Kant et La petite robe rouge

Kant et la petite robe rouge, un apologue ?

Qu’est ce qu’un apologue ?

• Un apologue est un genre littéraire de l’argumentation indirecte. C’est un moyen pour l’auteur de véhiculer des idées par le biais de la fiction et de personnages imaginaires. Le détour par la fiction permet à l’auteur d’énoncer de violentes critiques sans pour autant les assumer en son nom et ainsi contourner la censure.
• Caractéristiques : un apologue est un récit plus ou moins bref, en vers ou en prose, qui a débouche sur une leçon. Ce récit a pour fonction d’illustrer une leçon morale qui peut (pas toujours) être formulée explicitement. L’apologue propose des personnages et des situations symboliques représentatifs de la morale que l’auteur veut dégager.
• L’apologue a deux visées majeures :         

• Une visée ludique : il cherche à plaire le lecteur, à le séduire, à le divertir
• Une visée didactique : le but ultime de l’apologue est de délivrer une leçon de vie, une morale, à développer l’esprit critique du lecteur

La visée ludique de Kant et la petite robe rouge :

• Le recours à la fiction et à des personnages imaginaires :

Même si les personnages choisis sont réalistes et vraisemblables (ce sont des personnes qui auraient très bien pu exister), ce sont tout de même des personnages inventés par l’auteur. L’usage de ces personnages pour défendre la place de la femme dans la société permet à Lamia Berrada-Berca d’émettre une critique sur la société mais d’une manière implicite.

La visée didactique :

• Réflexion sur la place de la femme musulmane dans la société :

• L’auteur critique le fait que les femmes sont laissées dans l’ignorance (analphabétisme) afin de pouvoir les contrôler et les réduire en esclavages. Elles sont comme des « mineurs » : elles ne peuvent se servir de leur entendement (pouvoir de penser) et vivre comme un individu à part entière.
• L’éducation des femmes est dogmatique : on leur apprend que c’est pécher que de vivre pour sois, comme un individu.

« Le désir d’une robe rouge est un affreux péché quand on est une femme ; car le premier des péchés est d’abord de réaliser qu’elle est – c’est la vérité somme toute – une femme ; car le second des péchés est de croire naïvement qu’elle est une femme comme toutes les autres qui pourrait comme toutes les autres s’exprimer ;  car le troisième des péchés est de se dire qu’elle peut en effet avoir un désir et l’exprimer ; car le quatrième des péchés est d’avoir un désir à soi qui fait prendre conscience qu’on peut exister pour soi ; car le cinquième des péchés est de vouloir exister à part entière et le sixième péché lui fait dire naïvement qu’elle a envi d’y croire, alors le septième péché arrive, le septième péché fait naître en elle l’idée qu’elle est un individu » (chap.7)

• Critique du fanatisme religieux

• L’auteur dénonce le fait que la burka est imposée aux jeunes filles contre leur volonté, le motif étant que les femmes ont le devoir de se protéger des désirs des hommes qui eux ont le droit de désirer.

« C’est être protégée que d’être dans le noir, protégée du désir des hommes qui  ont le droit eux de désirer. Mais tous ce que font ou désirent les hommes est toujours normal. C’est aux femmes de protéger les hommes d’elles-mêmes. Le grand péché des femmes […] a toujours été de tenter l’homme. Voilà pourquoi il faut rappeler éternellement aux femmes comme elle leur impureté originelle. » (chap3)

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