Etude Linguistique de l'oeuvre de Tomás Carrasquilla
Commentaire d'oeuvre : Etude Linguistique de l'oeuvre de Tomás Carrasquilla. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Su Rendón • 21 Octobre 2018 • Commentaire d'oeuvre • 16 151 Mots (65 Pages) • 625 Vues
Université Nice Sophia Antipolis
Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
Département d′Espagnol
MASTER 1 RECHERCHE ETUDES HISPANIQUES ET HISPANO-AMERICAINES
Année académique 2017 - 2018
HMES210 – Projet de Recherche
Dirigé par Mme. Françoise FOURNIER
Étude lexicale sur l’espagnol d’Antioquia dans les contes de Tomás Carrasquilla… un escritor bien paisa.
Susana RENDÓN-MESA
Juin 2018
Table des matières
Introduction 4
Tomás Carrasquilla Naranjo, de l’auteur à l’œuvre. 6
La langue espagnole en Amérique Latine 9
Les composantes du lexique américain en général 11
Le lexique indigène 11
Le lexique africain 13
Le lexique patrimonial 13
Mots adaptés aux nouvelles réalités américaines. 13
Les archaïsmes 16
Les archaïsmes d’expression 17
Les archaïsmes sémantiques 18
Les préférences lexicales 19
Les néologismes ou innovations 23
Préfixes 24
Suffixes 25
Conclusion 39
Bibliographie 41
ANNEXES 43
Simón El Mago. 44
En la Diestra de Dios Padre 51
El Padre Casafús 66
Introduction
La littérature colombienne suscite une attention croissante dans la recherche académique en Europe et plus particulièrement en France, IUJColombie, un événement qui a entrainé la mise en place de nombreux projets culturels de création et de formation entre les deux pays. Lors de cet évènement, plusieurs œuvres ont été lues et présentées comme un portail permettant la visibilité des différents auteurs colombiens. Cependant, parmi cette sélection, la littérature du costumbrismo a été laissée de côté. Bien qu’il offre une perspective privilégiée sur la culture populaire et la richesse régionale du pays, ce mouvement littéraire, qui a connu son plus grand essor en Colombie au XIXe siècle, reste toujours peu ou mal connu en dehors des frontières nationales. Une des raisons de cet oubli est sans doute liée à sa difficulté lexicale.
Le département d’Antioquia, dans le nord-ouest du pays, est l’une des régions de Colombie qui possède une identité culturelle et linguistique plus marquée, celle des paisas[1] ; et ce sont précisément leurs coutumes, leurs usages et leur façon de parler qui font la matière de l’œuvre de l’écrivain Tomas Carrasquilla, comme il le dit lui-même : « escribo para probar que en Antioquia hay material novelable, sólo bastaba con escuchar lo que se dice en las calles, pero sobre todo cómo se dice » (Carrasquilla Naranjo, 1991, p. 354).
À la première lecture de l’œuvre de Tomás Carrasquilla, comme dans les écrits des autres costumbristas, le lecteur se trouve confronté : le lexique et les variations sémantiques qui témoignent de la réalité spécifique de l’espagnol colombien, et particulièrement de l’espagnol paisa, ce qui constitue le sujet central de ce mémoire. Sans avoir la prétention de résoudre la complexité lexicale de cette variante linguistique, j’essaierai de mettre en évidence les cas les plus communs et qui permettent de surmonter les principaux obstacles pour la compréhension au moment de la lecture de son œuvre, en particulier de ses contes. Ainsi, l’intérêt principal de ma recherche sera de contribuer à rendre plus accessibles les textes de Carrasquilla en élucidant les problèmes liés à la compréhension du lexique.
La démarche que j’adopterai pour y parvenir débutera par une présentation de l’auteur et de l’ouvrage que j’ai choisi. Je définirai ensuite les principales différences entre l’espagnol péninsulaire et l’espagnol d’Amérique. Plus spécifiquement, je choisirai des extraits particulièrement significatifs pour mettre en lumière la spécificité de l’espagnol colombien. Finalement, je mettrai l’accent sur les particularités de l’espagnol colombien, particulièrement le paisa, afin de réaliser une analyse lexicale et sémantique de la plupart des contes de Tomás Carrasquilla, ceux-ci se prêtant particulièrement bien à une telle analyse puisque la totalité du vocabulaire qui y est utilisé m’a semblé pertinent pour saisir les diversités linguistiques.
Tomás Carrasquilla Naranjo, de l’auteur à l’œuvre.
Tomás Carrasquilla Naranjo (1858 – 1940) est né à Santo Domingo, un petit village de la région d’Antioquia au nord-ouest de Colombie. Il fait partie d’une famille très traditionnelle de la classe sociale moyenne mais qui habite à la campagne et qui a les habitudes des paysans de la région ; comme lui-même le décrit dans son autobiographie, « Todos ellos eran gentes muy patriarcales, muy temerosas de Dios y muy buenos vecinos » (Carrasquilla, 1996, p. 351). Romancier, conteur et essayiste, il est reconnu comme l’un des plus grands écrivains de Colombie.
Son œuvre offre un témoignage de l’Antioquia de la fin du XIXème siècle et des débuts du XXème, avec ses légendes et ses traditions, dont il a décrit en détail et avec réalisme. Dans ses narrations, il met l’accent sur en évidence la façon de parler des personnes paisas en faisant ressortit toutes leurs particularités sémantiques et lexicales ; dans ses ouvrages, il est très courant de trouver des mots écrits avec une orthographe non conventionnelle qui reflète la façon de prononcer cette variante de l’espagnol de Colombie. C’est en fonction de toutes ces caractéristiques qu’il est inscrit dans le genre littéraire du costumbrismo[2]. Pour Carrasquilla, le choix des mots, empruntés au langage populaire, modèle son style, comme l’explique Hernandez :
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