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L'éducation sentimentale - Flaubert

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Par   •  1 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  807 Mots (4 Pages)  •  1 829 Vues

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I. L’Éducation sentimentale

           L’éducation sentimentale de Gustave Flaubert, publiée en 1869 avec un succès mitigé est, en France, le grand roman réaliste de l'échec et du désenchantement de toute une génération de jeunes hommes, contemporains de l'auteur, confrontés à la Révolution de 1848. Frédéric Moreau, 1er anti-héros français, assiste en spectateur, surtout préoccupé de son amour pour Mme Arnoux, femme mariée, qui n'est pas venue au rendez-vous, à une nouvelle insurrection populaire visant à chasser le Roi Louis-Philippe du Palais Royal. Nous nous demanderons si la vision des personnages, pour être réaliste, peut être pour autant qualifiée d'objective. Nous répondrons en étudiant un premier procédé du réalisme : l'adoption du point de vue narratif, puis la science du détail et enfin, la présence d'un regard quelque peu subjectif car ironique et pessimiste.

  1. Point de vue narratif

  1. Narration omnisciente qui parfois devient externe
  • métaphore maritime → une caméra n'aurait pas fait ce rapprochement
  • ''on'' → le narrateur est parmi les spectateurs
  • point de vue interne parfois
  • on entend avant de voir avant de comprendre → ce point de vue souligne des perceptions sensorielles
  • tableau visuel avec la métaphore maritime, le feu etc...
  • l'oubli du nom du cavalier car aucun des insurgés ne le connaît → le lecteur n'en saura donc pas plus que les acteurs
  1. Ce joint une narration interne
  • avec Frédéric
  • ''n'avait pas l'air'', ''de vrais blessés'', ''il lui semblait'' → réflexion intellectuelle
  • le lecteur voit par les yeux du personnage
  • perception tactile ''sentit'' → Frédéric comprend l'horreur
  1. Réalisme : la scène des détails
  1. Le vieillard
  • Flaubert insère un détail historique vrai : le vieillard
  • description des symboles, du cheval et de l'habit
  1. Réalités militaires
  • Réalisme lexical : il emploie des mots précis :

troupe de ligne = armée royaliste

les municipaux = grade de Paris

les gardes nationaux

shakos = coiffe militaire

  • le détail du bûcher qui sent la chose vue et étudiée
  • les flaques, la boue, le sang : termes prosaïques

  1. Description des lieux
  • ''à droite'', ''derrière'', ''en face'', etc... → réalisme cinématographique
  • évocation de la brume → jour triste
  1. Représentation pas entièrement objective
  1. Flaubert essaye d'être objectif
  • par le biais de son anti-héros
  • ''fasciné'' n'est pas forcément subjectif, la foule peut être fascinante
  • fascination exprimée avec la métaphore maritime : le peuple est grandi, peuple grandi par le spectacle du feu ''comme un solfatare'' → touche épique donc plus de réalisme
  1. Mépris envers peuple
  • cette subjectivité tient plus au mépris envers le peuple que à la touche épique
  • l'ironie frappe d'abord Frédéric
  • ''ne bougeait pas'' → il est passif et neutre, il n'a pas d'engagement
  • ''s'amusant extrêmement'' → réaction déplacée, inconscience de la gravité de la situation
  • sa sensibilité ne va pas plus loin que le physique
  • il ne réagit que quand il se sent visé : ''il se sentit furieux'' → réaction enfantine
  • mais son élan est stoppé net avec le garde national → refus du narrateur de donner le moindre moment d'héroïsme au personnage
  1. Regard méprisant sur le peuple
  • ''la multitude'' → indiscipline de la foule
  • ''se rua'', ''intrépide'' → forme d'ironie d'un peuple courageux mais désordonné : ''s'abattirent'', ''des bandes''
  • cette foule n'a pas l'héroïsme des épopées : ils prennent la chose à la légère, la foule s'insurge comme si elle festoyait : ''cris aigus'', ''hourras de triomphe'', ''les marchant de vin étaient ouverts ; on allait de temps à autre y fumer une pipe, boire une chope, puis on retournait se battre''
  • comportement sans dignité de la foule
  • peuple mauvais : ''Un chien hurlait. Cela faisait rire.''
  • on peut ajouter au manque de dignité la fuite du Roi
  • pillage du Palais Royal : motivations très loin de l'épopée
  • dernier paragraphe = gros plan pessimiste sur le peuple
  • ''un cocher de fiacre'', ''curieux'' → certains n'ont même pas combattu et profitent de la situation
  • ''voracement → ils se comportent comme des animaux, comme des voleurs
  • au lieu de célébrer la victoire, ils mangent → on a l'impression que l'insurrection n'avait aucun sens politique et intellectuel

→ Ce qui est en fait annoncé ici, c'est l'échec de la 2e République

          En définitive, la vision est réaliste, reposant sur une riche documentation et le témoignage personnel. Le réalisme est souligné par un point de vue impersonnel faisant découvrir au lecteur petit à petit et partiellement l'horreur d'une révolution, procédé repris à Stendhal. Ce réalisme est également souligné par les détails et la précision des termes employés. Pour autant, la véracité de cette évocation historique ne supprime pas sa relative subjectivité à travers la fascination inconsciente du narrateur et anti-héros. Son mépris pour toutes les composantes du peuple indique son scepticisme quand à l'avenir de la République. Même s'il s'efforce d'offrir un regard objectif, on ne peut qu'opposer son évocation du peuple à celle de Victor Hugo et de Zola.

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