L'art de l'animation

concentre sur les émotions des personnages, l'ambiance de cette orgie n'est pas vraiment à la fête. On est en réalité au petit matin dans une villa romaine où il n'y a plus rien à manger. Le lit de banquet disparaît sous une masse de corps épuisés, affalés. Ce groupe de débauchés est loin d'être au centre des réjouissances. Ils semblent plutôt désabusés. Et si certains dansent et boivent encore, d'autres sont abrutis par l'alcool et arborent des visages tristes et ennuyés. Si l'on regarde de plus près, trois personnages ne participent pas à l'orgie. Il y a le jeune homme mélancolique à gauche et surtout à droite, deux visiteurs plus âgés à l'air songeur et réprobateur. Les ivrognes, dans un groupe aux lignes courbes, diagonales et affaissées, sont également entourés de statues des héros de leur passé, les seules encore en droite, qui paraissent condamner le spectacle auquel ils assistent.

Car faisons ici une courte parenthèse. Aujourd'hui, du XIXᵉ siècle, on connaît surtout les artistes novateurs qui ont dépassé les normes de leur temps. Mais en réalité, ces artistes créent alors le scandale et ont parfois du succès. Le public apprécie surtout la peinture académique. Elle est enseignée à l'École des Beaux Arts à Paris et repose sur l'idéalisation des corps et la précision du

dessin. On la connaît d'ailleurs très bien aujourd'hui, cette peinture académique. Elle nous dit forcément quelque chose. Elle est dans tous nos bâtiments publics et dans nos livres d'histoire.

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Et même si elle est peu inventive, elle reste très admirée jusqu'à la fin du XIXᵉ siècle, avant d'être oubliée au profit de courants plus novateurs comme l'impressionnisme. Clairement, si Romain de la Décadence, c'est de la peinture académique. Tout l'art de couture repose sur le dessin, sur la clarté du sujet, comme l'enseignent les beaux arts. Il réalise même ici le type de tableau le plus valorisé chez les académiques, de la peinture d'histoire. Il faut savoir qu'il y a une vraie hiérarchie dans la peinture académique. Aux petits peintres pas très doués, on laisse les choses inanimées, les plus faciles à représenter, comme les fleurs, c'est la nature morte. La scène de genre qui s'intéresse à la vie quotidienne et le portrait, ça se complexifie déjà. Il faut peindre de vraies personnes. Et puis, le mieux, c'est la peinture d'histoire qui représente des scènes de la Bible, de la mythologie ou de l'histoire. Pourquoi ? Parce qu'il faut être un artiste doué pour ne pas se planter. Il faut savoir tout faire, des fleurs, des drapés, de l'architecture, des personnages, parfois tout nu. Savoir composer tous ces éléments ensemble. Et pour choisir son sujet, il faut connaître les auteurs antiques, l'histoire.

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Bref, il faut être cultivé. Imaginez vous raconter une histoire en 2D à l'aide de quelques gestes, quelques émotions sur les visages des personnages. Vous êtes l'artiste complet, le top du top. Couture montre sa virtuosité et son érudition. Il n'hésite pas à citer les artistes passés. Et puis surtout, il utilise le grand format qui est

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