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L'auberge, Verlaine

Mémoire : L'auberge, Verlaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Décembre 2018  •  Mémoire  •  1 426 Mots (6 Pages)  •  4 803 Vues

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Hugo MIRALLES                                                                        2de 1

COMMENTAIRE LITTERAIRE

"L'AUBERGE" Verlaine

        Paul Verlaine est né en 1844 à Metz et mort en 1896 à Paris. Il a appartenu au mouvement littéraire du symbolisme. En 1866, il publie un recueil de poésie intitulé Poèmes Saturniens, où il rend les astres responsables de son hypersensibilité et de son instabilité mentale. En 1871, ce déséquilibre s'accentue : il quitte sa femme, Mathilde Mauté, pour vivre une relation passionnelle avec Arthur Rimbaud. En 1872-1873, à Bruxelles, il tente de tuer son compagnon, ce qui lui vaut une peine de prison. Là, il écrit des poèmes dont "L'Auberge" publié en 1881 dans le recueil Jadis et Naguère. Il s'agit d'un sonnet d'alexandrins. Pour quelles raisons peut-on dire que, dans ce texte, l'écriture sert à Verlaine d'échappatoire, d'évasion, loin du réel ? Pour répondre à cette question, il conviendra tout d'abord d'analyser le tableau d'une auberge rurale, puis l'atmosphère heureuse. Enfin, il s'agira de montrer que l'auberge est une image symbolique d'un bonheur perdu pour Verlaine.

        Tout d'abord, l'auteur nous dresse un tableau pittoresque d'une auberge de campagne. En premier lieu, il nous présente le cadre de cet endroit. Verlaine apporte des précisions sur son aspect extérieur. L'auberge est d'une grande simplicité architecturale comme nous l'indiquent les mots "murs"(v.1), "toit"(v.1) et "fenêtre"(v.14), laissant entendre que cet endroit est d'une sobriété sans égale. Elle se situe dans un environnement sec et aride. L'expression "grand chemin poudreux"(v.2) insiste sur l'anhydrie du milieu. L'enjambement "au bord-Du grand chemin" aux vers 1 et 2 souligne la longueur interminable du trajet permettant d'y accéder. L'emploi de l'antithèse "Auberge fraiche" avec "le pied brûle" aux vers 1 et 2 met l'accent sur le confort de l'auberge après ce long et pénible périple. Le poète complète ce panorama extérieur en évoquant les contrastes des différentes couleurs notamment le "rouge"(v.1), le "blanc"(v.1) et le "vert" suggéré par le terme "campagne" (v14). Verlaine dépeint également le décor intérieur en présentant la salle de restaurant comme "La salle au noir" (v. 9) dont les murs sont ornés d'images choisies par le gérant pour Maleck Adel et par l'hôtesse pour les Rois Mages comme le laissent entendre les termes "L'hôte est un vieux soldat"(v6) et "l'hôtesse [...] parle d'amour, de joie et d'aise" (v 7). Le rejet au vers 10 met en évidence les couleurs criardes de ces reproductions. Le groupe de mots "aux images-Violentes" souligne la brutalité se dégageant du tableau du général turc. Les deux peintures sont présentées ici comme complétement différentes l'une de l'autre au moyen de l'antithèse entre l'image "Violente"(v10) du héros de guerre d'un roman historique et l'image pacifiste des "Rois-Mages"(v10). Des objets simples et familiers sont également mis en avant dans cette description du cadre intérieur comme "l'horloge" (v13), la "marmite" (v12) et une cheminée comme nous le laisse imaginer le "noir plafond" (v9) obsurci par la fumée se dégageant de l'âtre.

        En second lieu, Verlaine apporte un éclairage sur les personnages et leurs occupations. Les protagonistes mènent une activité intense consacrée à la vie sous toutes ses formes. L'accumulation des verbes d'actions "peigne" (v6),"lave" (v7) et "parle"(v8) souligne les multiples tâches de la gérante. Cette dernière s'occupe de ses nombreux enfants, comme l'indiquent les termes "Et lave dix marmot" (v. 7), mais aussi "Parle d'amour" (v. 8). L'auteur utilise l'hyperbole "pleins de teigne" au vers 7 pour insister sur l'état sanitaire des petits.  Le champs lexical des aliments aux vers 4 et 11 "pain" "vin" et "soupe aux choux" évoque les repas et le travail lié à leur préparation. L'activité est soutenue mais néanmoins pacifique avec un accueil présenté comme convivial par les termes "hôte" et " hôtesse" (v6).

        Ensuite, l'auteur dépeint une atmosphère heureuse, pleine d'insouciance et de facilité. Les activités de détente décrites par les verbes d'actions au vers 5 "fume","chante","dort" appuient l'idée de répit, de trêve. L'effet de refrain est amené par l'anaphore "Ici l'on" (v5), termes qui reviennent trois fois, et avec la place centrale du verbe chanter dans le vers. Les personnages sont présentés comme positifs et optimistes, plus particulièrement la gérante, le champs lexical du bonheur étant évoqué avec les mots "d'amour, de joie et d'aise" (v. 8). De plus, les maladies présentes restent bénignes, la teigne mentionnée au vers 7 n'étant pas une infection grave. Une convivialité chaleureuse emplit également l'auberge. Les repas sont pris en commun et composés de mets simples tels le "vin" (v4), le "pain"(v4) et la "soupe aux choux" (v11). Une idée de communauté harmonieuse se dégage, au sein de laquelle n'existe ni inégalité ni discrimination comme le montre l'emploi du pronom personnel indéfini "on"(v5) qui inclue toutes les personnes venant à l'auberge sans exception. Les convives se consacrent aux mêmes activités simples de détente, à savoir chacun "fume", "chante" et "dort" (v. 5).

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