Corpus sur l'ogre: Bac De Fraçais
Commentaires Composés : Corpus sur l'ogre: Bac De Fraçais. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar amelie999 • 1 Avril 2015 • 1 395 Mots (6 Pages) • 1 307 Vues
Les contes et les légendes du folklore français ont souvent mis en scène des figures terrifiantes comme celles du loup et de l'ogre afin de prévenir le lecteur de certains dangers de l'existence. Le corpus soumis à notre étude, qui se caractérise par sa forte amplitude diachronique puisque les textes ont été écrits entre 1697 et 1978, s'inscrit dans cette tradition séculaire. Chacun de ces textes évoque en effet un ogre à des fins moralisatrices ou didactiques puisqu'il s'agit d'apologue en vers ou en prose. Les deux premiers signés du même conteur, Charles Perrault, furent publiés en 1697. L'ogre du "Petit Poucet", caractérisé par sa voracité et son inhumanité, répond parfaitement aux attendus de ce personnage. En revanche, c'est une version féminine, et peut-être plus politique, qu'il en propose à travers le personnage de la reine mère dans "la Belle au bois dormant". Les deux textes suivants humanisent davantage la figure. Victor Hugo, dans sa fable "Bon conseil aux amants", extraite du recueil Toute la lyre édité à titre posthume en 1888, le présente en effet comme un amoureux transi. Michel Tournier, lui, revisite le motif dans "La fugue du petit Poucet" tiré du recueil Le coq de bruyère paru en 1978, en mettant en scène un être doux et sensible.
Ces différents textes se présentent donc comme autant de réécritures du motif et il convient donc de se demander comment varie l'image de l'ogre d'un texte à l'autre.
Par définition, l'ogre est avant tout un carnivore, voire un cannibale, puisqu'il se révèle capable de se nourrir de son prochain. Les trois premiers textes répondent parfaitement à cette définition puisque les ogres de Perrault se délectent de "chair fraîche" tandis que celui d'Hugo avale le fils de sa dulcinée. Force est cependant de constater que les ogres de Perrault se distinguent par une plus grande agressivité. Dans le texte A, l'ogre suscite d'ailleurs la peur ainsi qu'en témoigne l'expression "saisis de peur". A son arrivée les enfants se cachent, tout comme on cache les enfants de la Belle dans le texte B. La majuscule accordée au terme dans le texte A semble d'ailleurs le rendre plus redoutable. Ces deux monstres se montrent en outre mal aimables et fort autoritaires ainsi que la traduisent les nombreuses injonctives qui émaillent les dialogues chargés de donner vie à leur cruauté. L'épouse et le maître d'hôtel paraissent au service de leur dictature. L'ogre du texte A ne respecte pas sa femme qu'il insulte, "maudite femme!" ou qu'il compare à une "vieille bête". Il la menace même de la dévorer tout comme la reine mère aspire à se régaler de toute sa famille. L'ogre est un être sanguinaire, insatiable, entièrement gouverné par sa voracité et son flair, qui le rapproche de l'animal. dans le texte A, l'anaphore du verbe "sentir" et du GN "chair fraîche", que l'on retrouve aussi dans le B, assortie de l'évocation du "Mouton sanglant", exhibe sa bestialité. L'accumulation "un Veau, deux Moutons et la moitié d'un cochon" témoigne aussi de sa voracité. Les hyperboles comme "grand Couteau" ou "les dévorait des yeux" traduisent également combien son être se résume entièrement dans cet acte de dévoration. Il convient enfin de noter que, tout comme l'ogresse, il a pour attribut un "grand Couteau", symbole de son inhumanité et du danger qu'il représente. La transposition offerte dans le texte B permet toutefois une délégation de pouvoir puisque cette arme est confiée au serviteur. Cette cruauté sans nom est en outre signifiée par le contraste chaque fois ménagé avec la situation des petites proies. Dans le texte A, Perrault recourt au registre pathétique pour évoquer les enfants et mieux alerter le lecteur, tandis qu'il insiste davantage sur la joie de vivre, l'insouciance et l'innocence des petits dans le texte B.
Mais malgré ces nombreuses similitudes, la transposition du motif dans "La Belle au bois dormant" s'accompagne de quelques divergences signifiantes. L'ogresse se trouve aussi être la reine mère assurant la régence en l'absence du prince. L'image de l'ogre se trouve donc associée à l'exercice du pouvoir ce qui modifie la signification du personnage. Si elle est présentée comme tout aussi cruelle que son acolyte ainsi qu'en témoigne l'expression "assouvir son horrible envie", elle ne répond pas à de simples
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