« Doppelgänger », le double maléfique
Dissertation : « Doppelgänger », le double maléfique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar maeva.lk • 19 Janvier 2019 • Dissertation • 2 871 Mots (12 Pages) • 620 Vues
« Doppelgänger », le double maléfique
Il était à peine 17 heures quand mon chauffeur me déposa devant l’aéroport de Vancouver. J’avais peur de comme à l’allé, rater mon vole. Alors j’ai préféré arriver longtemps en avance, même si mon vole n’est qu’à 23 heures. J’étais donc là, 4 heures avant l’ouverture de mon embarquement pour le Québec, et 6 heures avant le départ de mon avion. Tirant mon petit bagage à main, je me traînais jusqu’au café-restaurant le plus proche, me laissais tomber sur un tabouret au comptoir, et, commandais un Caffe late. Ces vacances à Vancouver furent sûrement les meilleures vacances de ma vie. Je n’ai que de bons souvenirs d’enfance là-bas, et même après plus de 5 ans sans y être retournée je n’ai pas été déçue, loin de là. J’sai passé la majeure partie de mes vacances à Victoria, capitale de la Colombie-Britannique, qui se situe sur la pointe Sud de l’île de Vancouver. C’est une ville resplendissante, digne des plus grands décors de série. Je m’y suis rendu pour rendre visite à ma grand-mère, qui est la seule à être restée vivre là-bas. Mes parents et moi sommes parties lors de mes 6 ans, pour le Québec, mais nous essayons de nous rendre à Vancouver dès que nous pouvons et cette fois-ci j’y suis allée seule . Ma mère étant malade depuis 5 ans, ne pouvait pas nous accompagner mon père et moi. Alors j’ai attendu en pensant qu’elle irait mieux, mais cela n’a malheureusement pas été le cas, j’ai donc finalement décidé de partir seule. Ma mère n’a pas une maladie très grave, mais c’est une maladie assez méconnue, elle a donc besoin de son médecin qui la connait parfaitement, et de son traitement. C’était donc plus sûr pour elle de rester encore cette fois-ci au Québec. J’ai malgré tout passé un voyage magnifique. J’étais justement très triste que tout cela soit déjà fini, un peu triste aussi de rentrer au Québec, de retrouver cette routine que je hais tant, mais comme on dit ; toutes les bonnes choses ont une fin. Voyager, est sûrement l’une de mes plus grandes passions, et pour être honnête, j’ai déjà parcouru de nombreux pays. Mais malgré mes 24 ans, je n’avais jusque-là encore jamais voyagé seule, et, cela a été une très belle expérience.
Je dégustai donc mon café à ce comptoir, attendant patiemment que les 4 heures passent, afin que je puisse prendre mon vol. Mais malheureusement le temps s’avérait être très long, et les minutes défilaient à une allure très très lente. Seule, sur mon tabouret, je repensais au flash info de ce matin, dans la ville de Nanaimo, non loin de Victoria d’ailleurs, une jeune fille a été retrouvée morte au pied d’une falaise, mais les scientifiques n’ont pas encore identifiés le corps. C’est horrible, mourir si jeune, personne ne sait encore si c’est un accident, ou un suicide. Mais c’est tellement triste qu’un évènement si tragique puisse se produire dans une si belle ville comme Nanaimo, je m’y suis rendu ces vacances-ci pour y passer une petite journée, et c’est vraiment très jolie, cela ne surpasse pas Victoria mais cela vaut le coup de s’y rendre. Je me mis alors à repenser à tous ces beaux moments passés à Vancouver. Plongée dans mes pensées, je ne remarquai pas tout de suite la jeune fille qui s’était assise à mes côtés. Mais par contre, je remarquai assez vite l’énorme valise qu’elle posa juste à côté de mon tabouret, volant ainsi le peu d’espace vitale qu’il me restait. Déjà que les sièges n’étaient pas énormes, alors là. Elle cala ensuite sous le comptoir, non pas sans difficulté, un énorme sac à dos. Je tentai alors de replonger dans mes sombres pensées, mais la jeune fille à mes côtés m’interloqua.
-Un coca-fraise s’il vous plaît. Avait-elle demandé au serveur.
