héroïques, dix comédies d’amour ou cinq comédies « d’intrigue » par exemple), L’île des Esclaves en faisant partie.
Marivaux n’a pas connu d’énorme succès de son vivant malgré sa carrière littéraire relativement fournie et variée, mais trouve un public enthousiaste de le lire dans sa postérité. (Il était tout de même connu, Beaumarchais qualifiera L’île des Esclaves de « petit bijou » et Voltaire écrivit une lettre expliquant son avis sur le style littéraire de Marivaux par exemple.)
Nous pouvons citer comme autres exemples de ses œuvres connues La Dispute (1747) (également une comédie morale) ou La Vie de Marianne (1726-1741) (son œuvre romanesque principale, mais inachevée).
L’île des Esclaves se situe dans le courant des lumières pour sa visée morale, plus précisément de dénonciation des hiérarchies sociales de son temps (relation et rapport de force maitre-valet), ce qui est le thème principal de cette œuvre. Le contexte historique et culturel de la France au XVIII est donc assez propice à la publication de cette œuvre (le livre étant publié en 1725 et le courant des lumières allant de 1715 à 1789). Dans la vie de l’auteur, cette pièce n’a pas d’impact majeur, c’est une pièce parmi d’autres.
La pièce peut se résumer ainsi : Tout commence par un naufrage, le bateau d’Iphicrate et son valet Arlequin échoue sur l'île des esclaves. C’est une une île fondée par d’anciens esclaves où les règles de la société sont différentes. Les maîtres deviennent les valets et les valets les maîtres. Iphicrate et Arlequin échangent donc leur condition, leurs noms, etc... De même pour Euphrosine et sa servante (plus précisément soubrette) Cléanthis (personnages dans la même situation qu’Arlequin et Iphicrate).
A leur arrivé, Trivelin (ancien esclave du coup), gouverneur de l’île, explique aux nouveaux arrivants la loi en vigueur. Trivelin demande ensuite à la servante Cléanthis de tracer le portrait de sa maîtresse Euphrosine, à qui il dit mettre fin à cette scène si elle reconnaît que la description est réaliste. Pareil entre Iphicrate et Arlequin. Cela n’est pas dans un but de vengeance mais un but pédagogique, pour que les maitres tirent une leçon de cette expérience.
Suit une scène de séduction « comme les nobles » entre les personnages qui veulent s’y essayer. Arlequin entreprend la conquête d'Euphrosine.
Arlequin finit par pardonner à son maître et renonce à son statut, Cléanthis fait de même. Trivelin donne ensuite la morale de la comédie en disant aux serviteurs : "Nous aurions puni vos vengeances comme nous avons puni leurs duretés" et aux maîtres : "Vous avez été leurs maîtres, et vous avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres et ils vous pardonnent ; faîtes vos réflexions là-dessus. La différence des conditions n'est qu'une épreuve que les dieux font sur nous"
- Notions du programme
Cette œuvre est en lien avec plusieurs axes du programme de philosophie de terminale, le principal étant évidemment celui de la Justice (par l’enjeu de justice sociale dans l’œuvre). On peut aussi voir des échos aux axes de la Liberté, de l’Etat ainsi que du Devoir (moral ici).
- Questions philosophiques
La question principale soulevée par l’auteur est donc celle de la justice sociale, « le statut social étant basé sur le fait d’être bien née, donc sur la chance, est-il légitime que le maître soit barbare envers son semblable humain, son valet, puisqu’il aurait pu être à sa place ? ». Ou formulée autrement, « le statut social étant injuste, ne faudrait-il pas que les maîtres essayent d’être plus justes avec leurs esclaves et ne pas considérer la hiérarchie en place comme due et légitime, prendre en conscience qu’elle peut changer ? ».
L’œuvre a pour but de faire réaliser aux spectateurs, à travers l’inversion des rôles, l’enjeu social du rapport de force entre le maître et l’esclave, et de faire réfléchir aux conditions des serviteurs au XVIIIème siècle.
L’auteur apporte donc une réponse en disant que pour que le maître soit juste, il faut qu’il ait une conscience morale développée à ces sujets-là et qu’il ait une prise de conscience s’il n’est pas déjà moral. D’où le côté assez dénonciateur de la pièce visant à attirer l’attention pour dénoncer les conditions de traitements des servants, pour faire avoir une prise de conscience générale à la société.
Ce qui soulève une autre question, « comment faire que le maître prenne en conscience son mauvais comportement pour le changer ? ».
Et c’est là qu’intervient l’intérêt de la pièce, dénoncer. Il dénonce par l’humour pour faire changer les choses, procédé encore utilisés aujourd’hui par de nombreux humoristes engagés politiquement. Il fait réfléchir les spectateurs par sa pièce, aux bons comportements, les comportements moraux. Il aiguise la conscience morale du peuple (puisque comme vu en cours, la morale est acquise, et diffère selon les sociétés. Elle peut donc être modifiée, ne serait-ce que par le biais des mœurs.).
- Réception critique de l’œuvre :
La réception critique de l’œuvre à l’époque est assez bonne, comme je l’ai dit Beaumarchais en dira que c’est un « petit bijou ». Contrairement à certaines pièces qu’il a présentées, ce n’est pas un échec. La réception de l’œuvre au XXIème siècle est bien supérieure puisque cette œuvre est très souvent étudiée au lycée et dans le supérieur, pour son côté très moderne. Elle est souvent appréciée des professeurs et du monde de l’éducation de nos jours.
On pourrait comparer cette pièce à une autres de ses comédies morales, La Colonie (amélioration de son échec La Nouvelle Colonie) qui elle dénonce les institutions de son époque par une utopie féministe où les femmes seraient au pouvoir. On y retrouve la même soif de prise de conscience à travers son humour, puisqu’il y défend la libération des femmes, déjà en 1750 (date de parution de La Colonie).
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