Mémoire Nouveau Roman

« Tout homme est un criminel qui s’ignore. » affirme Albert Camus dans son œuvre L’homme révolté. Camus s’intéresse dans son analyse de l’espèce humaine surtout sur l’humanité respectivement sur la non-existence de celle-ci. La Deuxième Guerre mondiale ainsi que les atrocités qui se déroulent autour de l’écrivain appartenant au courant de l’absurde et de l’existentialisme, poussent Albert Camus à s’interroger sur la criminalité de l’Homme c’est-à-dire sur sa capacité de nuire à autrui sous n’importe quelle forme de torture. Anne Frank s’intéresse justement à cette notion : dans son journal intime connu surtout sous le titre allemand  Anne Frank, Geschichten und Ereignisse aus dem Hinterhaus (1950).la jeune adolescente décrit minutieusement les événements et les relations sociales qui façonnent sa vie. En effet, elle a tenu son journal du 12 juin 1942 au 1er août 1944 devenu aujourd’hui une œuvre appartenant aujourd’hui au canon littéraire. L’étude de ce travail portera justement sur la spécificité de ce genre littéraire qu’est le journal intime : dans quelle mesure le journal intime tenu par Anne Frank permet-il à avoir une introspection dans la vie d’une jeune adolescente vivant dans la période du holocauste ? Dans un premier temps nous aborderons les caractéristiques qui permettent de qualifier le journal intime en tant qu’œuvre s’inscrivant dans la littérature du holocauste. Les atrocités vécues pendant cette période sont ainsi décrites à travers les yeux d’une enfant, ce qui nous permettra à aborder ensuite le point de vue spécifique adopté dans ce journal intime. Enfin, nous terminerons cette étude en nous appuyant sur les pouvoirs de mots déclenchant une interrogation sur la capacité, ou non, de la littérature à exprimer les drames humains.

Avant d’aborder cette première partie qui regroupe les caractéristiques du journal intime en tant qu’œuvre du holocauste, il est important de noter que le terme «holocauste» repose sur la persécution et le homicide systématique des juifs européens entre 1933 et 1945.

Première partie : les caractéristiques du holocauste inscrites dans le journal intime

1er argument : la représentation mimétique du quotidien dans la période du holocauste

Le journal intime d’Anne Frank est certes une œuvre qui à première mesure cherche à évoquer les émotions intérieures de l’écrivain, donc à transmettre les sentiments de ce derniers lors des événements vécus. Néanmoins, étant donné que le monde de la jeune fille est re-présenté sous forme de lettres intimes, Anne Frank présente aux lecteurs un monde réel, historique, qui repose sur des faits prouvables et réellement vécus. Le cosmos de l’auteur n’est donc pas seulement ce petit grenier où elle logeait avec sa famille, au contraire c’est un microcosme qui englobe un macrocosme plus large et commun aux autres familles juives partageant le même destin de juin 1942 jusqu’à août 1944. Ici, s’entremêlent donc destin individuel et destin collectif faisant de l’héroïne, un emblème de toute un peuple déporté et maltraité. En effet, le quotidien à l’annexe décrit par l’adolescente mime la vie d’un grand nombre de familles dont certaines avaient la chance de trouver un abri offert par des individus non-juifs. En d’autres termes, la vie des clandestins est une des caractéristiques qui permet de qualifier le journal d’Anne Frank en tant qu’œuvre du holocauste, puisqu’il retrace le quotidien certes anormal, mais réel : la suppression excessive des déchets, le règne du silence ainsi que l’oppression spatiale marquent la vie des clandestins qui ne «vivaient » que le dimanche « ce qui a lieu chez d’autres la semaine, se passe dans l’Annexe secrète le dimanche. Alors que les autres se promènent au soleil, bien habillés, nous restons là pour récurer, nettoyer, laver ».

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