Commentaire composé sur la tirade d'Oreste, Acte 1, scène 1 d'Andromaque
Commentaire de texte : Commentaire composé sur la tirade d'Oreste, Acte 1, scène 1 d'Andromaque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar LOSANGELEEN • 11 Mars 2018 • Commentaire de texte • 1 318 Mots (6 Pages) • 5 331 Vues
La question que nous nous poserons dans le cadre de cette étude est de savoir que nous révèle l’étude des registres dans cette scène d’exposition. Pour y répondre, nous étudierons d’abord la présence du registre tragique, puis du registre lyrique avant de s’attarder sur le registre pathétique et le registre épique.
Premièrement, intéressons nous au registre dont la présence sonne comme une évidence au sein d’une tragédie classique: le registre tragique. Son emploi met en exergue le fait que des forces immenses et funestes pèsent sur Oreste, le privant de toute liberté. En effet, on relève l’utilisation d’un champs lexical du destin développé avec les termes « sort » (v.34) ; « poursuite » (v.34) ; « courir » (v.35) ; « livre » (v.74) ; « m’entraîne » (v.74) ; « destin » (v.74) à travers l’usage duquel Racine cherche à montrer qu’Oreste est entrainé par des forces qu’il ne contrôle aucunement dans la mesure où le destin commande toutes ses actions: il « livre », il « entraîne », il fait « courir ». Il va d’ailleurs même jusqu’à le pousser à faire des choix de nature tragique comme en témoigne l’antithèse au vers 35 « me fait courir au piège que j’évite » traduisant une idée d’impuissance face cette force mise en valeur par l’opposition entre le fait que le personnage court, s’élance vers ce que paradoxalement il cherche à éviter: il est entraîné contre sa volonté par son sort et ne peut lutter contre l’emprise de ce-dernier… Outre le fait qu’Oreste ne soit plus maître de ses actes ni de ses choix, il n’a plus aucune certitude à l’égard de ce qui l’attend comme le démontre l’emploi d’une succession de questions rhétoriques : « -Toi qui connais Pyrrhus, que penses-tu qu’il fasse? » (v.78-79), « Mon Hermione encor le tient-elle asservi? » (v.82), « Me rendra-t-il, Pylade, un bien qu’il m’a ravi? » (v.83). Toute cette incertitude et cette ignorance dont fait preuve Oreste s’ajoutant à sa position impuissante ne fait que mettre d’avantage l’accent sur la force du destin qui l’accable. D’ailleurs, ce n’est pas la seule qui pèse sur lui: l’amour a aussi beaucoup d’emprise sur le personnage. Cela est visible notamment au vers 9 par le biais de l’emploi de la métaphore « tu m’as vu depuis traîner de mers en mers ma chaîne et mes ennuis ». Ici, la « chaîne » à laquelle fait référence le personnage est bien entendu son amour pour Hermione qui le retient et le suit où qu’il aille, le rendant prisonnier de son désespoir, l’enchaînant à ses tourments d’où l’image de la chaîne utilisée.
Deuxièmement, on peut, au sein de cet extrait, noter la présence d’un registre lyrique mettant clairement en valeur les sentiments et émotions d’Oreste et tout particulièrement son amour pour Hermione, exposant un des thèmes principaux de la pièce. En effet, le personnage fait étalage de toutes ses émotions comme en témoigne l’utilisation du champs lexical des émotions avec des termes à forte intensité parmi lesquels nous pouvons retrouver: « flamme » (v.4) ; « haine » (v.22) ; « joie » (v.55) ; « désespoir » (v.8) ; « feux redoublés » (v.10) ; « courroux » (v.18) ; « fureur » (v.13)… Autant d’émotions contradictoires pourtant toutes nées d’un amour à sens unique éprouvé par le personnage envers Hermione: s’il éprouve de la joie au vers 55 ce n’est que parce qu’il apprend que Pyrhuss préfère Andromaque à la fille de Ménélas, de la même manière, s’il est désespéré au vers 8 c’est parce que c’est à ce-dernier qu’on destine sa bien-aimée: l’amour est donc le sentiment maître à l’origine de tout. Par ailleurs, son caractère inconditionnel est également révélé par l’usage des déterminants adjectifs possessifs « mon Hermione » (v.82) et « ma princesse » (v.69) à travers desquels il définit Hermione comme lui appartenant à lui-seul. De plus, dans les métaphores « flammes » (v.4) et « feux » (v.8), cet amour est assimilé à la souffrance et quelque part au danger: il peut brûler, détruire, dévorer comme le ferait une flamme. D’ailleurs n’oublions pas que l’histoire prend place peu de temps après la guerre de Troie pendant laquelle des incendies ont ravagé la ville ce qui renforce d’avantage la portée dévastatrice de l’amour
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