Analyse de la mort de Nana, Nana Emile Zola
Commentaire de texte : Analyse de la mort de Nana, Nana Emile Zola. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Yassine lamrani • 27 Juin 2017 • Commentaire de texte • 2 984 Mots (12 Pages) • 15 104 Vues
TEXTE N°4 : LA MORT DE NANA
Nana, Emile Zola
INTRODUCTION
[Ouverture]
Le naturalisme est un mouvement littéraire et culturel qui se place dans la continuité du réalisme et qui se développe sous l’impulsion d’Emile Zola. Ce dernier introduit en littérature ce qu’il appelle la méthode expérimentale : le roman n’est plus simplement le lieu d’une observation mais celui d’une expérimentation, où les personnages, placés dans différents milieux, deviennent de véritables « sujets » d’observation.
Zola met en application cette nouvelle vision dans un vaste projet intitulé les Rougon-Macquart ou Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire. Ce projet comprend vingt romans écrits entre 1871 et 1893. Publié en 1880, Nana constitue le neuvième roman.
[Présentation du texte]
.L’écrivain y retrace le parcours de son héroïne éponyme, comédienne et courtisane, de sa première apparition au théâtre à son ascension fulgurante, de son succès à sa chute finale. Nana est la fille de Gervaise et de Coupeau, les deux personnages principaux de L’Assommoir qui meurent tous deux à la fin du roman dans la misère et la déchéance.
[Situation]
Au début du chapitre XIV, on apprend la mort de Nana ; en effet, Nana a attrapé la vérole en voyant une dernière fois son fils (Louiset) qui a succombé à cette maladie. Rose Mignon a installé Nana, pourtant son ancienne rivale, dans un hôtel des Grands boulevards pour qu’elle y passe ses derniers instants dignement. Cet ultime chapitre réunit ainsi tous les personnages majeurs du roman : les courtisanes ennemies ou amies de Nana sont regroupées dans la chambre de la morte (Gaga, Simonne, Clarisse, Rose Mignon,…) tandis que les hommes attendent dans la rue au bas de l’hôtel. La mort de Nana se déroule symboliquement le 19 juillet 1870, date de la déclaration de guerre de la France à la Prusse de Bismarck. Cet extrait se déroule en deux temps : présentation de la chambre dans laquelle se trouve Nana puis description du cadavre de Nana laissée seule au milieu de la pièce.
[Problématique]
- On se demandera comment Zola transfigure la description réaliste de la mort de son héroïne pour en faire une allégorie du Second Empire.
- On se demandera quel est le sens symbolique de la mort de Nana.
[Annonce plan]
I) Un dénouement réaliste
II) Une scène spectaculaire
III) Transfiguration allégorique de Nana.
I. Un dénouement réaliste.
1. Un cadre spatio-temporel et des personnages réalistes.
-La scène se déroule dans un lieu réaliste, une « chambre » dans l’hôtel particulier de Rose, l’ancienne rivale de Nana. Evocation précise du mobilier et de quelques objets de la pièce: « un lit » avec un « coussin », « fenêtre » devant laquelle se trouve « un rideau », une « cheminée », une « table de nuit », « cierge », « flambeau de cuivre ». Précision spatiale : le corps est sur le lit près de la table de nuit sur lequel se trouve le flambeau. Mention du « boulevard ». Les grands boulevards renvoient à une époque bien précise qui est celle de l’hausmannisation. [Hausmann, préfet de la Seine pendant le second empire a dirigé les travaux entrepris pour transformer la ville de Paris. De grands boulevards sont bâtis en lieu et place de petites rues (exemple le boulevard Sebastopol, boulevard Saint Michel, boulevard Saint Germain]. L’hôtel particulier de Rose se situe sur un de ces boulevards.
- Le lieu se caractérise par son obscurité : le « flambeau » éclaire le visage « brusquement » : l’adverbe suggère que le visage de Nana n’était pas éclairé. Adjectifs de couleur sombre.
-Personnages : le petit monde des courtisanes réuni dans cette pièce : « mes petites chattes », « filons ! » : langage familier et utilisation du terme affectueux comme pourraient l’employer des courtisanes. Onomastique [qui a un rapport avec les noms propres] : noms des courtisanes (Gaga, Rose + énumération : Lucie, Blanche et Caroline) Ces courtisanes rappellent la fonction de Nana et la prospérité, l’importance de ce métier à l’époque de Zola.
-Contexte réaliste précis : annonce de la guerre de la France contre la Prusse et la foule défile dans la rue en scandant « A Berlin !...). On est en 1870. [Napoléon Bonaparte réalise un coup d’état qui réussit le 2 décembre 1851 mettant ainsi fin à la seconde République. Le second empire débute donc en 1852. La bataille perdue contre la Prusse à Sedan signe la fin de l’empire. ON est le 2 septembre 1870. La troisième République est mise en place le 4 septembre.]
2. Un cadavre horrible et une description réaliste.
-La description du cadavre est organisée de façon méthodique et le narrateur ne laisse rien au hasard :
1/ Représentation générale du cadavre (l.13). 2/ Visage (l.14) avec détail sur les pustules.
3/ Evocation précise de chaque partie du visage : oeil, l’autre oeil, nez, joue, bouche, cheveux
= organisation méthodique de la description de l’aspect général aux détails.
-Le narrateur se livre à une description clinique, scientifique, médicale des symptômes de la vérole.
Emploi des termes qui relèvent du domaine médical : virus », « humeur » (= l’humeur est une substance liquide secrétée par le corps), « sang », « pustule », « croute ». L’emploi de vocabulaire technique et spécialisé traduit la volonté de précision presque scientifique de l’écrivain et renvoie aux principes du naturalisme : intégrer une étude scientifique et expérimentale dans un texte littéraire, dans une oeuvre réaliste.
La description même du cadavre lui confère un grand réalisme. Aucun aspect, aussi repoussant soit-il, n’est laissé de côté, au contraire le narrateur peint avec insistance la décomposition de la chair. Isotopies de la mort et de la pourriture : « moisissure », « purulence », « pourri », « se décomposait », « gâté » (= altéré par la putréfaction »), « suppurait », « croute », « chaire corrompue » (au sens premier corrompu signifie altéré par
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