Aquaphobie

Aquaphobe

                Peut-être avez-vous déjà entendu parler d’aquaphobie ? Oui, il s’agit bien de cette peur de l’eau que l’on ne peut pas contrôler…Une peur maladive. Pour tout vous dire, je suis moi même aquaphobe et je ne supporte pas l’eau… pas simplement les grandes étendues d’eau, mais aussi les flaques ou la pluie. Une simple goutte suffit à m’angoisser et je n’arrive plus à me contrôler. La seule manière pour moi d’empêcher cette appréhension est d’éviter tout contact avec l’eau. Et, au moment où je vous parle, je me retrouve dans une position plus que problématique car il pleut. J’étais parti depuis peu, faire une petite promenade tout près de mon domicile- il faut dire que j’apprécie de faire des petites ballades, d’aller à l’aventure, de vagabonder dans mon quartier - . Mais, en ce mois de mars, les giboulées sont fréquentes et peuvent surprendre n’importe quel individu. J’aurais dû y penser ! Quelques gouttes se mettent à tomber les unes après les autres… « Ploc, ploc, ploc ! ». La pluie fine et pénétrante au départ devient rapidement une véritable averse et provoque chez moi un sentiment de panique. Vite, je me hâte pour rentrer mais je me retrouve à la porte de chez moi. Celle-ci est fermée et les membres de ma famille se sont absentés et ne sont pas là pour m’ouvrir.

                Moment de panique… Je cherche alors désespérément autour de moi un endroit où me réfugier. Les arbres ? Pas assez larges pour me protéger de cette pluie battante… La remise au fond du jardin ? Elle aussi fermée - comme toujours, d’ailleurs ! - Que faire ? Je ne vais quand même pas m’abriter dans la niche du chien !  Alors que des rafales de vent accompagnent maintenant la pluie, une idée saugrenue me vient à l’esprit… celle de me faufiler dans le vieux tacot garé dans l’allée. Le pare-brise avant est cassé et comme je ne suis pas grand et surtout très souple, je peux me glisser à l’intérieur assez facilement. Je suis prêt à tout pour me protéger de cette maudite pluie. Soulagé de ne plus être en contact avec l’eau, je regarde alors celle-ci ruisseler sur les vitres de la vieille voiture dans cet abri de fortune. Mon corps sursaute en voyant toute cette eau tomber du ciel.

              Quel temps de chien ! Les Britanniques diraient d’ailleurs : « it rains cats and dogs !». Bref, je frissonne car je suis trempé jusqu’aux os. Des gouttes perlent le long de mon échine et me glacent le sang. Je sens même mes poils se hérisser au contact de l’eau. Je déteste l’eau, je la hais, je l’EXECRE !!! Tapi au fond du fauteuil défoncé de l’automobile, je n’arrive pas à me réchauffer. De plus, j’ai toujours eu l’ouïe fine et mes oreilles ne supportent plus ces « plocs, plocs, plocs » des gouttes d’eau sur la carrosserie, juste au dessus de ma tête. Ah, quand est-ce que cela va cesser ? Je n’en peux plus ! Assez !

               Tous ceux qui me connaissent savent que l’eau me révulse… Depuis toujours ou presque... Quand j’étais un très jeune bambin- désolé, je ne pourrais pas vous dire exactement l’âge que j’avais-, je pouvais passer mon temps à observer l’eau du robinet couler et je restais, c’est vrai, assez captivé par ce spectacle. Je trouvais que ce filet qui ne s’arrêtait pas, était plutôt étrange et mystérieux. Mais un jour, alors qu’on voulait remplir la baignoire, on a laissé le robinet ouvert et cela a attiré mon attention. Défiant toute surveillance, je suis monté sur le meuble bas d’à côté, me suis penché au dessus du filet d’eau pour le contempler et satisfaire ainsi ma curiosité. Soudain, sans m’y attendre, j’ai vacillé, ai perdu l’équilibre et suis tombé dans la baignoire, même s’il n’y avait pas beaucoup d’eau au fond de la baignoire. Impossible pour moi d’en sortir car les parois étaient trop lisses. Je me suis débattu et après quelques instants qui m’ont semblé une éternité, j’ai réussi tant bien que mal à sortir de là, ai décampé puis suis resté prostré derrière le lit, rincé de la tête aux pieds. J’ai vraiment crû que j’allais y passer.

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