Jean-Paul Sartre

JEAN-PAUL SARTRE

Une jeunesse douillette

Depuis la Guerre jusqu'à sa mort, Jean-Paul Sartre a été le point de référence des intellectuels, des militants de gauche et des jeunes. Il naît en 1905 dans une famille de la grande bourgeoisie. Dans Les Mots, une autobiographie, il raconte son enfance douillette et essaie d'expliquer l'homme qu'il est devenu par l'enfant qu'il a été. Après la libération, Sartre abandonne l'enseignement pour se consacrer exclusivement à ses oeuvres philosophiques ou littéraires. Dans tous ses livres, Sartre pose les problèmes qui l'angoissent. La Nausée et Les Chemins de la liberté mettent en place le problème de l'existence. Les Mouches pose la question politique de la Résistance; Huis clos, celle de la difficulté de vivre dans le monde aux côtés des autres; Les Mains sales, celle de la fin et des moyens dans l'action politique. Dès 1945, dans son essai Qu’est-ce que la littérature?, Sartre s’interroge sur la fonction de l'écrivain, et il conclut qu'écrire doit être un engagement, un moyen de combat pour de mettre au service de l'homme.

La Nausée, un journal intime tenu par Antoine Roquentin, un jeune homme de 33 ans, qui correspond à l'âge de Sartre quand il a écrit le livre, traduit le mal de vivre de ceux qui ne savent plus quelle signification donner à l'existence. Roquentin arrive à douter de lui-même et de sa pensée. Il découvre la "nausée", c'est-à-dire un sentiment de dégoût de l'existence. Tout lui semble absurde. Ses recherches sur le passé lui apparaissent vaines. À la fin, Roquentin croit trouver la solution de l'art comme ultime justification, puisqu'il réussit à faire une œuvre d'art en racontant sa vie.

Sartre a beaucoup écrit pour le théâtre, car la scène est un lieu privilégié pour incarner la réflexion philosophique et proposer des solutions.

Les Mouches est une pièce écrite en 1943 qui s'inspire du mythe d'Oreste et pose le problème de la liberté et de la responsabilité individuelles, sans donner de solution politique. Oreste est fier parce qu'il a le sentiment d'avoir trouvé un sens à sa vie en accomplissant un acte qui le distingue des autres: poussé par sa soeur tuera sa mère et Egisthe, son amant motivé par  l'orgueil personnel. Cet acte, qui exprime la liberté individuelle, a une valeur sociale dans la libération de l'oppression.

Avec Huis Clos, Sartre poursuit sa réflexion sur l'existence de l'homme et sur la responsabilité. Il démontre que l'homme existe uniquement sous le regard de l'autre qui juge leurs actions.

L'engagement

L'artiste, ou pour mieux dire l'écrivain, est engagé puisque il place son art au service d'un idéal humain. Cette conception, qui s'est développée en particulier au XXe siècle, s'oppose à la recherche de la beauté de l'art pour l'art et des parnassiens. La poésie doit se faire peuple et devenir populaire comme la religion, la raison et la philosophie. Émile Zola devient le prototype de l'écrivain engagé avec sa lettre "J'accuse" en 1898.

• Le mot engagement fait son apparition peu après la Seconde Guerre mondiale, lorsque Jean-Paul Sartre, Raymond Aron, Simone de Beauvoir et Jean Paulhan fondent Les Temps modernes, une revue ouverte aux problèmes sociaux et politiques. Sartre est l'auteur d'essais en tout genre, sur les droits de l'homme, l'Algérie, le racisme etc, réunis dans les dix volumes de Situations.

Différence entre Sartre et Camus

La philosophie de Sartre et Camus se concentre principalement sur la condition humaine, donc sur l’homme. Mais, si par sa philosophie Sartre développe surtout le concept de la liberté, au contraire Camus développe le concept de la révolte qui s’origine de la liberté.

• Sartre affirme que la liberté fait partie de l’homme à partir de sa naissance. En effet, selon lui la liberté est un des facteurs fondamentaux de la condition de l’homme. Les hommes sont libres, mais ce ne signifie pas qu’ils sont heureux parce que la liberté comporte une responsabilité, l’obligation à choisir. Donc la condition humaine qui Sartre dresse avec sa philosophie est une condition mauvaise parce que l’homme même s’il est libre, doit toujours choisir et cet aspect implique une contrainte qui conditionne sa vie.

•  En revanche, Camus affirme que l’homme doit conquérir la liberté et le seul moyen qu’il a est la révolte. Selon Camus la condition humaine s’améliore avec la solidarité entre les hommes qui peuvent obtenir la liberté par la révolte. Il prône une révolte pacifique, fondée sur la morale et la solidarité et qui vise non pas à construire un État nouveau comme voulait Sartre, mais à humaniser ceux qui existent déjà.

En conclusion, on peut dire que le concept de liberté de Sartre est différent du concept de Camus. En effet, pour Sartre la liberté fait partie de l’homme et n’est pas toujours un aspect positif; au contraire pour Camus la liberté peut être conquise par la révolte et améliore la condition humaine.

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