XIVème exposition de la Sécession viennoise, 1902
Commentaire d'oeuvre : XIVème exposition de la Sécession viennoise, 1902. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar theo_m • 20 Avril 2021 • Commentaire d'oeuvre • 5 416 Mots (22 Pages) • 565 Vues
XIVème exposition de la Sécession viennoise, 1902
Melisa de Larquier, Emilie Perrin
https://www.inexhibit.com/it/mymuseum/palazzo-della-secessione-vienna/amp/
1902 marque la transition entre le XIXème siècle et le XXème siècle. La modernité fait ses débuts au travers des Sécessions au tournant du siècle qui marquent (répétition) une rupture avec l’académisme en art.
Dès la fin du XIXème siècle une transition apparaît dans la production artistique en Europe. Un besoin de distance voire de refus se fait ressentir chez les jeunes générations d’artistes qui bientôt se qualifient de « modernes ». Il y a dans ce concept une idée de vouloir faire coïncider vie moderne et art, mais aussi un « réajustement du moi » (selon l’expression de Heinz Kohut). Les rétrospectives et publications mettent surtout en avant Gustav Klimt comme étant la figure directrice du groupe dit de la Sécession viennoise. Il eut en effet un rôle décisif mais il serait intéressant d’analyser plus en détail les apports de ce groupe notamment par le biais de la XIVème édition qui eut lieu en 1902. L’exposition se déroule dans le Pavillon créé par Joseph Maria Olbrich à Vienne, capitale de l’Autriche, et en est la XIVème édition. Alfred Roller en est le président, et a aussi réalisé les affiches, le catalogue et les invitations. Josef Hoffmann s’occupe de la direction artistique générale et de l’aménagement des salles principales, et Leopold Bauer de la salle de lecture et des couloirs. L’exposition a été réalisée en l’honneur de Beethoven, décédé 75 ans plus tôt et figure importante viennoise.
Nous nous emploierons à montrer de quelle manière cette édition montre les débuts de la modernité et apparaît ainsi comme une des expositions majeures du XXème siècle. Nous allons tout d’abord nous pencher plus profondément sur la Sécession et la ville de Vienne comme origine principale des expositions présentées au Pavillon d’Olbrich. Puis nous nous intéresserons à cette notion d'œuvre d’art totale au centre de l’exposition et enfin nous finaliserons cet exposé en montrant comment cette exposition fut le point culminant de la recherche de modernité et permit ainsi au groupe d’avoir une visibilité internationale.
I) Autour de la Sécession
La XIVème exposition de la Sécession à Vienne en 1902 dans le Pavillon construit par Joseph Maria Olbrich est une des expositions majeures du XXème siècle. Afin de comprendre l’apport des expositions de la Sécession sur la ville, il nous faut réaliser une contextualisation à la fin du XIXème siècle.
Dimension multiculturelle : Vienne au début du XXème siècle
La ville de Vienne a de l’importance en tant que lieu de concentration de création artistique mais aussi en tant que capitale multiculturelle qui influe sur la production de l’époque. Après l’échec de la révolution de 1848, c’est l’empereur François-Joseph qui est monté sur le trône et cela jusqu’à la première guerre mondiale. C’est donc sous son règne que se développe ce nouvel art viennois.
Le contexte historique, géopolitique et culturel a forcément un rôle à jouer dans l’exposition qui nous intéresse ici. La ville était le centre du pouvoir, des médias et de la mode, mais surtout le centre de l’empire des Habsbourg, constitué des provinces héréditaires, et des pays de la couronne situés dans l’est et le sud-est du continent européen et comptant environ 54 millions d’habitants. Ainsi, l’évolution artistique viennoise autour de 1900 s’inscrit dans cette multiculturalité. La population devient de plus en plus importante au fil des années, la ville attirant des immigrants de toutes les provinces autrichiennes et pays de la monarchie. La pluralité multiculturelle de Vienne, qui permet la naissance d’une Vienne de la modernité, naît de la diversité des langues utilisées dans cette ville en évolution – l’allemand, le hongrois, le tchèque, le slovaque, le slovène, le polonais, l’italien ou encore le roumain – mais aussi des particularismes apportés par les immigrants.
Les financements de l’art à Vienne tirent leur origine de la grande bourgeoisie libérale viennoise. Plusieurs familles juives importantes en faisaient partie et ont favorisé le développement des arts et les innovations esthétiques de manière déterminante en étant mécènes et clients des artistes. Par exemple, l’industriel Karl Wittgenstein (père du philosophe Ludwig Wittgenstein) devint un des mécènes les plus déterminants en faisant un don qui permit en 1898 la construction du pavillon de la Sécession, où est présentée la XIVème exposition quatre ans plus tard.
Les origines de la sécession : un groupe d’artistes nouveaux
Par ce besoin de rattraper un certain « retard » sur les autres villes germaniques mais aussi par un besoin d’unité artistique solidaire, Vienne vit dans l’année 1861 la fondation de « l'Association des artistes plasticiens d’Autriche ». Elle s'installe à partir de 1868 dans la « maison des artistes » tout juste achevée. Cette construction n’était qu’un projet architectural de la ville de Vienne parmi d’autres. C’était toute la ville qui devait être réaménagée pour subvenir à son rôle de capitale austro-hongroise dont les flux importants d’immigrés provoquèrent l’expansion.
Selon les critiques d’art de l'époque, le groupe fit face à de vifs conflits internes. La jeune génération et les artistes reconnus (académistes) ne purent s’entendre. Ces jeunes artistes avaient conscience que Vienne devait prendre une nouvelle direction. Ainsi une partie des artistes décidèrent de quitter la maison des artistes et de former une « sécession » viennoise dont l’unique but serait l’art, dénué de toute emprise académique. Hermann Bahr prononça ainsi l’objectif que s'étaient lancé les artistes : « Nous voulons un art insoumis aux influences extérieures sans pour autant qu’il les craigne ou les haïsse ». Les membres fondateurs furent : Gustav Klimt ( - )?, Franz Matsch ( - )?, Wilhelm List (1864-1918), Carl Moll (1861-1945), Ernst Stöhr (1860-1917), Max Kurzweil (1867-1916), Koloman Moser (1868-1918) et Josef Engelhart (1864-1941). Ensuite Josef Hoffmann (1831-1904) et Joseph Maria Olbrich ( - )? se joignirent au groupe. Bientôt il compta plus de quarante membres.
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