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Commentaire Thérèse Raquin, Emile Zola

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Par   •  26 Mars 2017  •  Commentaire de texte  •  2 045 Mots (9 Pages)  •  14 252 Vues

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        L'extrait que nous allons analyser provient du chapitre XI de Thérèse Raquin, écrit en 1867 par Émile Zola. Émile Zola, principal représentant du célèbre mouvement, le naturalisme, le fait de représenter la réalité sans la modifier ou l'idéaliser tout en abordant des côtés scientifiques. Zola après avoir été journaliste, fut connu grâce aux Rougon-Macquart, ce nom regroupe un ensemble de vingts romans écrits entre 1871 et 1893, l'ouvrage a pour but d'étudier l'influence du milieu sur l'homme et l'hérédité d'une famille. Il devient célèbre en partie grâce à ses œuvres, les principales sont Nana (1880) Au bonheur des dames (1883), Germinal (1885)... Thérèse Raquin est le premier grand roman du jeune Zola. La publication de ce roman est un succès d'estime et de scandale. Un succès d'estime, car très bien accueilli par ses nombreuses amitiés littéraires et artistiques puis un scandale, car cet ouvrage est traité de "littérature putride", de ne décrire que des scènes obscènes. Il met en scène un homme aussi faible moralement que physiquement, sa femme Thérèse, fort caractère et l'amant de cette dernière, Zola veut démontrer que le fait que deux caractères différents dans un endroit lugubre pourrait influencer leurs actes.

        Avant ça les deux amants ne pouvait presque plus se voir, car Thérèse, qui avant la rencontre de Laurent sortait très peu, n'avait plus d'excuses valables pour s'absenter sans attirer les soupçons. Trouvant que Camille était l'obstacle d'un bel amour, Thérèse et Laurent décidèrent de tuer Camille, mais ils voulaient commettre un crime aussi réfléchit que ceux que raconter Michaud le jeudi soir. Pendant que Camille et les deux amants passaient une journée ensemble sur la rivière, Laurent tue Camille devant les yeux de sa femme mais en essayant de se débattre Camille mord le cou de Laurent, c'est à cause de cette cicatrice que Camille rendra la vie impossible aux deux amants.

Dans quelle mesure cette scène constitue-t-elle le point culminant de la violence et du déchaînement des passions dans le roman ?

Dans un premier temps nous analyserons le cadre spatio-temporel inquiétant, dans un second temps, nous traiterons de la violence de ce crime puis nous terminerons par la solitude de Camille face aux deux amants.

        Le cadre spatio-temporel de cet extrait dégage une atmosphère très inquiétante, tout d'abord parce que ce lieu est isolé mais aussi parce que l’auteur nous décrit dès le début de cet extrait un lieu très angoissant, une atmosphère froide et sombre qui plonge le lecteur dans l’histoire. « Les grandes masses rougeâtres devenaient sombres » (l.4/5) provoque un sentiment d'insécurité et de peur. Thérèse, Laurent et Camille se sont éloignés de la rive « ils regardaient les dernières lueurs quitter les hautes branches » (l.2/3)  et sont loin des regards. La scène devient inquiétante lorsque certains détails sont donnés « La barque allait s’engager dans un petit bras, sombre et étroit, s’enfonçant entre deux îles » (l.19/20)  et l’impression que donnent « les chants adoucis » (l.21) par l’éloignement de l’« équipe de canotiers » (l.21/22). La période « tout le paysage se simplifiait dans le crépuscule; la Seine, le ciel, les îles, les coteaux n'étaient plus que des tâches brunes et grises qui s'effaçaient au milieu d'un brouillard laiteux » montre bien que le crime se passe de nuit, la nuit est une atmosphère assez inquiétante. Mais l'endroit est très bien choisi parce que la rivière est l'endroit le plus discret pour déposer un corps en toute discrétion, puis comme c'est un lieu isolé, aucun passant ne pourra servir de témoin.

