Différence entre le ressenti des français et les mesures statistiques du pouvoir d'achat

Le niveau de stagnation du pouvoir d’achat que connait la France depuis la crise des surprimes n’avait pas été observé depuis les années 1980. Ce n’est que très récemment qu’il a retrouvé son niveau de 2007. Dans un contexte économique mitigé il apparait que les français le sont d’autant plus et sous estiment davantage la situation économique actuelle et leur pouvoir d’achat tout en surestimant le niveau d’inégalités. En effet il a été possible d’observer ce hiatus entre mesure objective de l’économie et perception des ménages français dans l’actualité récente notamment à travers la crise des gilets jaunes. De plus les enquêtes conjoncturelles auprès des ménages menées par l’INSEE traduisent également un décalage entre le ressenti des individus et la réalité de la situation économique retranscrite à travers les statistiques de mesure. Cette rupture entre la perception du niveau de vie, c’est-à-dire le revenu disponible brut (RDB) d’un ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC), et les données statistiques objectives recolletées par les organismes d’étude statistique tels que l’INSEE, et des inégalités qui désignent les traitements différents qui peuvent avantager une classe sociale, un groupe ou un individu par rapport à d'autres et qui établissent des hiérarchies sociales se font alors même que sur bien des aspects les inégalités ont globalement diminué depuis les 30 dernières années grâce notamment au systèmes de redistribution français. De surcroît au regard des données statistiques le pouvoir d’achat ne semble pas réellement croitre ces dernières années pourtant l’avis de la population française est divisé à ce sujet puisque 50% estiment que la situation s’améliore et l’autre moitié pense qu’elle se dégrade.

Comment-peut ont expliquer une si grande différence entre le ressenti des ménages et les données statistiques de l’économie sur le niveau de vie et les inégalités en France ?

La différence de perception des ménages de leur niveau de vie par rapport au niveau de vie réel mesuré objectivement peut s’expliquer par des causes inhérentes à la psychologie des individus mais également qui relèvent du domaine macroéconomique et du choix des indicateurs de mesure. Il est également possible d’apprécier ce hiatus par le biais des inégalités sociales qui sont à la fois un facteur de réponse au hiatus relatif au pouvoir d’achat mais qui sont aussi elles-mêmes sujettes à une forme de hiatus similaire.

I. Les explications des écarts de perceptions inhérentes à la psychologie des individus et au choix des indicateurs de mesure

A. Des explications relatives à des biais de perception

Les individus perçoivent différemment l’évolution de leur pouvoir d’achat en raison de leur la singularité de leurs situations qui peuvent varier fortement d’une catégorie socio-professionnelle (CSP), d’un pays à un autre ou même d’une région à une autre. En effet on constate des chocs externes comme l’explique la professeure d’économie universitaire Florence Jany-Catrice dans cette conférence. Elle distingue notamment deux chocs externes le premier est le passage à l’euro qui a induit une perte de confiance dans la monnaie. En conséquence, l’évolution réelle de l’inflation comparée à celle perçue par les ménages pendant 15 ans a baissé. Tandis que pour la plupart des pays de la zone euro l’écart n’a pas duré aussi longtemps. Le second est la crise récente des gilets jaunes qui est également source d’une hausse du pessimiste du ressenti des français. De surcroît ce hiatus peut également s’expliquer par des raisons psychologiques comme l’affirment Tversky et Kahneman qui démontrent que les ménages ont une aversion à la perte de leurs gains plus forte que la baisse des prix. A cet élément s’ajoute également un phénomène de biais de perception, les ménages affectent un poids de perception plus élevé aux biens achetés fréquemment, alors que ces biens ont un poids dans le budget des ménages plus faibles que leur poids dans l’inflation. Il est aussi possible de justifier ce hiatus par ne différence de perception temporelle. Il y a dans les faits une augmentation de la progressivité de fiscalité en France sur les 15 dernières années Cependant les problèmes qui persistent sur la progressivité de l’impôt pour le décile le plus riche font que cette amélioration de la redistributive du système fiscal n’est pas réellement perçue par les français.

B. L’importance du choix des indicateurs utilisés pour déterminer l’évolution du pouvoir d’achat

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