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Commentaire sur l'île aux esclaves de Marivaux

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Par   •  26 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 064 Mots (5 Pages)  •  3 293 Vues

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Tao THILL                                                                                                   2CGT

Commentaire littéraire : L'Île des esclaves, Marivaux

        Au début du XVIIIeme siècle, la monarchie est en déclin alors qu'émerge l'esprit des Lumières qui remet en cause les rapports hiérarchiques au sein de la société française. Marivaux, un dramaturge français qui s'intéresse aux changements politiques de son époque, écrit « L'ïle des esclaves » en 1725. Nous allons nous demander en quoi la pièce de théatre de Marivaux est une scène de comédie qui illustre l'esprit des Lumières. Dans un premier temps, nous allons montrer en quoi cette scène utilise des ressorts comiques pour faire réflechir le lecteur sur les relations du couple maître/valet typique  de cette époque ; et dans un second temps, en quoi l'esprit des Lumières transparait dans cette scène.

        Premièrement, nous allons voir en quoi la première scène est une scène de comédie. Tout d'abord, Marivaux utilise le comique de situation en créant une situation peu commune. En effet, les deux personnages se sont échoués sur une île où les maîtres et leurs esclaves échangent leurs rôles. Le comique de mots est également présent dans la pièce. On voit qu'Iphicrathe qui pourtant retient sa colère, fait preuve de courtoisie envers Arlequin : « mon cher Arlequin », et va même lui montrer son affection :  « ne sais-tu pas que je t'aime ? » pour que ce dernier ne se révolte et ne s'allie pas aux autres esclaves de l'île. Ce dernier lui répond en utilisant les mêmes termes que de son maitre : « Mon cher patron », mais on remarque que ce n'est point une marque d'affection ici, l'expression est ironique.

        Ensuite, Marivaux met en avant le couple maître/valet typique dans les pièces de théatre du XVIIIe siècle mais en remettant en question les rôles de chacun. Il permet au valet Arlequin de prendre sa revanche sur son maître. Les lois de l’île font en effet de l’esclave le maître. On voit qu'Arlequin prend le dessus sur son patron de diverses manières : Il passe du vouvoiement : « vos compliments me charment» ; au tutoiement : «tu», «toi», «te», «ton», «t’», «tes ». Arlequin lui fait remarquer qu'il n'a plus d'ascendant sur lui : « Ah ! ah ! vous parlez la langue d'Athènes; mauvais jargon que je n'entends plus. ». En contrepartie, Iphicrathe essaie de l'amadouer pour qu'il redevienne son esclave : « mon cher Arlequin » . Arlequin répond, pour se moquer de lui, en employant les mêmes termes que ce dernier (parallélisme) : « Mon cher patron ». Iphicrathe, lui, vient même à lui dire son amour pour lui « Eh ne sais-tu pas que je t'aime ? », puis finit par désesperer : « Esclave insolent ! » ; « Misérable ! tu ne mérites pas de vivre. ».

        A travers la remise en cause du couple maitre/valet, cette première scène reflète l’Esprit des Lumières. En effet, à cette époque, la société remet en question de nombreuses idées pré-établies, notamment sur la hiérarchie ou encore l'esclavagisme.[1] Pour illustrer cela, Marivaux met en scène une inversion des rôles entre les deux[2] personnages, ce que l’on peut voir à travers les didascalies. Celles associées à Iphicrate montrent qu’il perd l'autorité qu'il avait sur son esclave : « retenant sa colère » ; « un peu ému », puis qu’il finit par perdre toute crédibilité : « au désespoir, courant après lui, l'épée à la main ». Tandis que celles associées à Arlequin montrent qu’il prend la situation à la légère :  « indifféremment » ; « riant » , puis qu’il finit par donner une leçon à Iphicrate : « se reculant d'un air sérieux ». On voit à travers la façon de parler d'Arlequin, dans l'avant-dernière réplique, qu'il adopte le registre de langage de son maître. Marivaux montre ainsi que la culture devient plus accessible dans la société et que chacun peut s'en emparer.

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