        C'est un extrait très violent, on note que les actions s’enchaînent dans le texte, créant un effet de tension dramatique. La première attaque de Laurent, lorsqu’il prend Camille « à bras-le-corps » (l.24) constitue une surprise, tant pour la victime que pour le lecteur lui-même ; il s’agit d’un passage à l’acte rapide, inattendu. Lors du combat, la passivité de Thérèse, longuement décrite des lignes 15 à 19 apparaît aussi comme un événement imprévisible. Ensuite, intervient un renversement dans le rapport de force : Camille passe de la situation de dominé à celle de dominant à travers l’acte de morsure. Ce rebondissement est décrit dans un groupement ternaire de verbes au passé simple : « se tordit, avança les dents et les enfonça dans le cou » (l.54-55). De plus, pour renforcer cet aspect dramatique, Zola inscrit le meurtre dans sa durée. Les indicateurs temporels sont nombreux : « pendant quelques secondes » (l.34-35), « de nouveau » (l.43), « dernier appel » (l.45), « secouait toujours » (.49), « deux ou trois fois » (l.60). Ce champ lexical montre la longueur de la scène, d’autant que la façon dont Camille meurt, la noyade, implique en elle-même une certaine lenteur. Camille ne meurt pas sur le coup, on peut voir qu'il agonise « Il revint deux ou trois fois sur l’eau » (l.59/60). Ses appels au secours sont répétés: l’exclamation « Thérèse ! » (l.36/43) apparaît à quatre reprises et ponctue la scène de façon régulière. La mort n’est donc pas immédiate, c’est une mort lente qui devient un spectacle pour Thérèse comme pour le lecteur. Zola a choisi de donner au lecteur une vision précise de la scène. Les mouvements et les positions de chacun dans la barque sont détaillés : Camille est d’abord « à plat ventre » (l.9), puis se redresse sur les genoux en se cramponnant à la barque ; Laurent, assis, se lève pour saisir Camille puis le tient à bout de bras, quant à Thérèse, elle est la spectatrice de ce crime. On remarque « le spectacle horrible de la lutte » (l.41/42), ce terme donne à la scène une dimension théâtrale, et renforce aussi sa durée. Les jeux de regards accentuent la tension : Laurent est vu par Camille qui découvre ses intentions dans sa « figure effrayante » ; Thérèse a les yeux « grands ouverts » (l.41). Enfin, de nombreux éléments sont réunis pour exprimer la violence du crime. On peut parler d’un véritable acharnement du meurtrier, souligné par un champ lexical de la violence : « serra plus fort, donna une secousse » (l.28), « serrait à la gorge » (l.32), « secouait toujours » (l.49), « il finit par l’arracher de la barque » (l.50/51), « lança brusquement le commis » (l.56/57), « lutta » (l.34), « cris de souffrance » (l.56) . Les expressions relevées ici contribuent à renforcer la brutalité de l’attaque. L’écriture naturaliste ne nous épargne aucun détail physique, comme la « voix étouffée et sifflante » (l. 36/37) de Camille, et surtout la morsure, décrite très précisément : « avança les dents et les enfonça dans ce cou » (l.54/55), « les dents de celui-ci lui emportèrent un morceau de chair » (l.57/58).Tous ces procédés font vivre la scène au lecteur de façon extrêmement réaliste : il voit, il entend, il suit les mouvements de tous les personnages quasiment en temps réel, et ne peut que se rendre compte de l’horreur de la scène. Le lexique du corps domine dans l’extrait, qu’il s’agisse de celui du meurtrier « figure » (l.29), « main rude » (l.31), « bras vigoureux » (l.52), « le cou » (l.53)… ou de celui de la victime « les genoux » (l.33), « les dents » (l.54). Le combat est donc physiquement intense, et particulièrement violent. Seule la voix de la victime se fait entendre à travers des appels au secours pathétiques. Ils apparaissent au discours direct « Thérèse ! » (l.36/43) ou encore appuyés par une locution adverbiale : « des cris de plus en plus sourds » (l.60/61). Les cris de Camille, opposés au silence des deux comparses, amplifient le climat de terreur

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