Étude linéaire, on ne badine pas avec l'amour de Musset
Analyse sectorielle : Étude linéaire, on ne badine pas avec l'amour de Musset. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lcaillard2 • 14 Octobre 2021 • Analyse sectorielle • 1 042 Mots (5 Pages) • 1 772 Vues
SUITE ETUDE LINEAIRE ON NE BADINE PAS AVEC L’AMOUR DE MUSSET
(Lignes 19 à 40)
INTRODUCTION :
- La seconde partie de la scène de dénouement commence avec un cri qui surgit en contrepoint par rapport à la scène romantique du baiser. La didascalie précise la force du cri et le lieu scénique d’où il provient, montrant ainsi la volonté de Musset d’insister sur l’intensité de la douleur qu’il transporte et sur sa symbolique : il est lancé depuis le dieu sacré de l’autel, comme un rappel tragique de la morale punitive de Dieu qui venge la victime sacrifiée.
- Simultanéité entre le cri et le baiser
- Le lieu d’où provient le cri est très important : l’autel qui est le lieu ou autrefois on faisait des sacrifices (Rosette est ici sacrifiée)
- De plus l’autel fait référence à Dieu (le cri est symbolique : il vient de Dieu)
->A partir de ce moment la scène se déroule en trois temps :
- De la ligne 21 à 31 :
Un enchaînement de répliques courtes qui accélèrent le rythme, comme conséquence du cri déchirant de Rosette et imposent des images tragiques qui annoncent la mort. Musset prépare la fin abrupte en rendant visible l’intensité de la peur des deux personnages.
Les images tragiques posent un voile sur la situation.
- Cette partie est centrée sur le personnage absent (Rosette) « ma sœur de lait », « elle » tandis que jusque-là la scène était centrée sur Camille et Perdican.
(Le texte n’est plus centré sur « nous » mais sur « elle ».)
- Le texte fait également un rappel sur le statut de Rosette :
« Je l’avais laissée là » qui laisse comprendre que Rosette est considérée comme un objet.
Perdican est condescendant (sentiment de supériorité ressentit comme naturel et qui est un mélange entre orgueil et vanité) car Rosette est inférieure socialement parlant.
Perdican :
L’image du sang « les mains couvertes de sang » prouve la culpabilité de Perdican et la sensation qu’il n’est plus lui-même : « je ne sais ce que j’éprouve ».
- Montée du tragique comme s’il venait de commettre un sacrifice.
Camille :
Elle est agitée (sa peur la précipite : répliques courtes, c’est elle qui propose d’aller voir Rosette) tandis que Perdican est paralysé.
Elle emploie le mode de l’impératif avec des verbes d’action.
Elle maintient le « nous » tandis que Perdican emploie la première personne du singulier (c’est finalement elle qui rompra le « nous » en quittant Perdican).
- Musset crée une situation dans laquelle il est difficile de distinguer les bourreaux des victimes
- Les bourreaux deviennent les victimes
- De la ligne 32 à 39 :
Monologue : Perdican, seul sur scène implore la pitié de Dieu et promet une rédemption personnelle. Il s’agit ici pour Musset de souligner la manière lyrique et pathétique, la complexité morale des personnages jeunes et « insensés » mais « purs ».
- Monologue : Perdican n’est plus lui-même
Lorsque Camille sort, Musset va faire le plaidoyer de toute une génération (génération incomprise et innocente).
- Perdican se porte garant de l’avenir de Rosette
- Prière à Dieu de la sauver
- « « insensés » : ce mot ouvre la scène et est de nouveau cité ici (ils se perdent dans la vanité, dans leur amour insensé).
- Ils sont à la fois coupables et innocents : paradoxe
On est coupable et innocent quand on est un enfant (quand on fait partie d’une nouvelle génération).
- Ils demandent à Dieu de voir leur innocence (ils plaident devant le tribunal divin)
- Prière de désespoir de Perdican (j’ai fait du mal sans doute mais je ne suis qu’un enfant je suis innocent).
- Rôle du personnage présent mais invisible IMPORTANT -> Rosette est l’émissaire de Dieu (présent mais invisible).
- La répétition de « je » montre que Perdican veut réparer ses péchés.
- Perdican : parle comme le puissant social : il pense diriger son destin et celui des autres : « je lui trouverai un mari » (l36).
- Il déplace sa responsabilité sur Dieu : « ne tuez pas Rosette », « ne faites pas de moi un meurtrier ».
- Perdican est très infantile : ce n’est pas moi c’est l’autre (il remet la faute sur quelqu’un d’autre, en l’occurrence Dieu).
- Perdican ne se rend pas compte que Rosette a aussi des sentiments : il pense réparer ses erreurs en trouvant un mari à Rosette alors que c’est lui qu’elle aime.
- « Vous pouvez encore bénir quatre de vos enfants » -> la 4ème personne est le futur mari de Rosette.
- Incapacité des personnages à acquérir une identité stable -> personnage paradoxal.
- Ligne 40 :
En une seule réplique, Musset met fin à la pièce de manière extrêmement abrupte parce qu’il n’y a plus rien à dire ni à faire après la mort de l’innocente.
Musset termine sa pièce sur une diversité de rythmes théâtraux.
- Fin brutale et tragique
- Grammaire de la phrase :
- Phrase extrêmement brève : « elle est morte »
- Apostrophe : « Adieu Perdican »
- Deux exclamations qui traduisent la fonction émotive du langage
- Retour de « elle »
- Image synthèse de la mort
- Ce côté lapidaire rend le dénouement extrêmement brutal et sec
- Séparation définitive : manière de créer un écho entre le monologue et la fin :
- Mon Dieu (l 33) et Adieu (l40)
- Référence à Dieu
- Silence de Dieu dans les paroles mais présence dans les actes
> Perdican n’a rien à dire sur la décision de Camille
CONCLUSION :
- Passage représentatif du drame romantique : écriture en prose pour approcher une plus grande proximité avec la réalité du spectateur, personnage populaire qui joue un rôle essentiel (Rosette), valorisation de la sensibilité et des émotions dans une atmosphère tragique et ironie du destin, impossibilité de l’amour et du bonheur pour le héros déchiré dans ses tensions propres.
- Il y a un héritage de la tragédie classique mais l’amour et la sensibilité sont traités différemment
- Volonté de frapper le spectateur par la situation théâtrale hyperbolique (exagérée), dans laquelle la victime sacrifiée meurt de douleur et les responsables de cette mort semblent innocents, revendiquent leur pureté et sont cependant sacrifiés eux aussi par un destin aveugle.
- Le « marivaudage » chez Musset s’achève tragiquement ici.
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