Commentaire Samuel Beckett "Fin de Partie"
Commentaire de texte : Commentaire Samuel Beckett "Fin de Partie". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MrVint • 4 Mars 2018 • Commentaire de texte • 1 634 Mots (7 Pages) • 3 909 Vues
COMMENTAIRE
Samuel Beckett : « Fin de partie » Scène première.
Après le succès inattendu de « En attendant Godot », Samuel Beckett, né le 13 Avril 1906 à Royaume-Uni au et mort le 22 décembre 1989 en France, prend sa carrière théâtrale au sérieux, il lui faudra deux ans pour mener à bien sa seconde pièce en français : « Fin de partie ». Cette œuvre, achevée en 1957 et appartenant au théâtre de l’absurde, assoit définitivement sa réputation de dramaturge Irlandais et consacre son statut d’auteur austère et exigeant. Dans la première scène qui est étudiée, Beckett nous présente une pièce au registre absurde en symbiose avec son mouvement littéraire, du théâtre moderne se démarquant par ses didascalies initiales. Ici, deux personnages se trouvent sur scène : Clov et Hamm. Il nous est décrit à travers une longue didascalie initiale Clov parcourant l’espace de la scène et mettant en branle la pièce autour de Hamm immobile placé sur un fauteuil à roulettes en son centre, couvert d’un drap blanc. Mais en quoi cette exposition possède-t-elle malgré tout une vraie force comique. Il s’agit de s’intéresser, à travers l’aspect comique, l’espace scénographique puis aux personnages et enfin à cet univers d’excès.
Un espace scénographique particulier est mis en place par l’auteur, en effet toutes les indications du décors sont surprenantes « Aux murs de droite et de gauche, vers le fond, deux petites fenêtres haut perchées, rideaux fermés » L.3 Des fenêtres inhabituellement positionnées, synonymes de prisons car des fenêtres sont censées laisser filtrer la lumière ; « A l’avant-scène gauche, recouvertes d’un vieux drap, deux poubelles l’une contre l’autre » , par cet disposition incongru des éléments, on observe une sorte de refus du décor traditionnel, d’anti-décor. Beckett créée alors une pièce sobre, formant une véritable atmosphère de tragédie, effectivement, la première indication « intérieur sans meubles », un paradoxe car une maison contient des meubles, mène à un univers placé sous le signe de l’enfermement et de l’absence, donnant au spectateur l’image de la cellule de prison. La « Lumière grisâtre » annonce auparavant le monde mort et la mer de plomb, de même le décor est nié, en effet, un lien lie les poubelles et Hamm soulignant alors l’aspect défunt de la scène : « Recouverts d’un vieux drap ». Comme une sorte de linceul recouvrant les morts, Hamm apparait à première vue emblématiquement mort, ou le personnage s’élève au même statut qu’une poubelle, mais faisait aussi allusion au rideau qu’on va lever. Afin de prononcer l’aspect anti-théâtre, l’auteur utilise une métaphore distincte et symbolique du refus de l’art, en effet « Accroché au mur, […] un tableau retourné » ce dernier ne se sera jamais retourné.
Un théâtre absurde composé de personnages absurdes. En effet, les protagonistes sont singuliers, Clov à une « voix blanche » une voix inexpressive, comme un acteur n’ayant pas encore complètement endossé son rôle, et, son « regard fixe » semble montrer qu’il est malade. On observe un comique de gestes, par « une démarche raide et vacillante » mécanique. Clov et Hamm ont « le teint très rouge », leur apparence est étrange, l’un comme l’autre, ils ne semblent pas être sain, de plus, le rouge évoque le nez rouge des clowns. Référence à l’histoire du théâtre ou le personnage de bouffon dans le théâtre élisabéthain est devenu personnage de cirque au XVIIIe en Angleterre. De plus Hamm est aveugle et paralysé, c’est un personnage très contrasté. C’est l’image d’une humanité dégradée, infirme. Mais aussi comique au théâtre ou au cinéma, ou l’invalide aide l’invalide. Mais ils sont énigmatiques, en effet, leur teint rouge contraste avec le gris omniprésent de la pièce, en plus d’être clown, ils ont l’air profondément malade. Hamm est « recouvert d’un drap » qui va être l’objet de son réveil, le lever de rideau, moins révélateur du personnage que ce que le spectateur pourrait penser, car il montre l’identité à la fois d’un corps vide et plein. Placé dans un fauteuil à roulettes, « un grand mouchoir taché de sang étalé sur le visage », la vue du sang ne respecte pas la règle de bienséance du théâtre classique, prononçant encore plus le mystère. Ce dernier semble dormir, mais nous n’en savons rien dès le commencement de la pièce, comme cela, une incertitude se créée autour du personnage plus âgé représentant une autorité contrastant avec ses capacités physiques, source de comique. Les deux personnages sont définitivement énigmatiques.
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