Son accent n’était pas un simple accent Américain, Britannique ou je ne sais quoi. Il était mêlé à du Français et je ne serais quoi dire d’autre. Une langue Slave peut-être ? Sa prononciation et sa commande avaient tout de suite attirées mon attention. Un coca, n’est-ce pas déjà assez sucré ? Pourquoi en plus y rajouter du sirop fait uniquement à base de sucre ? Enfin bon, nostalgique et maussade comme je l’étais, tout ce qui pouvait s’approcher d’une moindre distraction était de toute façon la bienvenue. Je l’observais alors du coin de l’œil pendant qu’elle touillait son fameux Coca-fraise. Drôle de fille, grande, plutôt mince et élancé, pas une beauté, mais agréable à regarder. Une peau claire, marquée par quelques coups de soleil, des cheveux bruns bouclés et relativement longs, un visage pâle, parsemé de nombreuses tâches de rousseurs, les joues rougis par le froid. Mais ce qui me marqua le plus, c’était ses yeux. Un œil d’un vert profond, et l’autre d’un brun clair, ils étaient tout simplement transperçant, comme si rien qu’avec un regard, elle pouvait vous cerner, découvrir vos secrets et mensonges les plus enfouis, scanner votre âme et savoir qui vous êtes réellement. Ils étaient magnifiques, déconcertants, à la fois envoutants et à la fois terrifiants. Ce sont les yeux les plus étranges et beaux que j’ai vu de toute ma petite vie. Je continuai alors mon analyse. Elle portait une parka noir, un jean, et de simples bottes, tout ce qu’il y a de plus commun.
L’arrêt du tintement du touilleur, me fit lever les yeux de ses chaussures, et m’obligea à affronter ce fameux regard aussi beau que déstabilisant. Elle avait dû s’apercevoir que je l’observais, car, elle me regardait d’un air ennuyé et curieux, se demandant ce que je lui voulais pour la regarder avec une telle insistance. Pourtant avec des yeux pareils, on doit sûrement avoir l’habitude d’être épié de la sorte. Je ne suis pas le genre de fille qui aborde les inconnus au bar. Mais bon, je ne suis pas non plus habituellement accoudé seule, au comptoir d’un café d’aéroport, à déprimer sur la nostalgie d’un voyage à peine passé. Je décidais donc, d’amorcer la conversation avec un léger sourire en lui demandant d’où elle revenait. De tout façon, j’avais une chance sur deux de me prendre un vent, alors, cela ne me coûtait pas grand-chose d’essayer. A ma grande surprise elle me répondit :
- Nanaimo une petite ville au Sud de l’île de Vancouver. Et vous ?
-Oh et bien je n’étais pas très loin, Victoria.
-Il paraît que c’est une ville magnifique, mais je n’ai pas encore eu l’occasion de m’y rendre.
-En effet cette ville est resplendissante vous rater quelque chose. Répondis-je fièrement avec une pointe d’humour.
Elle souria alors légèrement. Je relançai la conversation en lui demandant si elle voyageait seule, ce à quoi elle répondit :
-Oui. Même si à un moment j’en ai douté… Répondit-elle hésitante, comme perdue dans ses pensées.
Je fronçai les sourcils ? Que voulait-elle dire par là ? Mon incompréhension avait dû se lire sur mon visage perplexe, car elle rit, puis me confia :
-C’est une drôle d’histoire, un peu longue. Je ne pense pas que vous ayez le temps pour l’écouter.
Du temps j’en avais à revendre, je jetai un coup d’œil à ma montre qui affichait à peine 18 heures. Mon vol ne partait qu’à 23h.Je lui répondit alors sarcastiquement :
-Et bien, si votre histoire ne dure pas plus de 4 heures, je suis tout ouïe.
Alors elle commença son long récit.
Elle avait passé deux semaines dans la petite ville de Nanaimo, découvrant les alentours, à sillonner le coin à vélo. Ce qui explique, ses légés coups de soleil sur son visage. Un voyage rythmé par des balades à vélo, à pieds, par la nature, tout cela entrecoupé par des dégustations locales. « Vous n’imaginez pas à quel point je peux aimer les pâtes » me dit-elle. Elle voyageait seule parce qu’elle aimait ça. Cela lui donnait une impression de liberté totale, sans aucunes contraintes que celles qu’elle voulait bien se donner. Et puis elle en avait besoin. Pour évacuer ses démons, quels qu’ils aient bien pu être, disait-elle. Et ce face à face avec elle-même l’avait selon elle beaucoup aidé, et avait très bien fonctionné. Du moins, jusqu’à ce qu’elle se retrouve réellement face à elle-même. Ce n’était pas très clair pour moi. Mais cela devait l’être pour elle, puisque encore une fois, son rire mélodieux retentit face à mon air perplexe.
