Exercice : réécriture d'un poème de Victor Hugo
Commentaire de texte : Exercice : réécriture d'un poème de Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Folioclassique • 27 Mars 2017 • Commentaire de texte • 1 251 Mots (6 Pages) • 1 511 Vues
La poésie : exercice
Nous allons étudier Le poème « La Fin » de Tristan Corbière, issus de son unique recueil de poèmes Les amours jaunes, publié en 1873. Le poème de Corbière est composé de 3 strophes issues du poème « Oceano nox » du recueil Les rayons et les ombres de Victor Hugo, publié en 1840. Le poème de Victor Hugo est un rappel par le poète du triste destin des marins disparus en mer. Nous allons donc voir que le poème de Corbière est une réécriture critique de celui de Victor Hugo. Dans un premier temps, nous verrons les différences du point de vue de la forme du poème, puis dans un second paragraphe, nous nous pencherons sur la manière dont le poète s’adresse au lecteur et l’écriture du poème., et dans un troisième paragraphe nous découvrirons comment le poème ironise sur le sort des marins, ce qui est à l’opposé de la version de Victor Hugo.
Tout d’abord, la réécriture de Corbière est non seulement critique mais aussi nettement différente du point de vue de la forme et de la construction du poème. En effet, « La Fin » est divisé en 2 parties : la première étant composée de 5 strophes dont 2 quatrains et 3 sizains : les quatrains ont des rimes croisées et les sizains ont des rimes suivies puis embrassées. La deuxième partie est composée de 4 quatrains de rimes croisées. Dès le départ le ton est donné : la première strophe du poème de Corbière est une réponse à la première strophe du poème de Victor Hugo ; « eh bien, tous ces marins » est une réponse au premier vers de Victor Hugo « Oh ! combien de marins, combien de capitaines […] ». Cette réponse est nette et sert d’élément déclencheur puisque le poème est une sorte de monologue avec sans cesses des questions/réponses ou des questions rhétoriques pour aboutir à une critique d’ « Oceano nox ». Par exemple, le poète utilise des anadiploses de liaison comme dans les vers « Ou perdus dans un grain… / Un grain… est-ce la mort ça ? » ou bien « -et ça se dit sombrer. / Sombrer- Sondez ce mot. ». Cette figure de style consiste à reprendre au début d’un vers un élément qui se trouve à la fin du vers précédent ; cela permet donc de faire une sorte de symétrie dans le poème, une liaison avec la strophe suivante et ainsi poursuivre le développement et donner un sens chronologique à son argumentation. Il y a aussi l’emploi de la figure de style nommée l’épanadiplose qui consiste à répéter le même membre syntaxique au début et à la fin de la strophe, ce qui joue donc un rôle dans la forme du poème puisque cela permet de fixer l’attention du lecteur sur les mots importants, tout comme les mots en italique.
Corbière joue avec la ponctuation. L’emploi de la modalité exclamative est très présent tout au long du poème, tout comme les répétitions de l’exclamation « allons donc ! » ce qui donne l’impression que le poète veut dédramatiser la situation des marins. Les points de suspension sont omniprésents et permettent d’instaurer un rythme au poème mais aussi de marquer des pauses afin de laisser le temps de la réflexion au lecteur : « sondez ce mot ». Le poète s’adresse au lecteur et le prend à partie, il l’incite à réfléchir, à réagir et à témoigner par le biais de questions rhétoriques : « est-ce la mort ça ? » ; tandis que dans « Oceano nox » c’est le poète qui se fait témoin et porte-parole des marins et des veuves. On note aussi que le temps du poème est, pour sa quasi-totalité, au présent puisqu’il s’adresse au lecteur, ou bien au passé composé lorsqu’il raconte des faits issus du poème de Victor Hugo. L’emploi de tirets créé un effet de cassure, d’un aparté, comme si le poète se détachait de son poème pour nous interroger ou commenter son propre propos : « écoutez, écoutez la tourmente qui beugle !... ». Il y a cependant une similitude dans l’attitude des 2 poètes : en effet, ils donnent l’impression d’être au bord de l’océan d’un côté par le pronom démonstratif « ce morne océan » dans le poème d’Hugo ; et de l’autre par les gestes que l’on peut imaginer en accompagnant les paroles de Corbière : « voyez à l’horizon se soulever la houle » ou bien à travers l’exclamation « Ils sont là ! » qui est très explicite.
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