Toto

Objet d'étude : Écriture poétique et quête du sens du XVIe s à nos jours

Groupement de textes: Deux parcours initiatiques («zone» et «la chanson du mal-aimé») dans Alcools de Guillaume Apollinaire

2ème texte («zone») v115 à 120 et 135 à 155

Introduction

- poète Guillaume Apollinaire (1880-1918, marqué par symbolisme) a participé à tous les mouvements d'avant garde de sa génération

- 1912 : «zone» (chronologiquement) dernier poème écrit par l'auteur avant publication d'Alcools (avril 1913) → en tête du recueil → importance du poète à ce texte novateur

- passage coupé évoquant tentation de la fuite et son inutilité (à travers description émigrants de gare saint-Lazare) - 27 vers libres constituent fin du poème, titre «zone» → caractère circulaire
- monologue intérieur (au fil d'une déambulation dans Paris) s'achève au matin suivant

- bilan désabusé v1-6 précède évocation d'une nuit de déchéance v7-17 et adieu sur lever de soleil sanglant v18-27

I) Le désarroi sentimental
1) La distance à l'égard de soi
- il est sensible dans le jeu des pronoms personnels (moi se dédoublant) → 2ème personne du sing:
     * évoquer de manière synthétique l'expérience vécue (passé composé) : «tu as» v1 et v3
    * désillusion (infinitif v2) → la locution prépositive donnant plutôt une valeur de présent : «avant de t'apercevoir»

• sentiment de culpabilité (en résultant) v5
  * 2ep utilisée pour se regarder agir comme de l'extérieur → succession de présents actuels en tête de vers («tu es» v7,9,10, «tu prends» v8, «tu bois» v20, «tu marches» v22)
  - 1ep du sing → ressaisissement du moi dans son unité pour souligner :
  * condamnation v4
  * souffrance (liée à soi) v5,15,14
  - passage du «tu» au «je» → valeur pathétique renforçant impression de désarroi (sensible dans effet d'enjambement renforcé par abs de ponctuation v5-6)
  2) «mal-aimé»
  - souffrance amoureuse énoncé explicitement v3
  - rime suivie v4explicite l'idée : l'amoureux n'a rien appris → même douleur à dix ans d'intervalle → 1904 : dernière tentative d'Apollinaire pour renouer avec Annie Playden échoue , 1912 : Marie Laurencin rompt avec lui
  - «zone» (présenté par le poète comme poème de «fin d'amour») s'inscrit comme 'le pont mirabeau' dans ce 2e echec → blessure s'exprimant au présent → rendue pathétique par complément de temps ('à tous moments), la présentation (graphique) et rythme les sanglots v5 long puis enjambembement sur v6 → énumération en asyndète (rythme haletant renforcée par abs ponctuation)
  - gradation ternaire → élargissement du ressentiment (évocation des prostituées, vb 'souffrir' réapparaissant à l'infinitif en polyptote (reprise vb conjugué différemment) → 'tu as souffert' v3 et v10,11
  - antithèse mise en valeur place de 'cependant' (conjonction d'opposition) graphiquement rejetée du v10 par versification et contre-rejet v11
  - rythme (abs ponctuation) repose sur accents et coupes (insistant v11)→met en valeur pronom 'toutes' (tête vers)
  - assonance en 'e' → unité de l'idée

- fausseté de l'amour incriminée
- thème apparaissant dans le bilan avec attelage v2 → mis sur le même plan, inéluctable

- thème implicite dans antithèse v10,11(mis en valeur par contradiction crée par enjambement) et réapparait v18,19 (v18 → comparant de 'la nuit' → bien d'addition par le vers suivant v19 → disjonction exprimant incertitude sur identité de celle qui s'éloigne)
- régulation du rythme (3|3|3|3) de l'alexandrin suggère équivalence  et éloignement → adj 'belle' v18 complètev11 → généralisation
- expression du ressentiment amoureux cède place dans évocation de la nuit v7-17 à celle de la compassion
3) La compassion
- pitié v5-6 s'ouvre aux autres (fraternité du malheur) avec mouvement concessif v10, juxtaposition de 2 indépendantes → simple constat v10
- sentiment se particularise v14 en gradation exprimée par épithète et emploi de 'je'
- baiser donné à une autre v15 (changement indiqué par adv 'maintenant' et déterminant indéfini 'une') → baiser aux lépreux → amour pour l'humanité souffrante (mal-aimant étant aussi mal-aimées)
- désarroi sentimental se double dans cette fin d'un désarroi intellectuel

II) Désarroi intellectuel
1) Un bilan amer
- évolution vers l'amertume sensible dans les 1er vers (antithèse v1 renforcé par rime intérieur) → laisse place à un bilan entièrement négatif, passage à 1ep v4 → lien avec présent (donne toute sa valeur au passé composé)
- caractère sans appel du bilan renforcé par rythme de l'alexandrin (avec légère dissymétrie (3|3||2|4) → conclusion logique des 3v précédents où expression malaise s'appuie sur déséquilibre) :

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