Commentaire : Atrée et Thyeste, Acte V, scène 7 CREBILLON
Commentaire de texte : Commentaire : Atrée et Thyeste, Acte V, scène 7 CREBILLON. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Dora Benoit • 29 Octobre 2018 • Commentaire de texte • 1 171 Mots (5 Pages) • 2 071 Vues
Commentaire : Atrée et Thyeste, Acte V, scène 7 CREBILLON
Introduction :
Le texte à notre étude est un extrait de l’acte V, scène 7 d’Atrée et Thyeste, une tragédie classique écrite en 1707 par Crébillon. Il s’agit d’une réécriture de Thyeste, l’œuvre majeure de Sénèque. Ce passage se situe à la fin de la pièce. Nous y découvrons Atrée, le frère jumeau de Thyeste souhaitant se venger de ce dernier pour une histoire s’étant déroulée il y a 20 ans. En effet Atrée était marié à Aéropé mais Thyeste la lui a enlevée par amour. Il finit par réussir à reprendre Aéropé, or quelques mois plus tard elle accouche d’un enfant de Thyeste, Clisthène. Il fera passer celui-ci pour son fils. Cette scène présente les retrouvailles officielles entre Thyeste et son fils, or lors de cette cérémonie, Atrée met son plan a exécution pour se venger de son frère. Nous nous demanderons en quoi ce dénouement est révélateur de la monstruosité d’Atrée. Dans un 1er temps en quoi cette scène est un dénouement tragique. Dans un 2ème temps nous étudierons la mise en scène du meurtre. Enfin nous nous intéresserons à la monstruosité d’Atrée.
- Un dénouement tragique :
- A/ L’efficacité de la scène par sa rapidité :
- nous voyons la présence de l’expression « donnez que je commence » dite ici par Atrée → envie d’en finir
- verbe injonctif « donnez » prononcé par Thyeste = césure placée au début du vers → également pressé que la cérémonie prenne fin
- rapidité amplifiée par les adverbes « bientôt » et « enfin »
- la parole d’Atrée « qu’elle achève en ce jour » → action avec une fin très proche
- B/ La dimension tragique de la scène :
- champ lexical de la peur : « terreur » ; « frayeur » ; « trouble » ; « craignez » ; « horreur » ; « tremblante » → violence omniprésente
- exclamations « Grands dieux ! Quelle horreur ! C’est du sang ! » → variation des sentiments de Thyeste qui évoluent vers l’horreur
- lexique du sang : « sang » ; « sanglante » → référence à la mort et donc au tragique
- le sort des personnages est scellé :
- Atrée est vengé car Thyeste est horrifié « Je me meurs »
- réplique « Mon fils qu’êtes-vous devenus ? » → référence à « la coupe sanglante » et donc au sort tragique de Plisthène
- Le meurtre mit en scène :
- A/ La mise en scène théâtrale :
- l’arme du crime : la coupe (= objet de l’action) est répété de nombreuses fois = sorte de procédé d’insistance
- coupe manipulée par beaucoup de personne → didascalies « Eurysthène apporte la coupe » ; « Il prend la coupe de la main d’Eurysthène » ; « Il prend la coupe des mains d’Atrée »
- mise en scène de la fraternité par Atrée
- emploie le champ lexical de la paix « paix » ; « rassurer » ; « union » → permet de faire croire à Thyeste à une réconciliation
- dimension spectaculaire : le sang a remplacé le poison du théâtre classique
- B/ La violence de la scène :
- coup de théâtre
- interjection « Ah ! » x2 à la fin de l’extrait → horreur + choc subit par Thyeste
- Atrée réalise un infanticide en tuant le fils de son frère, mais également un cannibalisme indirecte en faisant boire à Thyeste le sang de son propre fils
- La monstruosité d’Atrée:
- A/ Le sang-froid de l’assassin :
- capacité à prévoir les réactions de son frère :
- Atrée décide de précédé son frère en prenant la coupe pour l’inviter à boire en 1er et gagner sa confiance
- lorsqu’il s’adresse aux gardes « Il n’est point de retour ? » il fait semblant et joue à l’innocent
- il s’adresse à son frère en lui faisant croire que son fils va venir alors qu’il est mort
- sang-froid d’Atrée qui s’oppose à la naïveté de Thyeste :
- nous sentons la supériorité d’Atrée : Thyeste le nomme « seigneur » → il lui porte une sorte de respect
- la réplique de Thyeste « me ravir votre haine » montre qu’il est tombé dans le piège de son frère
- terme « salut » → Thyeste se sent délivré du pêcher. Il finit même par s’adresser aux dieux comme témoin
- Thyeste place son frère au même pied d’éstale que ses enfants « Et vous mon frère aussi cher que mon fils Plisthène »
- B/ La monstruosité d’Atrée :
- au début de l’extrait, Atrée fait un rappel des faits pour sa vengeance « désunir par l’amour » → trahison avec Aéropée ⇒ personnage avide de vengeance
- paroles à double sens d’Atrée : « Craignez moins que jamais d’en être séparé. » → ironie tragique car Thyeste et son fils seront certes réunis mais dans la mort ⇒ personnage cruel
- lorsqu’Atrée certifie à son frère que son fils arrive bientôt : « Vous verrez bientôt une tête si chère ». Il fait référence au sang de la coupe qu’il fera boire à son frère.
- Atrée = parjure, fait un double blasphème : aux dieux et à sa famille visible à travers l’évolution de la coupe :
- « coupe sacrée » → serrement aux dieux
- « coupe de nos pères » → serrement sur la famille
- « coupe sanglante » → double blasphème
- Thyeste le qualifie de « perfide » ⇒ réussite de la vengeance d’Atrée et qu’il s’agit d’un homme pervers
Conclusion :
Pour conclure nous soulignerons que ce dénouement est rapide au cours duquel le sort des personnages est fixé. Atrée est présenté comme un monstre. Il commet un infanticide mais également un acte qui se rapproche du cannibalisme en faisant boire du sang à son frère, qu’il rend donc indirectement monstrueux. Nous pouvons également retenir la mort de Plisthène et la souffrance de son père qui apportent un côté tragique et pathétique à la scène. Cet extrait peut être rapproché d’une œuvre de Corneille : Médée dans laquelle la protagoniste commet un infanticide pour se venger d’une trahison amoureuse.
...