L'Homme et la mer, Baudelaire
Commentaire d'arrêt : L'Homme et la mer, Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Loan33 • 22 Mars 2020 • Commentaire d'arrêt • 616 Mots (3 Pages) • 2 395 Vues
Etude du poème L’Homme et la mer
Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais à plonger au sein de ton image ;
Tu l’embrasses des yeux et des bras, et ton cœur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !
Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remord,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !
Etude : « L’Homme et la mer » est le quatorzième poème du recueil des Fleurs du mal dans la première partie qui est « spleen et idéal » (spleen = dépression, ennuie, mélancolie). Ce poème est écrit en quatre quatrains qui sont en alexandrin. L'Homme et la Mer exprime, comme d'autres poèmes, la fascination de l'auteur pour la mer qu'il croit à notre image. Pour le faire ressentir au lecteur, Baudelaire a organisé le poème selon une structure en miroir où l'homme regarde son double comme un frère à la fois jumeau et ennemi.
Dans un premier temps, le poète nous montre la correspondance entre l’Homme et la mer. On peut voir que dans les deux premières strophes Baudelaire utilise le pronom « tu » car il s’adresse à l’homme. Alors que dans les deux dernières strophes le poète utilise le pronom « vous », ce qui signifie qu’il s’adresse à l’homme et à la mer en même temps. Cela donne donc un ensemble fusionnel. L’auteur joue aussi sur la sonorité des mots comme avec le mot « amer » au vers 4 « âme » + « mer », ce qui montre encore la correspondance entre l’homme et la mer. La relation est aussi montrée au vers 2 « La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme » : la mer est un véritable miroir de l'âme de l'homme ce qui montre un amour narcissique. L’homme contemple sa propre image, sa propre âme, à travers la mer. Ensuite l'homme et la mer paraissent complices « Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! », tels des amis qui auraient un secret qui les lie. Les deux entités sont d'ailleurs qualifiées de « frères » à la fin du poème. De plus, les deux entités ont un goût commun du néant et de la mort : « gouffre », « plonger », « infini », « vous aimez le carnage et la mort ». Ce qui fait référence à l'enfer. Cette première partie nous montre donc l’or de l’alchimie poétique de Baudelaire.
Dans un second temps, nous allons voir que cette relation va être détruite. Tout d’abord, la dernière strophe nous annonce un changement avec l'adverbe « cependant », ce qui montre que l'homme et la mer sont en réalité d'éternels ennemis. L'homme et la mer sont dans ce poème entre l'amour et le conflit. Le conflit se présente avec l’apparition de plusieurs mots qui ramène au combat dans la dernière strophe : « combattez », « sans pitié », « carnage », « lutteurs ». C'est donc un paradoxe entre l'homme et la mer qui s'aiment puis se détruisent, cela nous montre donc la vision pessimiste de Baudelaire pour l'amour.
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