-Vous connaissez cette impression de déjà vu ? Celle que nous avons tous eu un jour. Eh bien, dans mon cas, ce fut une impression de « déjà connu ». Me dit-elle pour que je comprenne mieux
Cela ne m’aida pas à mieux comprendre, j’étais toujours aussi perdue.
-Quand on voyage seule, on est à la merci de ses pensées. Et…On a tendance à… Comment dire, à avoir sa propre perception du monde. Une perception de plus en plus différente et parfois étrange. Nos pensées se bousculent et nous sommes un peu perdues au milieu de tout cela. On a presque l’impression de devenir fou. Et on fait alors, beaucoup plus attention au monde qui nous entoure. Me dit-elle hésitante.
Et bien, pour elle, c’est cette nouvelle perception du monde qui lui a permis de remarquer La Fille. Au début, cela n’avait été qu’une impression, celle qui vous met mal à l’aise, comme si quelqu’un vous fixait intensément. Un jour, où elle se baladait tranquillement, elle avait aperçu une silhouette qui lui était familière au coin de l’œil. Elle était assez loin, trop pour bien la distinguer, mais elle lui avait immédiatement rappelé quelqu’un. Qui ? Elle n’aurait pas su le dire. Mais quelqu’un oui, c’était sûr. Elle était persuadée de connaître cette Fille. Au final, elle n’y avait pas prêté plus d’attention et était retournée à sa petite balade.
Deux jours plus tard, alors qu’elle descendait à vélo vers le quartier (Old City Quarter), elle avait eu une impression similaire. Elle allait trop vite pour voir ses traits, mais c’était bien la même fille, elle en aurait mis sa main à couper. Et encore une fois, Elle lui avait parue familière.
C’est le lendemain lorsqu’elle La croisa pour la troisième fois qu’elle commença à se poser des questions. Qui était-Elle ? Pourquoi avait-elle l’impression de la connaître ? Pourquoi la suivait-elle ? Que lui voulait-elle ? Ce soir-là, me dit-elle, elle s’était habillé simplement comme à son habitude avec un jean noir, un t-shirt blanc et ses fameuses bottes. Elle lisait un roman policier du nom de Murder, au Pipers Lagoon Park tranquillement assise sur l’herbe, quand, levant les yeux de son bouquin, elle L’avait vue. A quelques mètres sur sa droite, Elle était là, Elle aussi assise, et Elle aussi, lisait. Elle avait des cheveux bruns bouclés et relativement longs, un jean noir, un t-shirt blanc et des bottes. Sur le coup, ma voisine de tabouret s’était amusée de leur ressemblance, même cheveux, même tenue. Elle trouvait cela étonnant, mais aussi très marrant. Elle s’était dit qu’après douze jour à voyager seule, son cerveau lui faisait ressentir qu’elle avait besoin de compagnie.
Plus tard dans la soirée, elle décida d’allait s’installer sur la terrasse d’un restaurant non loin du parc, afin de dîner. Elle n’était même pas assise depuis dix minutes, qu’une autre jeune femme, placée par le serveur, pris place à la table d’à côté. Sans prêter attention à ce qui l’entourait, la nouvelle arrivée s’était plongée dans son menu, tandis que mon interlocutrice adepte du coca-fraise, la fixait avec stupeur. La Fille en question était grande, plutôt mince et élancé. Une peau claire, marquée de quelques coups de soleil, des cheveux bruns bouclés et relativement longs, un visage pâle, parsemé de nombreuses tâches de rousseurs, les joues rougis par le froid. Et ses yeux, me dit-elle, ce n’était pas des yeux communs, c’était des yeux verrons, un œil vert profond et un autre brun clair. C’était stupéfiant et effrayant. A côté d’elle, sur sa table, était posé un roman policier… Murder. Mon interlocutrice continua et me dit « pour la première fois de ma vie, j’ai eu du mal à apprécier mes pâtes. Je ne me souviens même plus à quoi elles étaient. Tout ce dont je me souviens c’est d’avoir pris mon vélo, et être rentrer à mon hôtel au plus vite, en pédalant comme une dingue. En me disant que j’étais en train de le devenir». Et dingue, elle avait dû l’être un bref instant, car, alors qu’elle prêtait une attention accrue à son entourage, pendant les deux jours qui suivirent aucune trace de La Fille. Au quinzième et dernier jour de son voyage, elle avait arrêté de se prendre la tête avec son imagination trop débordante. Et décida de se rendre pour profiter pleinement de la fin de ses vacances, au Westwood Lake Park, un endroit magnifique. Elle s’y rendit à vélo, comme à son habitude. Une fois arrivé dans le parc, elle alla