Gide, les faux monnayeurs roman et journal du roman
Dissertation : Gide, les faux monnayeurs roman et journal du roman. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sandra Lavedan • 8 Novembre 2017 • Dissertation • 1 141 Mots (5 Pages) • 1 363 Vues
Terminale L Gide Bac blanc
Q 2 : (sur 12 points)
En quoi Gide renouvelle-t-il le genre romanesque en nous livrant son roman et le Journal de son roman ?
Romancier A Gide dès sa jeunesse se rêve romancier.
Les FM = acmé de son parcours, puisque la représentation de son unique roman (selon sa propre conception du roman.
Genre romanesque en crise en cette fin du XIXè siècle
Refus du réalisme et du naturalisme « pas de personnages qui font concurrence à l’état civil », + refus des descriptions qui sont des imitations de la réalité = affirmation esthétique dans le JFM et FM
Nbreuses œuvres sont entreprises comme des romans puis requalifiées (soties, récits,…)
Sa conception du roman : « le roman, tel que je le reconnais ou l’imagine, comporte une diversité de points de vue, soumise à la diversité des personnages qu’il met en scène : c’est par essence une œuvre déconcentrée. Il m’importe du reste beaucoup moins d’en formuler la théorie que d’en écrire. » Projet de Préface pour Isabelle
Problématique : En quoi Gide renouvelle-t-il le genre romanesque en nous livrant son roman et le Journal de son roman ? = la lecture des FM et du JFM retrace-t-elle l’ambition de Gide de créer un roman, un roman novateur, l’unique roman de sa carrière ?
- Un genre romanesque conçu comme idéal
- Les écrits antérieurs= déni du titre de roman / exigence toujours renouvelée
Préparation toujours renouvelée du genre romanesque, réflexion jusque-là insatisfaisante, et attribution aux autres écrits de « soties, récits, autobiographies,…)
Ecriture d’un seul roman
- Un roman touffu, ambitieux,
- Synthèse de toutes les genres :
- Le roman d’aventures
- Le roman d’initiation
- Le roman sentimental
- Le roman épistolaire
- Le roman qui attrait au journal intime
- Multiplie les intrigues :
Nbreuses familles, relations qui se croisent entre les personnages, intrigues relatées avec une forme d’incertitude (pas de connaissance omnisciente), dévoilement progressif de certains aspects de l’histoire maintenus cachés (trafic de fausse-monnaie dans le Jardin du L)
- Références constantes à la littérature, française et étrangère, classique et contemporaine…
Epigraphes au début des chapitres, citations dans le JFM (Tartuffe par ex, le personnage de Jarry dans le banquet des Argonautes
- Le modèle inaccessible : le roman pur (celui d’Edouard) : roman musical qui explore l’art de la fugue
- Structure qui donne du sens à l’ensemble du roman : effets d’écho (tir à blanc de Jarry ancticipe-t-il sur celui qui tue Boris, les deux naufrages,….)
- L’ambition de la variation des motifs : multiplicité du traitement des motifs,… comme celui du suicide (La Pérouse, Olivier, avant de réussir avec Boris), celui de la bâtardise (Bernard, l’enfant de Laura, Boris), ou encore celui des infidélités conjugales (couples qui se défont –séparations ou infidélités- et font écho à la décristallisation),…
- Le rejet d’un roman centré sur une intrigue unique (et même une voix) : sujet exposé par le jeune Lucien à la fin du chapitre 1 (I) de la première partie comme pour annoncer les ambitions de l’écrivain (préférer le roman d’un lieu à celui de personnages), laisse ici la voix à un jeune homme qui pourrait bien lui aussi devenir écrivain…
- Un roman à l’esthétique nouvelle
- Le statut des personnages
- Refus de la caricature (personnages aux valeurs manichéennes, comme l’exemple des romantiques), du personnage réaliste
- Des personnages autonomes et actifs « bobines vivantes » qui conduisent l’auteur dans des situations qui ne sont pas maîtrisées (influence du réel, imagination, autonomie des personnages dans leur évolution) : l’auteur n’est pas omniscient, il s’adapte à la création en train de se produire
- Meilleure façon de donner de l’existence au personnage est de le caractériser par une voix énonciative : place des discours rapportés (le tic de langage de Sarah sur la tournure « pour ne pas que » mentionnée dans le JFM du 1er novembre 1922 est employé en effet lorsqu’elle montre le carnet de son père « je l’ai pris pour ne pas qu’Armand le voie » FM p. 123
- Le choix de la polyphonie
- Voix des différentes formes de textes (lettres attribuées à des personnages différents, journal intime, dialogues rapportés au discours direct
- Point de vue qui correspond à la compréhension partielle du réel par le personnage (incipit/ non compréhension de ce qui se joue au Jardin du Luxembourg)
- Voix du narrateur qui intervient dans sa propre narration et commente les lacunes, ou fait le point sur la situation des personnages avant de relancer (II, ch 7)
- Le roman à idée : roman du diable
- Il fait notamment le projet d’un roman symboliste Allain au sein duquel il souhaite voir incarnés les combats intérieurs qui se déroulent en lui
« Deux acteurs : l’Ange et la Bête, adversaires _ l’âme et la chair. » = roman des affrontements, des duels,…
- Critique de l’éducation rigoriste de l’institution Vedel + révélation au grand jour de son carnet intime par Laura qui révèle ses pratiques (onanisme- les mêmes que celles dont on a accusé le jeune enfant Gide racontées dans Si le grain ne meurt)
- Les personnages mauvais, à l’influence pernicieuse : Passaavant auteur contre modèle qui pratique le plagiat à Olivier + Strouvilhou + Vincent (qui se livre au malin)
- Un roman qui met en scène l’écrivain écrivant
- Gide et Edouard, doubles partiels
- JFM et JDE se font écho
- Edouard et ses pratiques pédérastes (écho de Gide), sa critique des invertis (modèle Passavant qui est vraisemblablement inspiré par Cocteau)
- Différences entre l’écrivain qui achève son roman (Gide lui-même et les FM, publié, redoublé par la publication du JFM qui affiche les difficultés de l’écriture mais prouve par là-même à son lecteur qu’il a réussi à les dépasser) et celui qui n’en présente qu’un bref extrait (lu à Georges, avec intention de l’éduquer-donc visée moralisatrice) , noms de personnage ridicules,…
- Le roman comme laboratoire de l’écrivain = racontant les difficultés de l’écriture et l’échec / les échecs de l’entreprise d’écriture romanesque
- Echo des multiples déconvenues de Gide, ici la mise en abyme permet d’attribuer à Edouard les échecs, et de mener à terme son propre récit
- L’avancement du roman par à-coups : chronologie complètement déconstruite notamment pour la 1ère partie des FM, surgissement souhaité lors de chaque nouveau paragraphe (JFM « surgissement perpétue » « chaque nouveau chapitre pose un problème nouveau (2è cahier du JFM ) + développement du roman à l’envers ajouts fréquents d’évènements qui sont perçus comme devant se dérouler « avant »
- Difficultés à conclure + affirmation de choix (voir travail sur l’achèvement du roman)
- Jeu littéraire qui met le lecteur au défi : l’écrivain en posture dominante
- Construction largement maîtrisée : construction en 2 parties – devient 3 parties/vision d’un roman équilibré + effets d’échos = le lecteur en maîtrise-t-il la perfection si Gide ne la lui indique ?
- Doit-on lire le roman comme une représentation critique des auteurs contemporains de Gide ? Gide prétend-il éduquer son lecteur ? (sinon, pourquoi lui donner à lire des citations littéraires, son Journal,…)
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