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Duras, Amant de la Chine du Nord, incipit (lecture analytique)

Commentaire de texte : Duras, Amant de la Chine du Nord, incipit (lecture analytique). Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  1 410 Mots (6 Pages)  •  1 486 Vues

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  1. Lecture analytique incipit de L'Amant de la Chine du Nord, p.13-15

I. Présentation du cadre, des personnages

1. Le cadre spatio-temporel

Le roman débute dans l’imprécision : aucune indication d’époque et rien de précis quant à la localisation.

On ne sait pas dans quel pays se déroule l’action.

Le lien évoqué reste imprécis: « une maison » l. 1 (indéfini), « au milieu d'une cour d'école »: pas de description précise, on sait juste qu'elle a « des portes et des fenêtres »

 

2. Les personnages

- Ils ne sont presque pas décrits non plus. Ils sont désignés essentiellement par les liens familiaux qui les unissent: l. 14: « la mère », l. 22 « le petit frère », l. 25 « le frère aîné », l. 31 « la soeur ».

- qq éléments d'information sont néanmoins donnés: la mère est une « Madame française » (marque de respect, renvoie à un certain statut social), elle joue du piano (a donc une certaine éducation), mais elle est déchue, elle est une reine (l.52: « Elle est au centre de son royaume »), mais une reine sans pouvoir, une reine qui a démissionné comme l'indique la répétition l. 54-55: « La mère n'empêche plus rien. Elle n'empêchera plus rien » (avec l'usage du futur qui annonce déjà la suite du roman).

Le petit frère s'appelle Paulo l.22 et est aimé par sa soeur (« adoré par cette jeune soeur ») avec qui il forme, nous dit-on, un « couple » l.30. Le narrateur le qualifie de manière méliorative: l. 16-17: « très jeune homme », « beau ». Il est faible et a peur du frère aîné: l. 39-40: « s'est couché », « pleure », « tremble ».

Le frère aîné s'appelle Pierre l. 25, il inspire la crainte (l.29-30 « les petits boys se sauvent épouvantés »), agit avec violence (cf champ lexical de la violence « pousse » l.33, « jette dehors » l.35). Cette violence est inexpliquée, elle lui est intrinsèque (l.34-35: comparative à valeur hypothétique « comme s'il était tenu par un besoin cruel »). il traite son frère comme une bête (cf comparaison l. 35 « comme il ferait d'un chien »).

Mais le personnage principal est surtout celui de la soeur, et la manière dont il est désigné est intéressante: l. 19: « Elle, c'est celle qui n'a de nom dans le premier livre ni dans celui qui l'avait précédé ni dans celui-ci. »: quels livres? L'Amant et ? Pourquoi n'est -elle pas nommée? Refus de l'identification autobiographique, refus de la fiction pure, impossibilité de la nommer parce qu'elle est toutes les jeunes filles en devenir d'être femme? Répétition l. 23 « celle-là qui n'est pas nommée » = insistance

II une « scène de ménage »

1. Le récit d'une scène de « nettoyage de printemps ».

Termes évoquant le nettoyage de la maison: l. 5 « l'eau ruisselle », « à grande eau » l.7, « on la baigne » l.7, « à grands jets d'eau » l.9, et présence du polyptote: l. 7 « on lave », l.10 « ils lavent », l.11 « tout en lavant ».

C'est une scène itérative comme l'indique l'expression « deux ou trois fois par an » l. 8

On entre donc dans un événement semi-exceptionnel dans le quotidien d'une famille. La dimension extraordinaire de l'événement est soulignée par l'ampleur du ménage: cf l'énumération des adverbes de lieu l. 5-6: « partout, dedans, dehors »: l'eau envahit tout. L'adjectif « grand » qualifie également les quantités d'eau à deux reprises (« grande eau », « grands jets d'eau »). Par ailleurs, ce ménage attire la foule: le voisinage en est témoin et acteur: l. 8 « des boys amis et des enfants de voisins sont venus voir » (on remarque que le public est jeune = divertissement pour les enfants, rappelle le fait que la maison se trouve dans une cour d'école)

2. l'atmosphère

- omniprésence de la musique qui envahit tout (cf polysyndète), plutôt gaie, « on dirait une fête » l.2

- scène vivante et joyeuse: qualificatifs positifs l. 13: « c'est une fête vive, heureuse » avec la reprise du mot « fête », insistance sur ce terme répété à 6 reprises, les personnages semblent s'amuser: actions décrites: l. 11: « ils dansent sur la musique européenne. Ils rient. Ils chantent. »: phrases brèves, énumération d'actions festives: dansent, rient, chantent.

- mais l'atmosphère va changer à l'arrivée d'un personnage: le frère aîné, la scène violente qui s'en suit transforme la fête en « fête », l'utilisation des guillemets l. 48 remet en cause l'idée même de fête et la joie qui a pu être évoquée au début de l'incipit.

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