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Réflexion sur M.-Chr. HELLMANN, L’Architecture grecque, 1998

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Par   •  9 Décembre 2023  •  Fiche de lecture  •  3 060 Mots (13 Pages)  •  138 Vues

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M.-Chr. HELLMANN, L’Architecture grecque, 1998.

Sur le livre de poche publié en 2017, choix du chapitre : « l’époque archaïque (700-480) » p.69-112

L’auteur décline ce chapitre en trois grandes parties. Une première portant sur la Grèce continentale, une seconde sur l’Asie Mineure, une dernière sur le monde colonial d’Occident.

Dans une introduction elle précise que son étude se porte sur les VIIIe et VIIe siècles, qui correspondent à la naissance des cité-Etats autonomes appelées polis.

Elle décrit le principe de processus de formation différents, ce pourquoi elle développe son raisonnement en parties qui délimitent des logiques géographiques, au sein même de la logique chronologique de l’ouvrage. En effet, ce chapitre s’inscrit dans un développement chronologique opéré par Marie-Christine Hellmann, qui se retrouve enclavé entre les périodes précédentes (notamment l’époque géométrique) et l’époque classique qui le suit directement.

La logique chronologique définit donc cet ouvrage, dont les chapitres sont régis par une logique géographique. Comme elle l’explique, il s’agit de processus d’évolution plus ou moins répartissables selon des époques, mais qui diffèrent selon les régions. On se retrouve donc ici dans le contexte de l’époque archaïque, pour détailler tour à tour chacune des grandes régions découpées comme précisé plus haut par M.-C. Hellmann.

Au sein de cette première partie sur la Grèce continentale, elle développe deux sous-parties, dont la première est l’architecture religieuse.

Le temple est le bâtiment utilisé pour symboliser la grandeur de la polis, en lien avec la disparition du système monarchique, qui plaçait le roi dans les affaires religieuses.

Dans cet ouvrage portant sur l’architecture grecque, à la lumière de son titre, le traitement de ces bâtiments est essentiel. L’auteur rappelle qu’à cette époque, certaines pratiques sont d’usage et maîtrisées, comme la taille de la pierre en blocs réguliers, tout comme la fabrication de tuiles standardisées et produites en nombre. Le péristyle extérieur vient mettre en valeur le temple, comme c’était le cas autrefois dans la maison du chef. Ces comparaisons chronologiques sont nombreuses dans le développement de Marie-Christine Hellmann, permettant de mettre en lumière l’évolution des usages architecturaux, en fonction des époques et des lieux.

Elle traite des datations nouvelles pour certains sanctuaires comme celui d’Héra à Argos, en montrant qu’une analyse des données stratigraphiques et des données architecturales du travail des pierres et de la technique des terres cuites est profondément bénéfique à l’établissement d’une datation plus juste. Ainsi, des données nouvellement traitées peuvent amener à contester certaines sources antiques comme les écrits de Vitruve. M.-C. Hellmann soulève le fait que souvent, des faits ont été oubliés, et leur redécouverte peut conduire à des réinterprétations qui changent la donne. Elle prend pour exemple le fait qu’un naos n’est pas indispensable au culte, contrairement à l’autel et l’espace pour le banquet au sein d’un sanctuaire délimité. En rappelant ces faits, elle pose les bases de sa réflexion sur l’interprétation qui doit être faite des édifices de ce type. Elle rappelle aussi que le temple est en tous points le principal monument de la cité, et cela passe évidemment par son architecture monumentale et ses matériaux de construction nobles. L’auteur mentionne le point très important qui est que l’aspect extérieur est bien plus important que l’aspect intérieur de cet édifice religieux. Il vient représenter la cité, souvent en la surplombant.

Corinthe joue un rôle prédominant dans le commerce et l’industrie, et a très tôt le moyen de construire de grands temples. Sur ce point, l’auteur précise que les archéologues ont pu confirmer les témoignages des auteurs antiques Pindare et Pline l’Ancien, qui donnent la Corinthie pour plus ancienne créatrice d’architecture monumentale, qualifiée aujourd’hui de protodorique. Fut notamment inventé, pour l’oikos du premier temple d’Apollon à Corinthe en 675-650, la couverture protocorinthienne non décorée : une toiture lourde nécessitant de robustes murs de pierres de taille pour la soutenir.

A la lumière d’une analyse d’éléments de divers temples archaïques, l’auteur démontre que les ordres architecturaux résultent d’une création éclectique, et que l’évolution de l’entablement des temples s’est faite de manière non-linéaire et certainement non-uniforme.

L’auteur, à chaque fois qu’elle défend une idée, propose un exemple sur lequel appuyer son argumentation, qui vient tout de suite clarifier son propos et lui donner un contexte symbolique fort. Le passage au monumental n’a pas eu lieu partout au même moment ni de la même façon. L’idée défendue est que des sanctuaires panhelléniques tels que ceux de Delphes et d’Isthmia ont probablement joué un rôle prépondérant dans la diffusion des canons architecturaux qui vont prédominer, alors que dans d’autres régions ce sont des temple-oikos qui ont donné le ton aux temples périptères qui leur ont succédé. Dans le même temps, la Crète reste isolée de ces tendance principales. Ces exemples permettent de bien prendre la mesure du processus architectural décrit par M.-C. Hellmann.

Après ces premières architectures monumentales, de nombreuses autres constructions se succèdent rapidement. Certains temples se détachent des autres, comme le temple d’Artémis à Corfou. L’auteur le décrit en appuyant la grandeur de l’édifice, tant par la taille que par l’importance accordée au décor. En se rappelant l’importance de l’aspect extérieur du temple évoquée plus tôt par l’auteur, on comprend aisément l’importance de la gorgone entourée de félins qui trônait sur le tympan ouest du temple, d’autant qu’il s’agit du plus ancien fronton sculpté que l’on connait.

Par la datation céramique qui situe ce fronton au VIe siècle, M.-C. Hellmann poursuit le fil directeur de son ouvrage, comme après chacun de ses exemples. En effet, dans cet ouvrage marqué d’une volonté de traçage chronologique de l’évolution de l’architecture grecque, tout exemple privé de datation n’aurait que très peu d’intérêt. Ce chapitre sur la Grèce à l’époque archaïque ne manque pas à la règle, et l’auteur ne se contente pas de faire des distinctions selon l’époque, mais se contraint à dégager des tendances chrono-géographiques au sein même de chacune des périodes abordées. Ainsi, son ouvrage se veut extrêmement précis dans chacune des parcelles de cette évolution architecturale, alors même qu’il retrace les périodes allant du IIe millénaire avant notre ère au début de la période romaine. On peut toutefois imaginer qu’une restriction de cet ouvrage à une seule de ces époques aurait permis de traiter plus en détail les évolutions architecturales en recensant de façon plus exhaustive les temples appuyant la pensée de l’auteur.

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