Chapitre 5, l'Oeuvre de Zola, le salon des refusés
Commentaire d'oeuvre : Chapitre 5, l'Oeuvre de Zola, le salon des refusés. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar François Jordan • 3 Mai 2018 • Commentaire d'oeuvre • 2 460 Mots (10 Pages) • 4 850 Vues
Commentaire L’œuvre Zola,
Chapitre 5
Le salon des refusés
Introduction :
Cet extrait de l’œuvre de Zola se situe le jour du salon des refusés pour lequel le héros Claude Lantier a peint un grand tableau intitulé Plein air. Le lecteur a pu suivre l’évolution de la composition du tableau car celui-ci est déjà présent mais au stade d’ébauche au début du roman, le peintre ne va cesser de le retoucher pendant de longs mois avec une éternelle insatisfaction jusqu’à ce que Christine consente à poser nue pour lui (pour représenter la femme, élément central du tableau) ; la relation n’est encore qu’amicale à ce stade du roman.
L’extrait étudié se situe au moment où Claude découvre la réaction du public concernant son tableau : celui-ci rit de son travail. Le lecteur a pu suivre avec lui, derrière son regard, toute la visite du salon des refusés et a ainsi pu percevoir son angoisse et son appréhension. Des rires se sont fait entendre depuis le début de la visite et Claude s’aperçoit alors que c’est son propre tableau qui provoque cet effet comique. (Rappelons que le véritable salon des refusés s’est déroulé en mai 1863 et a été autorisé par l’Empereur Napoléon III qui estimait que le salon de l’Académie avait trop refusé d’artistes. ; il a donc fait ouvrir un salon annexe (un « contre-salon »), une chance pour tous ces peintres refusés d’exposer ; mais le public s’y rendit comme s’il s’agissait d’une attraction publique pour se moquer.)
Problématique : Comment le narrateur met-il en relief l’incompréhension du public à travers le regard de Claude ?
I/ Le portrait de foule
Jeu sur les regards. C’est la foule qui va observer le tableau et Claude observe la foule observer le tableau. D’abord point de vue interne de Claude (hyperboles, procédés d’amplification). Effet de caricature : mouvement de foule décrit, personnages saisis sur le vif, exagérés, attitudes accentuées. (détracteur : personne qui cherche à rabaisser le mérite de quelqu’un ou la valeur de quelque chose. )
A/ L’uniformisation de la foule
La foule apparaît comme une unité, ce qui donne un effet de masse. « on » impersonnel utilisé tout au long du texte « on se ruait », « on ne comprenait pas », « on trouvait ça insensé », « on le commentait » : les spectateurs ne sont envisagés que dans un collectif, il n’y a pas réellement d’individualité qui se dégage, ce qui montre qu’ils ont tous le même avis et les mêmes réactions. Les descriptions physiques sont également imprécises et ne désignent pas une personne en particulier, ces descriptions sont péjoratives et dressent une critique « des souffles tempétueux d’hommes gras » (utilisation du pluriel). Toutes ces personnes représentent « l’imbécillité bourgeoise » mentionnée à la fin, ils appartiennent tous à la même catégorie et ne semblent pas être dissociables.
B/ Les différentes réactions suscitées par le tableau/ la réception de l’œuvre
Le tableau va majoritairement susciter le rire des spectateurs comme on le voit notamment à travers les discours directs, cela montre la manifestation de l’incompréhension par la moquerie mais on peut aussi observer d’autres réactions comme celle des hommes en colère « entraient en fureur », « de vieux messieurs brandissaient des cannes », leurs réactions semblent finalement aussi ridicules que celles de ceux qui rient ; ou encore le personnage « vexé » prenant le tableau pour une « mauvaise plaisanterie ». Un seul homme fait l’effort d’essayer de comprendre le tableau « Mais un autre, un petit homme méticuleux, ayant cherché dans le catalogue l’explication du tableau », il est visiblement le seul à regarder le catalogue mais on comprend rapidement qu’il veut seulement impressionner la dame qui l’accompagne « pour l’instruction de la demoiselle », la conjonction de coordination laisse entrevoir un espoir de compréhension « mais », l’homme tente de temporiser et justifier l’art mais c’est finalement pire car il met en valeur le titre « Plein air » ce qui va augmenter les rires. Enfin on peut observer la gêne de Dubuche, l’ami de Claude, avec les termes « embarrassé » et « honte lâche » : il veut passer le plus rapidement possible à une autre toile pour ne pas avoir à commenter.
II/ Une atmosphère hostile
L’extrait est décrit par le narrateur omniscient qui se place derrière le regard de Claude, la scène est vue à travers son point de vue et retranscrit son malaise. Plusieurs causes sont à l’origine d’une atmosphère pesante pour Claude.
A/ L’omniprésence du rire
Effervescence, rythme qui va crescendo. Indication des bruits qui rythment la scène. Agitation, émotion vive mais passagère. « explosion », « gamme ascendante », « fous rires », « souffle tempétueux », « grincement rouillés », « flûtes aigues », « le bruit ». Le bruit rythme le mouvement de la scène, on passe d’une réaction à l’autre en fonction de la manière avec laquelle Claude les perçoit.
Les hommes sont assimilés à des instruments de musique par le biais d’une métaphore filée rendant compte du bruit de fond « gamme ascendante de fous rires », « les grincements rouillés d’hommes maigres », « les petites flûtes aigües des femmes », « reprise formidable, des cris, des huées », « c’était l’alléluia, l’éclat final des grandes orgues » (gradation du rire qui atteint ici son point culminant) , les instruments auxquels sont comparés les personnages n’amènent pas de musicalité mais au contraire une forme de cacophonie, de nuisance sonore. Ce bruit continu tend à donner une impression de « brouhaha », de désordre. Le lecteur peut presque avoir l’impression d’entendre les rires en bruit de fond lors de la lecture du passage.
B/ La confusion des sens
Le narrateur présente une accumulation d’impressions et de réactions. Il y a dans ce passage une effusion des sens mêlant à la fois la vue et l’ouïe dans une synesthésie (1.trouble de la perception des sensations, qui fait éprouver deux perceptions simultanées à la sollicitation d’un seul sens. Dans Réminiscence des correspondances symbolistes, Sartre convie à d'étranges synesthésies: "Si je mange un gâteau rose, écrit-il dans l'Être et le Néant,
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