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Sivadier

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Par   •  19 Septembre 2018  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 373 Mots (10 Pages)  •  720 Vues

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Sujet de type II

   Le personnage de Tante Geneviève occupe un rôle centrale dans l’Illusions Comiques d’Olivier Py. Pièce datant de 2006, Illusions Comiques fut écrite et mise en scène par Olivier Py, qui y joue le rôle de Moi-Même, auprès de ses compagnons de théâtre de toujours Mademoiselle Mazev, Monsieur Fau et Monsieur Girard. C’est donc une pièce hautement personnelle à Olivier Py, il y invente et narre ses aventures et celle de ses compagnons dans un monde pris d’une soudaine épidémie du théâtre et de sa parole. Dans cette farce cauchemardesque s’entremêlent les innombrables définitions du théâtre à travers les masques que les personnages font bailler. Le personnage de Tante Geneviève est la principale actrice de ce geste, c’est elle qui suit l’enseignement de théâtre professe par monsieur Fau et nous le retransmet. A ce titre comment est-elle représentée sur scène ? Quelles visions du théâtre livrent-elle ? Qu’apprend t-elle aux spectateurs concernant les différents genre théâtraux ?

Pour éclairer nos questionnements nous confronterons la définition de Michel Fau au personnage de tante Geneviève puis nous analyserons en seconde partie la représentation de Tante Geneviève interprété par Michel Fau à travers quatre photographies de mise en scène du personnage pour enfin nous attarder sur l’une de ces photographies pour décrire laquelle correspond le mieux à ma vision de la pièce .

   Lors de la scène finale de la pièce où sont donnés cent définitions du théâtre, Michel Fau, déclare (définition 9) que « le théâtre est le miroir du monde qui est le miroir du théâtre. Cette définition éclaire à elle seule la conception méta-théâtrale  et surtout le baroque de la pièce de Py. Le baroque pour Py c’est l’enchevêtrement de boite dans des boites dans des boites, et si ces boites ont des miroirs c’est encore mieux. Le théâtre parle d’un monde qui est déjà un théâtre. Cela est particulièrement éclairant durant la première leçon de théâtre de tante Geneviève auprès de Michel Fau (acte I). Dans cette scène (page 46 à 50), Fau met en évidence l’aspect théâtrale du monde, où tout et chacun se prend à jouer un rôle. Citons l’exemple du « footballeur qui remonte le stade » selon l’idée qu’il se fait de la victoire ou la « petite fille qui est contente parce qu’elle a gagné un canard bleu ». Le monde est un théâtre où toutes les situations de la vie sont des scènes. C’est pourquoi il ne saurait y avoir d’authenticité, mais seulement la superposition de masque, car si  « le monde est le miroir du théâtre « et que « le théâtre commence lorsque deux masques sont superposés », alors la vie n’est qu’interprétations sur interprétations. « On ne joue pas un personnage, on joue un personnage qui joue un personnage ». C’est littéralement le cas avec le personnage de tante Geneviève, qui n’est que superposition du personnage de tante Geneviève sur le personnage de Michel Fau. En d’autre terme Michel Fau est le miroir de tante Geneviève qui est le miroir de Michel Fau. Entre les deux il y a le théâtre, qui s’impose au monde dans le contexte vu ci-dessus et le tout dans une narration baroque.

   La première photographie représente Michel Fau lors de sa première leçon de théâtre à tante Geneviève à la fin du premier acte. Cette rencontre est l’occasion d’une double interprétation « vertigineuse » puisque le personnage de monsieur Fau interprète en plus du sien celui de tante Geneviève. Pour se faire Monsieur Fau se déguise en Tante Geneviève, toute de rose vêtue, maquillé à outrance et coiffé d’une perruque blonde, qu’il enlève pour jouer son propre rôle. L’alternance entre les deux personnages se fait donc dans cette scène au seul moyen du port (ou du retrait) de la perruque. Sur cette photographie, à instant t Michel faut joue donc Michel Fau, même s’il alterne en quelque seconde ce rôle avec celui de tante Geneviève. C’est en fait un mélange entre les deux personnages que l’on aperçoit là, puisque le retrait de la perruque blonde n’annule pas le reste du costume de tante Geneviève (tailleur rose bonbon et collier de perle) ni son maquillage (excessivement rose et blanc). Le personnage se tient debout, le regard au sol et le coude droit soulevé face à un décor enterrement noir. Le collier de perle est entremêlé en désordre. La photographie illustre une certaine gravité, une certaine violence aussi. On pourrait penser que le personnage est dans un combat, qu’il se débat contre des forces obscures. Après tout l’effort « vertigineux » que demande cette double interprétation est peut-être bien un combat. En déclarant que le poète est « celui qui entend que les dieux désirent inlassablement notre humanité » (page 50) Michel Fau touche au sacré, d’où cette posture grave et profonde. L’idée de la mort (n’oublions pas que la pièce est un « mausolée » à Jean-Luc Lagarce) est aussi bien présente dans ce décor sombre où surgit une lumière (de vie ?) vive apporté par le costume rose. C’est d’ailleurs tante Geneviève qui déclare dans l’acte III (page 68) que « les morts aiment le théâtre ». Ce mélange de gravité, de sacré et du funèbre laisse à penser que la représentation donné du personnage est celle d’un personnage de tragédie.  

      La seconde photographie représente tante Geneviève de face, devant un décor sombre éclairé par quelques néons. La photographie a été prise dans l’acte I ou II, soit sa leçon avec monsieur Fau (acte I) soit sa leçon avec monsieur Girard (acte II). Son maquillage s’apparente à un masque de carnaval. Elle est coiffé de sa perruque blonde, son tailleur et son collier sont en ordre. Son costume rose « bonbon »fait référence à sa profession de teneuse de confiserie mais plus globalement à la bourgeoisie des années 60 dont le tailleur et le collier de perle et l’attirail traditionnel. Cela nous ramènerait plutôt vers le théâtre de boulevard.  On lit sur le visage du personnage une certaine assurance, elle semble assez féroce. Tante Geneviève est peut-être maintenant plus à l’aise dans le théâtre et moins dans la découverte. Elle  progresse « dans le dur apprentissage de l’art dramatique » comme elle le dit elle même (page 58). Elle est d’ailleurs applaudis par monsieur Girard pour ses « remarquables intentions de jeu » dans l’acte II (page 61). Cette photographie donne donc une image du personnage de tante Geneviève en tant que personnage qui s’est approprié l’art dramatique à travers les leçons de son mentor monsieur Fau. Cela est vrai a-t-elle point qui tante Geneviève se permet elle même de donner ses propres leçons de théâtre aux autres personnages comme dans l’acte II où elle traite la mère de Moi-Même de « mauvaise tragédienne » qui « module » en étant « pathétique mais pas tragique ». La photographie illustre très bien l’idée que le personnage de tante Geneviève est un personnage du théâtre de boulevard qui fait bailler son masque et dénoue le songe bourgeois, c’est un personnage qui sort du cadre de sa fonction théâtrale.

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