s’installer au bord du lac pour profiter de la vue magique qui s’offrait à elle. Elle repensait alors à ses vacances et plongea dans ses pensées. Quand soudain elle sentit une présence à ses côtés. La fille était venu s’assoir à moins de 5 mètres d’elle, et faisait mine de ne pas voir mon interlocutrice, La Fille était plongé dans ce même roman que le soir du troisième jour. Stupéfaite, elle n’avait rien trouvé à dire, et continua l’admiration du lac plongée dans ses pensées. Enfin elle essayait. « Car au fond de moi, je savais qu’il y avait un problème. Cette Fille m’épiait. Me suivait. Me copiait. Elle me voulait quelque chose, et je sentais que ce n’était pas du bien. Pourtant, j’étais trop perturbé pour agir, et continuai donc l’admiration du lac. ». A cet instant de son récit, ma compagne de bar m’avait regardé droit dans les yeux, comme pour vérifier si je la croyais. Elle a dut être satisfaite puisqu’elle continua son récit. Et me raconta que :
Un moment elle décida de partir en courant, bien décidée à profiter de son dernier jour, loin de cette étrange fille. Se sentant enfin seule, elle ralentit. Observait la belle nature qui l’entourait. Elle se dirigea alors vers la pointe d’une montagne, afin d’avoir une vue imprenable sur le parc. A un moment elle sentit une présence, regarda autour d’elle, mais rien. Ce n’est qu’arrivé en haut qu’elle L’avait aperçue. La Fille était là, assise sur le bord de la falaise. Elle avait l’air de l’attendre. Lorsque leurs regards verrons s’étaient croisés, La Fille lui avait souri, à pleines dents, d’un sourire horizontale, un peu crispé. « Comme ça » m’avait-elle montré.
-D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours souris de cette façon. Le sourire Wallace&Gromit mes amis l’appellent.
C’était vrai qu’elle avait un sourire de dessin animé, tout droit, sans que les extrémités de sa bouche ne remontent vers ses yeux.
-Elle souriait exactement comme vous ? Lui demandai-je, ne comprenant pas ce que cela pouvait bien dire.
-Exactement comme moi. Et maintenant qu’elle me faisait face, je voyais à quel point Elle me… Non, ce n’est pas qu’elle me ressemblait. C’est que, Elle était moi.
-Comme un Doppelgänger ?
-Ah… Vous aussi vous connaissez le terme alors… Et oui, en la voyant comme ça j’y ai pensé tout de suite, et cela ne m’a pas du tout rassuré. Après tout, il ne peut pas exister deux versions de la même personne, il ne doit pas exister deux versions de la même personne, ce n’est pas naturel…
J’attendis la suite, mais elle s’interrompit, regarda sa montre, puis, se levant brusquement, elle bafouilla qu’elle devait y aller. C’était pour elle l’heure d’embarquer. Alors qu’elle ramassait son sac à dos, je la saisissais par le bras.
-Comment se termine votre histoire ?
Malgré moi j’étais curieuse. Il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas avoir la fin ‘une histoire, aussi farfelue soit-elle. Elle me regarda d’un air étrange, avec ses yeux perçants, pénétrants.
-Eh bien… Je suis là non ? glissa-t-elle avec un sourire en coin. Et elle fila prendre son vol.
Accoudé au comptoir je regardai l’heure sur mon téléphone. 20h30. Aussi étrange qu’elle est pu être, cette fille m’avait bien fait passer le temps. Mais tout de même un Doppelgänger, quelle imagination. J’avais d’ailleurs complétement oublié de lui demander son nom et d’où lui venait son accent si particulier.
Le café s’était relativement vidé. Je commandais un sandwich et me tournais vers la télé qui tournait en fond sonore depuis mon arrivé, sur une chaîne d’information en continue. Il y eut soudain un flash info, la présentatrice avait un air grave, et derrière elle s’affichait la vue aérienne d’un parc et d’une falaise. Elle dit qu’ils ont identifié le cadavre de la jeune fille retrouvé en bas de la fameuse falaise d’un des parcs de Nanaimo, c’était apparemment le Westwood Lake Park. C’est étrange, ce nom me disait quelque chose, je ne me souviens pourtant pas y être allé, je réfléchis alors un peu. Au même moment, la vue aérienne du parc fut remplacée à l’écran par une photo. Une fille au visage pâle, à peau claire, avec des cheveux bruns bouclés et relativement longs, un visage parsemé de nombreuses tâches de rousseurs. Une jeune fille avec, un œil d’un vert profond, et l’autre d’un brun clair. De fascinants yeux verrons.
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