Aurélien, Louis Aragon
Commentaire de texte : Aurélien, Louis Aragon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mamamiaa • 27 Mars 2017 • Commentaire de texte • 896 Mots (4 Pages) • 3 213 Vues
Commentaire, Aurélien de Louis Aragon 1945
Louis Aragon, de son vrai nom Louis Andrieux est né le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine. Il est poète et romancier Français. Fils d’un député, ancien préfet de police et ambassadeur d’Espagne, la quête de reconnaissance et d’identité seront les thèmes majeurs dans son travail d’écriture.
Aragon est l’un des majeurs créateurs, en 1924, du mouvement surréaliste avec André Breton, Paul Eluard, Benjamin Péret et d’autres auteurs. Ce mouvement prône la libération de l’homme et de la littérature du contrôle de la raison. Ainsi le surréalisme veut libérer l’homme des morales sociales qui le contraignent et des académismes qui l’empêchent d’agir et qui nuise à sa force créatrice. Aragon veut permettre à son inconscient de s’exprimer librement et libérer son imagination, d’où son écriture assez houleuse, qui suit le fil de la pensée de ses personnages.
De ses personnages justement, en ressort Aurélien Leurtillois, du roman Aurélien parut en 1945. L’histoire se passe dans les années vingt, et décrit le grand amour que le lieutenant Aurélien, célibataire désœuvré, encore hanté par les souvenirs du front, éprouve pour Bérénice Morel, femme mariée, venue à Paris pour quelques jours.
L’extrait que nous allons analyser correspond à l’incipit du roman, ou Aurélien se remémore sa première rencontre avec Bérénice.
En quoi cet incipit ne correspond pas aux fonctions et aux topos traditionnels qui le définissent ?
On utilisera deux axes pour cette analyse, un incipit peu commun et l’anti-rencontre amoureuse.
L’incipit traditionnel a pour fonction de créer un monde fictif en donnant des informations sur les personnages, le lieu, le temps et répond à des questions essentielles : ou l’histoire se passe-t-elle ? A quelle époque ? Qui la raconte ? Quels sont les personnages ? Or dans l’incipit présenté ici, le cadre spatio-temporel n’est que peu défini. Les seules informations pouvant être utiles à la visualisation de l’espace par le lecteur, est le narrateur se baladant dans Césarée, une ville en ruine.
Les personnages ne sont pas décrits de manière explicite et objective, on a droit au point de vu constant d’Aurélien « Il n’aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu’il n’aurait pas choisie ». Par ailleurs le statut d’Aurélien dans l’incipit est défini de manière assez étrange. Le point de vu alterne entre le « je » et le « il ».
Au début, le fil de l’histoire semble assez clair, le narrateur parle à la troisième personne et exprime le ressentit d’Aurélien face à sa première rencontre avec le personnage de Bénédicte. Puis on bascule à « plutôt petite, pâle, je crois… » dans la tête d’Aurélien. A partir de cette première apparition du « je », les points de vu vont sans cesse alterner, les propos devenir moins clairs et plus houleux. On a l’impression de suivre le fil de la pensée d’Aurélien en même temps qu’il réfléchit notamment avec ces changements prompts de réflexion « Césarée…Je demeurais longtemps…je deviens gâteux ».
On a ainsi une description subjective de Bérénice qui n'est pas très élogieuse, avec le champ lexical du regard « "il la trouva", "Elle lui déplut", "qu'il avait vue", "Il l'avait mal regardée" ». Aurélien s’acharne sur une inconnue « il la trouva franchement laide ». Aragon utilise le terme « franchement » qui est plutôt un terme oral, et qui laisse entendre qu’Aurélien s’est peu être esclaffé tellement il trouve Bénédicte laide. Malgré cela, le point de vue très subjectif d’Aurélien permet au lecteur d’obtenir un portrait de Bérénice, trouble certes, mais qui la définit aux yeux du lecteur et l’aide un peu à s’orienter dans le texte.
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