Dom Juan, Molière

Dom Juan

1. Introduction

Contrairement aux mythes antiques, Dom Juan est un mythe moderne s'inspirant d'un grand seigneur espagnol : Don Juan Tenorio. Il s'agissait d'un seigneur libertin qui abandonna la fille d'un commandeur, après l'avoir déshonorée, et tua son père au cours d'un duel. En 1624, l'espagnol Tirso de Molina adapte l'histoire du seigneur espagnol Don Juan sous le titre L'Abuseur de Séville. La pièce décrit un séducteur cynique qui vit dans l'instant présent et refuse de se soumettre aux codes de la société et de la religion. Molière s'empara alors de se sujet pour en faire une pièce de théâtre « à la française ».

1. Constante

Don Juan de Molière est un noble du XVIIe siècle, mais il emprunte quelques traits au héros de la légende espagnole, surtout celui d’être séducteur de femmes. Tout au long de la pièce, Don Juan reste un être monstrueux. Il a trois grandes facettes : séducteur, révolté et libertin. Il défie Dieu en permanence par ses paroles et ses actions, ainsi il a soin non seulement de séduire de nombreuses femmes, mais d’aggraver l’aspect répréhensible de ses actes en y mêlant le sacrilège. D'ailleurs, il se heurte plusieurs fois à la présence du Sacré, incarné soit par la statue, soit par le personnage du pauvre ou même à la fin lorsqu'il affronte des entités surnaturelles mais, dans tous les cas, il méprise Dieu et la foi. Il refuse d'être critiqué, il se sent libre de toute doctrine et de toute morale. Il méprise les institutions : la famille avec son père qui le critique à cause de sa façon de vivre. Don Juan semble se repentir mais tout n'est qu'hypocrisie, ainsi que l’Église : il est un faux dévot.

1.  Évolution

On peut aussi remarquer que Don Juan évolue tout au long de cette pièce. Dans le premier Acte, Don Juan ne respecte pas la promesse de mariage faite à Elvire ; dans l'Acte II, il tente de corrompre trois jeunes filles à marier : Charlotte, Elvire et Mathurine et il est ingrat vis-à-vis de son sauveteur : Piarrot ; dans l'Acte III, il incite un mendiant au blasphème et il ne respecte pas le caractère sacré de la mort ; dans l'Acte IV, il ne respecte pas ses engagements financiers, il ne respecte pas son père et il ne respecte pas la démarche vertueuse d'Elvire ; dans l'Acte V, il ne croit pas les manifestations surnaturelles qui l'appellent au repentir en lui annonçant sa mort imminente. On peut dire qu'il y a une forme de gradation dans ses actes, Don Juan est de plus en plus luciférien, diabolique. Les projets de Don Juan sont régulièrement contrariés et c'est le hasard qui mène à l'intrigue. Il est plusieurs fois sauvé ou se tire d'affaire par ses propres moyens jusqu'à ce que la statue empêche sa dernière dérobade en le tuant. Dans l'Acte I, il a l'intention d'abandonner Elvire et d'enlever une fiancée mais il y a échec de la tentative d'enlèvement ; dans l'Acte II, il a l'intention de séduire deux femmes         mais l'annonce d'un danger l'oblige à fuir ; dans l'Acte III, il se porte au secours d'un homme agressé mais celui-ci s'avère être son poursuivant mais intercède en sa faveur et repousse le moment de la vengeance ; dans l'Acte III et IV, il découvre, par hasard, un monument et défie la statue funéraire en l'invitant à dîner mais le souper est retardé par la venu de son créancier, de son père, d'Elvire et de la statue du Commandeur lui renvoyant son invitation ; dans l'Acte V, il se fait croire converti à une vie pieuse qui lui permet de calmer son père et d'éconduire Don Carlos mais le duel est différé dans un  lieu moins exposé.

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